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Les enjeux Olympiques

Publié le 25 octobre 2009 par Athletiz

Les Jeux Olympiques sont devenus le plus grand événement sportif de notre époque. Des athlètes du monde entier y participent. Leurs exploits sont suivis, de près ou de loin, par des centaines de millions de spectateurs.
Les cinq anneaux représentés sur le drapeau olympique symbolisent cette rencontre des cinq continents.
Les jeux Olympiques regroupent les Jeux de l’Olympiade (Jeux d’été) et les Jeux d’hiver. Le mot Olympiade désigne la période de quatre ans qui sépare chaque édition des Jeux d’été. Si au début les Jeux d’été et d’hiver avaient lieu la même année, depuis 1992 un intervalle de deux ans les sépare. Mais ils continuent d’être organisés respectivement tous les quatre ans. Aux Jeux d’été, les athlètes pratiquent une grande variété de compétition sur piste, sur route, sur gazon, dans l’eau, sur l’eau, …
Aux Jeux d’hiver, les épreuves se font sur la neige et sur la glace.

Les enjeux Olympiques

Originellement tenus en Grèce antique, ils ont été mis au goût de l’époque et réintroduits par le baron Pierre de Coubertin à la fin du XIXème siècle. Dans ce but il fonde à Paris en 1894 le Comité International Olympique (CIO), comité qui en 1896 organise à Athènes les premiers JO de l’ère moderne. Pierre de Coubertin envisageait le sport d’un point de vue pédagogique : il y voyait un moyen de socialisation et de moralisation.
Les Jeux Olympiques (JO) s’inscrivent dans un cadre plus large qui est celui du mouvement olympique. Ce mouvement a pour mission de lier le sport à la culture et à l’éducation, d’encourager la pratique du sport et de contribuer à bâtir un monde meilleur par le biais du sport pratiqué dans un esprit de fair-play et d’amitié.
Mais l’ampleur financière liée à l’organisation des JO soulève le problème du poids croissant des enjeux économiques et politiques par rapport au sport lui-même.
Cet aspect est particulièrement visible dans la lutte entre les grandes métropoles pour obtenir l’organisation des Jeux. La candidature de Paris au JO de 2012 a engendré un vent d’unité national. Cet élan patriotique est bien sur conditionné par la fierté que peut représenter l’organisation d’un événement d’une telle ampleur mais on peut y voir aussi l’expression d’ambitions économiques particulières, notamment en termes d’emplois et d’infrastructures.

Les Jeux Olympiques ne devraient-ils pas être rebaptisés
« Enjeux Olympiques » ?

Les enjeux Olympiques

I – Le Fonctionnement et l’évolution des jeux

A - Le déroulement des Jeux

L’organisation des JO est confiée au CIO (composé de 202 comités nationaux olympiques) qui détermine, généralement 6 ans à l’avance, la ville-hôte des Jeux à l’issue d’une sélection impliquant une demi-douzaine de candidature.
Une cérémonie grandiose ouvre traditionnellement les Jeux. Les sportifs défilent dans le stade derrière l’équipe grecque, en mémoire de l’origine des Jeux. L’équipe du pays organisateur, elle, entre la dernière. L’hymne olympique est ensuite interprété et le drapeau olympique est hissé.
Chaque cérémonie d’ouverture et de clôture invitent à découvrir la culture du pays dans lequel se déroulent les Jeux.

Depuis les Jeux de Berlin en 1936, une flamme est allumée par les rayons du soleil sur le site d’Olympie, en Grèce, et est portée jusqu’au stade par des coureurs qui se relaient.
Le dernier porteur de la torche est souvent un ancien athlète ayant participé aux Jeux.
Un participant récite alors le serment olympique : « Au nom de tous les concurrents, je promets que nous prendrons par à ces Jeux Olympiques en respectant et en suivant les règles qui les régissent, dans un esprit de sportivité, pour la gloire du sport et l’honneur de nos équipes »
Avant de céder la place au déroulement des épreuves, qui durent deux semaines, la cérémonie se termine par un lâcher de colombes symbolisant l’esprit pacifique des Jeux.

Au cours des Jeux, des cérémonies de remises de médailles sont organisées pour célébrer les vainqueurs de chaque épreuves. Les concurrents qui se classent aux trois premières places montent sur le podium et reçoivent chacun une médaille. Pour le troisième, elle est en bronze, pour le second, en argent et pour le vainqueur, en or.

B – Le sport, l’art et la culture

En Grèce antique, l’art et le sport se conjuguaient parfaitement bien. L’idéal était d’atteindre l’harmonie en travaillant à la fois son corps et son esprit.
Dans le cadre des JO modernes, Pierre de Coubertin reprend cet idéal et propose d’associer l’art et la culture au programme des Jeux.
Sur son initiative des concours d’architecture, de sculptures, de peinture, de littérature et de musique, sont introduits aux Jeux de 1912 à 1948.
De nos jours, ces concours sont remplacés par des festivals d’art complètement indépendants des compétitions sportives. Des pièces de théâtre, des concerts, des ballets et des expositions ont lieu à l’intérieur du village olympique, où logent les athlètes, et dans la ville organisatrice.
Que se soit à travers, le sport, l’art ou la culture, chacun peut donc participer à sa manière à la grande fête des Jeux.

C- Les évolutions techniques dont les Jeux bénéficient

Les Jeux bénéficient de l’évolution des moyens de transport. En effet, le lieu où se déroulent les Jeux implique le déplacement des athlètes et des voyages plus ou moins longs. Aux Etats-Unis, au JO de Saint-Louis en 1904 et à ceux de Los Angeles en 1932, le nombre de participant est faible car les moyens de transport de l’époque ne permettent pas à tous les athlètes d’atteindre une destination aussi lointaine.
La majorité des villes hôtes sont européennes jusqu’à la deuxième Guerre mondiale et les athlètes qui y participent sont essentiellement occidentaux.
En 1956, les Jeux ont lieu sur le continent australien. Pour la première fois, la plupart des 3178 concurrents voyagent en avion jusqu’à Melbourne. Cette innovation, rendue possible grâce à la généralisation du transport aérien, devient par la suite essentielle à l’organisation des Jeux. En 1964, c’est au tour du continent asiatique d’accueillir les Jeux avec la ville de Tokyo au Japon.
Jusqu’à présent, les JO ont été organisés sur tous les continents, à l’exception de l’Afrique.

Les enjeux Olympiques

Image Olympic: http://www.olympic.org/Global/Images/The%20IOC/Partners/Broadcasting_01.jpg

La télévision a également énormément contribué à l’essor des JO. Déjà au Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo (Italie) en 1956, les compétitions sont retransmises en direct à une petite échelle. C’est à partir des JO de Rome en Italie encore, en 1960, que la plus grande partie des pays européens bénéficient de la retransmission en direct des compétitions. Pour les USA, le Canada et le Japon, une cassette est envoyée quotidiennement par avion et permet une diffusion avec quelques heures de décalage seulement. Le public des JO s’agrandit donc bien au-delà des spectateurs présents dans le stade.
Aujourd’hui, les satellites diffusent des images avec seulement quelques secondes de décalage. Grâce au développement technologique, la qualité des images s’améliore et le téléspectateur, de chez lui, est plongé au plus près dans la compétition. Le ralenti permet, par exemple, de suivre en détail le geste d’un athlète. Autre exemple, des caméras placées sous l’eau introduisent l’eau du spectateur dans les piscines pour suivrent l’évolution des nageurs.

Les chaînes de télévisions achètent des droits de diffusion des Jeux, qui constituent environ la moitié des revenus du Mouvement Olympique. La politique du CIO consiste aussi a proposé une diffusion gratuite pour les pays moins développés. De cette façon, la majorité des téléspectateurs à la possibilité de regarder les Jeux.
C’est ainsi que les Jeux Olympiques sont devenus l’un des événements les plus suivis dans le monde.

D – L’évolution du financement des Jeux

L’envolée du nombre de personnes suivant les JO entraîne par la même une envolée des droits de retransmission. Les 101 millions de dollars à Moscou en 1990 ont été remplacé par les 1,7 milliards pour Pékin 2008.
Les droits télévisés représentent environ 50% du revenu olympique. La télévision a été le moteur de la croissance du Mouvement olympique. L’augmentation des revenus de la radio-télévision au cours des vingt dernières années a procuré au Mouvement olympique et au monde sportif une base financière unique.

Mais une autre part du financement provient du marketing. A leur création les JO n’attiraient pas vraiment les sponsors, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Les opérations marketing ont rapporté a Athènes en 2004 près de 570 millions d’euros.
Avant les années 80, ce sont les villes organisatrices qui assuraient le financement des Jeux, mais la plupart des Olympiades se soldaient par un déficit. De ce fait, les villes ne se proposaient presque plus pour l’organisation des Jeux. En 1984, Los Angeles était la seule ville candidate : du jamais vu dans l’histoire des Jeux. Ce sont d’ailleurs ces Jeux qui ont été pour la première fois financés grâce aux revenus du marketing et aux droits TV.
Le programme de marketing olympique est devenu le moteur de la promotion, de la sécurité financière et de la stabilité du Mouvement olympique. Les Jeux fournissent une plate-forme marketing fondée sur des idéaux et des valeurs. Ils génèrent des occasions uniques pour les ventes d’une entreprise. Le parrainage représente plus de 40% des revenus du marketing olympique. Le parrainage olympique consiste en une relation entre le Mouvement olympique et des entreprises offrant leur soutien au Mouvement olympique et aux Jeux Olympiques en échange de bénéfices revenant au sponsor. Chaque niveau de parrainage donne aux entreprises l’accès à différents droits marketing dans diverses régions et catégories et en matière d’exclusivité et d’utilisation des images et marques olympiques désignées.

Cela a permis au Comité International Olympique (CIO) de contribuer considérablement au développement du sport partout dans le monde. Le CIO a offert un soutien direct aux comités d’organisation des Jeux Olympiques, à l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et aux Fédérations Internationales (FI).

“Sans le soutien de la communauté des affaires, de sa technologie, de son expertise, de ses employés, de ses services, de ses produits, de ses télécommunications et de son financement, les Jeux Olympiques ne pourraient pas exister.” Dr Jacques Rogge, Président du CIO

Tyson Gay et Allyson Felix lors des JO 2008 de Pékin.

Adidas sponsor de Tyson Gay et Allyson Felix lors des JO 2008 de Pékin. http://images.beijing2008.cn/20080204/Img214246827.jpg

II – Des enjeux économiques

A – La compétition acharnée des villes olympiques : L’exemple de la candidature de Paris

Le lieu des JO est capital car il permet de valoriser un pays, une région ou une ville, qui pendant deux à trois semaines, devient le centre médiatique de la planète. Le choix de la ville organisatrice est donc un moment très important dans la préparation de chaque olympiade puisqu’il revêt, par delà l’aspect purement sportif, des dimensions économiques non négligeables. Afin d’obtenir l’investiture par les instances olympiques, les villes et les nations s’affrontent donc dans des projets qui dépassent largement le fait sportif lui-même. Voyons cela avec l’exemple de la candidature de Paris au JO de 2012.

Au début de ce nouveau millénaire, la France tout entière concentrait ses forces afin de briguer l’organisation des JO de 2012. Au bout de ce rêve se profile le contrat du siècle.
En effet les JO aurait permis à Paris d’attirer les regards du monde entier (selon une estimation, 4 milliards de téléspectateurs suivront l’événement de 2012) et de montrer au monde entier son savoir-faire opérationnel (infrastructure, sécurité, transports, …). Il s’agissait donc d’une opportunité unique sur le plan du dynamisme économique. Entre 2005 et 2012, il aurait pu y avoir 6 milliards d’euros d’investissement et entre 2012 et 2019 : 42000 nouveaux emplois durables créés et 35 milliards d’euros de richesses économiques cumulées. On voit donc que l’organisation des Jeux était belle et bien, pour la France, un enjeu économique de taille.

Pour doter son projet d’un maximum d’atouts, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a envisagé très tôt de faire appel aux grandes entreprises privées françaises. Sur demande de B. Delanoë, Arnaud Lagardère, PDG du groupe Lagardère, proposa la création d’une structure ayant pour but de mobiliser les patrons français. Le nom de cette structure est le GIP (Groupement d’Intérêt Public) et elle se présente sous forme d’un « Club des entreprises ».
Ce Club fonctionnait de manière très précise : Les entreprises avaient pour mission d’aider financièrement et techniquement la candidature, de mobiliser le tissu économique français et de renforcer la communication. En contrepartie, ces entreprises auraient bénéficié d’un certain nombre de droit, dont l’utilisation du logo « Paris 2012 », ce qui constituent évidemment un plus dans la promotion d’un produit et dans l’image de la marque. Le Club était composé de 14 grandes entreprises (Accenture, Accor, Airbus, Bouygues, Carrefour, Crédit Agricole, EDF, France Télécom, Lafarge, Lagardère, RATP, Renault, Suez et VediorBis) et d’une multitude de PME.
Après un an d’existence le montant de la collecte du Club était de 21 millions d’euros.

Malgré cette détermination et cette forte mobilisation, c’est Londres qui aura l’honneur d’organiser les Jeux Olympique de 2012.

B – Les mutations urbaines dans les villes olympiques

Dans le cadre de l’organisation de ce genre d’événements, de nombreux efforts financiers doivent donc être consentis par la ville organisatrice. Une large part du budget doit ainsi être attribuée à tout ce qui concerne les équipements urbains et sportifs de la ville. Bien souvent, l’organisation des Jeux est un prétexte pour amorcer ou parfois accélérer des mutations urbaines, ce qui entraîne la mise en route de travaux souvent pharaoniques.

Les JO vont être l’occasion d’une vaste modernisation de la ville, comme cela fut le cas à Barcelone pour les JO de 1992. En effet, il s’éleva, par exemple à Barcelone, un anneau périphérique reliant les installations olympiques entre elles. Aussi, on assista à une rénovation du réseau ferroviaire et à une transformation de l’aéroport.
Les infrastructures sportives se développent elles aussi et sont à la fin des JO mises à disposition de tous. Le projet Paris 2012 prévoyait, par exemple, de transformer la piscine olympique et le Super Dôme, édifiés pour l’occasion, en installations grand public (salle de spectacle, à la manière d’un Bercy).

C’est cependant l’exemple d’Athènes, pour les JO de 2004, qui est le plus impressionnant (hormis le projet de Pékin 2008). En effet, l’organisation des JO par la ville grecque, pour des raisons symboliques, a suscité de nombreuses interrogations sur la capacité de la ville à se doter d’un réseau de transport digne de ce nom. Athènes partait véritablement de « zéro» puisque ces réseaux étaient vétustes et peu efficaces. Voici la liste des aménagements réalisés :
- 120 kms de réseaux autoroutes modernes
- 90 kms de routes améliorées
- 40 intersections à multiples niveaux
- 8 kms de lignes nouvelles pour le métro
- 24 kms de tramway
- 40 kms de voies ferrées pour le train régional
- 10 parkings de stationnement dans des quartiers centraux
- des gares modernes
- un centre de gestion du trafic ultramoderne

On voit donc que l’effort consenti par la ville d’Athènes, ainsi que par les autorités grecques, est colossal. Ces aménagements ont donc un coût élevé et on peut se demander si la ville ne ressent pas un contre-coup financier suite à l’organisation des JO.

C – Le violent contre-coup que peut avoir les JO

Le coup total des JO d’Athènes s’élève à près de 9 milliards d’euros, dont 7 milliards qui devront être payés par l’état, c’est-à-dire par les contribuables. Cette facture faramineuse va peser durant de nombreuses années dans le portefeuille des ménages grecques puisque les estimations tablent sur une trentaine d’années avant que la dette soit effacée.
Comme conséquence directe, le coût de la vie à considérablement augmentée si bien que le gouvernement de Costas Caramanlis, arrivé au pouvoir en mars 2004, doit faire Face à une forte vague de mécontentement. En effet l’enthousiasme économique suscité par les JO est déjà terminé. Les prix sont réellement exorbitants puisque le prix de la viande a progressé de 10% et que désormais un café se négocie autour de 3 euros.
Pour lutter contre la chute de la consommation, de plus en plus de magasins offrent des facilités de payement (crédit de 15 à 20 mois), mais cela n’a pas l’effet positif escompté.
C’est pourquoi de plus en plus de mouvements et d’associations militent contre l’organisation des JO, ce fut notamment le cas pour la récente candidature de Paris

En ce qui concerne l’organisation des Jeux de Londres en 2012, la facture a explosé et devient plus que salée. Ces Jeux vont coûter la bagatelle de 9,3 milliards de livres (l’équivalent de 13 milliards d’euros). Près de 3 fois le budget initialement prévu au moment de la victoire de la capitale anglaise. Un chiffre record !
Il faudra donc débourser plus de 5 milliards de livres supplémentaires pour boucler l’organisation : le gouvernement apportera du coup 6 milliards de livres, la loterie nationale 2,2 milliards et les 1,1 milliards restants seront à la charge de la ville de Londres.
La faute à une gestion financière déplorable. A commencer par le montant alloué aux infrastructures, stades, transports et autre village olympique largement sous-évalué. Au lieu de 2,4 milliards de livres, ce poste atteindra 4,8 milliards de livres.
Mais ce n’est pas la seule erreur de parcours : la TVA a été oubliée (840 millions de livres), la mise en place d’un fonds de prévision d’augmentations n’a également pas été prise en compte (2,7 milliards de livres), le montant pour la préparation des athlètes pas inclus et les frais de sécurité ont du être revus à la hausse au lendemain des attentats qui ont touché la ville (600 millions d’euros).

Les enjeux Olympiques

III – des enjeux politiques

Les Jeux de Berlin (1936)
Ces Xième JO d’été sont les premiers de l’histoire à se dérouler dans un contexte géopolitique instable et tendu ; les enjeux sportifs cèdent la place à la volonté d’Adolf Hitler de faire de cette compétition la « vitrine » de son pouvoir dictatorial et des théories raciales véhiculées par le régime nazi. Ces JO sont menacés de boycott, finalement c’est essentiellement par convictions personnelles que certains athlètes refuseront d’y participer. Parmi les faits marquants de ces JO, on note celui du refus par A. Hitler de féliciter l’athlète afro-américain Jesse Owens, vainqueur du 100m, du 200m, du relais 4×100m et du saut en longueur. Hitler préfère quitter le stade plutôt que d’adresser ses félicitations au quadruple médaillé d’or.

Les Jeux de Melbourne (1956)
La crise du canal de Suez et la répression soviétique en Hongrie provoqua une forte réaction de la part de certains pays qui refusèrent d’envoyer leurs athlètes aux Jeux. Ces Jeux furent donc boycottés par Les Pays-bas, l’Espagne et la Suisse (contre l’intervention russe), et par le Cambodge, l’Egypte, l’Irak et le Liban (crise de Suez).

Les Jeux de Mexico (1968)
Des considérations extra-sportives s’invitent pour la deuxième fois dans l’enceinte des Jeux, idéale tribune de plus en plus médiatisés et garante d’un impact considérable sur le public.
En effet, Tommie Smith et John Carlos, coureur de l’équipe des Etats-Unis, manifestèrent contre la ségrégation raciale dans leur pays. Sur le podium, lors de la remise des médailles, ils levèrent leurs poings gantés de noir et baissèrent la tête lorsque le drapeau américain fut hissé. Par ce comportement, ils exprimèrent ainsi leur sympathie pour le mouvement « Black Power ».

Les Jeux de Munich (1972)
Ces Jeux sont essentiellement marqués par une dramatique prises d’otage dans le village olympique. Le 5 septembre au matin, 8 terroristes palestiniens tuent 2 membres de la délégation israélienne et en capturent 9 autres. Ces derniers seront finalement assassinés lors de l’assaut donné pour les libérer, assaut au cours duquel 5 terroristes et un policier trouvent également la mort. A la suite de cet événement, les Jeux sont suspendus, mais reprennent près de 36h plus tard sous l’impulsion du Comité Olympique.

Les Jeux de Montréal (1976)
Ces XXIème Jeux affrontent le boycott de plusieurs nations. Les pays africains dénoncent en effet la tourné effectuée par l’équipe de rugby néo-zélandaise en Afrique du Sud, qui applique la politique de l’apartheid. De plus, les organisateurs canadiens refusent aux athlètes taiwanais le droit de porter leur drapeau ; l’hymne taiwanais est aussi interdit, précipitant ainsi le départ de l’ensemble de la délégation.

Les Jeux de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984)
En 1980, les USA et 64 autres délégations boycott les Jeux en raison de l’intervention soviétique en Afghanistan. La France ou encore le Royaume-Uni ne sont pas solidarisés à ce mouvement et se rendent à Moscou avec quatorze autres nations occidentales.

Les Jeux de Séoul (1988)
Cuba, l’Ethiopie et le Nicaragua boycottent ces Jeux pour protester contre la mise à l’écart de la Corée du Nord dans l’organisation. Ces Jeux sont également entachés par la « fausse » victoire de Ben Johnson dans l’épreuve reine du 100m plat. Convaincu d’avoir utilisé des stéroïdes anabolisants, le sprinter canadien est déchu de son titre après avoir « artificiellement » pulvérisé le record du monde de la discipline.
Traditionnellement protégé par le secret et la dissimulation, le dopage fait une entrée fracassante dans l’univers des Jeux et sur la scène publique.

Les Jeux d’Atlanta (1996)
Ces Jeux sont marqués par un attentat terroriste perpétré au sein du village olympique.

Les Jeux de Sydney (2000)
Lors de la cérémonie d’ouverture, la Corée du Sud et la Corée du Nord ont défilé ensemble sous un même drapeau. Cet acte n’a pas de précédent depuis que les deux états ont mis fin à leurs relations diplomatiques à la suite de la Guerre de Corée (50-53)
Toujours lors de ces Jeux, le statut des aborigènes fit la une de l’actualité. Symboliquement, la dernière étape du relais de la flamme fut confiée à l’athlète aborigène Cathy Freeman, tandis que la culture du peuple aborigène fut au cœur de la cérémonie d’ouverture

Les Jeux de Pékin (2008)
Un mouvement de protestation, mené par Reporters sans Frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter ces Jeux pour lutter contre le bafouement des droits de l’homme en Chine.

Plus généralement, à partir des années 1950, les JO fournissent aux nations nouvellement créées l’occasion de signaler leur existence. Leur apparition aux Jeux a souvent préfiguré une reconnaissance plus généralisée sur le plan international. C’est le cas pour certains pays d’Afrique ou pour les pays de l’ancien bloc soviétique. Il est même arrivé que la participation de certains athlètes aux Jeux anticipe la formation politique de leur pays d’origine (ex : le Timor Oriental).

IV – La dérive de L’olympisme

Il est clair que, malgré le fait que les Jeux demeurent le plus grand rassemblement sportif de la planète, source d’allégresse et de joie, l’intrusion de l’argent dans le milieu du sport s’accroît d’olympiade en olympiade. Ainsi il n’est pas rare, désormais, que le bon déroulement des Jeux soit perturbé par diverses affaires de corruptions ou de dopage.
Les valeurs du sports sont de plus en plus bafouées par des hommes uniquement guidés par l’appât du gain et la promesse d’une gloire rapide. Un des cas flagrants est celui d’athlètes kenyans acceptant de changer de nationalité et de nom pour courir sous les couleurs de nations du Golfe en échanges de primes exorbitantes. Ces pratiques s’expliquent par le retentissement que peut avoir une victoire aux Jeux et donc par la volonté de certains pays d’en bénéficier.

La tenue des Jeux témoignerait donc plutôt d’enjeux économiques qui n’ont pas grand chose à voir avec le sport. Les recettes se comptent maintenant à coup de millions de dollars.
D’ailleurs, après le dopage, le deuxième scandale des Jeux vient de la sélection des villes organisatrices qui aurait donné place à plusieurs cas de corruption au cours des vingt dernières années.

A – Entre économie et valeurs

La construction sociale du spectacle olympique engendre un processus de transmutation symbolique car elle suscite des attentes nationalistes au cœur des compétitions internationales qui sont censées célébrer des valeurs universelles.
Deux exemples le démontrent :
D’abord les sélections opérés par les chaînes de télévisions pour filmer et diffuser les représentations supposées totales de ce spectacle. Loin d’être un simple enregistrement des compétitions, les programmes télévisés privilégient un athlètes ou une épreuve sportive susceptible de susciter l’orgueil national et de retenir durablement le plus large public possible. La diffusion télévisée transforme en permanence une compétition entre athlètes sélectionnés pour leurs talents en une confrontation entre des champions incarnant différentes nations.
Ensuite, lors des cérémonies, tout est mis en scène pour exalter les sentiments communautaires : drapeaux, hymnes, …

La production des Jeux comme spectacle télévisé suppose de mettre en évidence les institutions et les agents engagés dans la concurrence pour en commercialiser les images dans la plus pure logique du marché . D’un côté, en position dominante le CIO, énormes entreprises commerciales composées de dirigeants sportifs et de représentants de multinationales (Adidas, Coca-Cola, Kodak, …), contrôle la vente des droits de retransmission et le choix des villes olympiques. De l’autre, de grandes compagnies de télévision et des firmes industrielles sont en lutte pour obtenir l’exclusivité de leur produit. La concurrence pour l’extension des marchés aboutit à une mondialisation du spectacle olympique, provoquant par la même une intensification des compétitions entre les nations.

Le musée olympique de Lausanne résume à lui seul cette proposition. Dans les premières salles, trophées, images et poèmes épiques célèbrent la beauté du sport et l’esprit de l’olympisme à travers les exploits des athlètes. Universalité et don de soi sont les maîtres mots de cet olympisme. L’étage supérieur est réservé aux partenaires financiers. Lors des Jeux d’Atlanta, par exemple, Coca-Cola exposait de manière ostentatoire ses productions.

B – Les Jeux comme bien public mondial ?

Depuis toujours, le CIO est propriétaire des Jeux. Le monopole et la rareté de la manifestation permettent d’accroître son chiffre d’affaire et d’extraire des profits croissants.
Toutefois, si le contribuable est fréquemment sollicité pour financer les constructions, c’est l’actionnaire des partenaires commerciaux qui reçoit les dividendes.
Cela montre donc bien qu’il réside un problème de redistribution équitable des bénéfices.

On pourrait considérer le sport comme un bien public, au même titre que le sont la santé, la culture ou l’éducation . Mais une conception totalement hors marché du sport peut également être envisagée.
C’est pour cette raison qu’il conviendrait de différencier le « sport loisir » du « sport business ». Le premier est celui dans lequel les pratiquants se préoccupent plus de culture et d’esthétique que de performances. Le second, à la vue de son nom explicite, n’a besoin d’être défini.
Ce sont deux mondes radicalement différents, notamment du point de vue économique. Dans lequel des deux types de sport se situent les Jeux Olympiques de nos jours ?
Ne serait-ce pas totalement l’opposé de ce que souhaitait Pierre de Coubertin ?

Les enjeux Olympiques

La flamme à Pékin: http://images.beijing2008.cn/20070412/Img214033356.jpg

La définition des Jeux comme bien public mondial, bien qui profiterait à tous les pays, toutes les populations et toutes les générations, est très éloignée de la réalité aujourd’hui. On pourrait imaginer un olympisme d’un autre type, plutôt utopique : gratuité de la retransmission, suppression des hymnes nationaux et des drapeaux, suppression du classement des pays selon le nombre de médailles, …
Cette vision paraît lointaine tant les Jeux sont entraînés dans la spirale de l’argent.

Observons, avec l’exemple des Jeux d’Atlanta, l’importance des vices de l’olympisme actuel .

C – Des Jeux commercialisés à outrance : L’exemple d’Atlanta

Nombre d’observateurs ont dénoncé les « Jeux Coca-Cola », c’est-à-dire la récupération à des fins publicitaires des Jeux de 1996 par la multinationale américaine, siégeant à Atlanta, Coca-Cola.
Cette surcommercialisation était la conséquence évidente du financement exclusivement privé des Jeux. La ville a dû mettre en place un important dispositif visant à faire consommer autant que possible les visiteurs, de façon à rentrer dans ses frais.
Les entreprises, même de petites tailles, ont donc eu l’opportunité de bénéficier directement de la venue de nombreux touristes et aussi de l’exposition médiatique d’Atlanta. Les panneaux publicitaires se sont multipliés et les petits commerces ont tout fait pour tirer parti au maximum des Jeux. Par exemple, nombreux sont ceux qui ont incorporé un thème olympique ou une image étroitement liée aux Jeux dans leur stratégie marketing. La prolifération difficilement contrôlable des publicités a entraîné un véritable écœurement parmi les visiteurs.

Les Jeux Olympiques ont effectivement attiré l’attention sur Atlanta mais il s’est produit un scénario que les organisateurs n’avaient pas envisagé, Atlanta n’a pas réussi à convaincre le monde entier de ses qualités ; au contraire, la ville a plutôt souffert à la fin des Jeux d’une mauvaise publicité. Sur les 15000 journalistes présent lors de l’événement, beaucoup n’ont pas couvert les compétitions sportives mais se sont attachés à démontrer qu’Atlanta n’était pas ce qu’elle prétendait.
L’exposition médiatique à laquelle le ville allait être soumise était conçue au départ comme un avantage considérable

Il est certain qu’une partie des sommes récoltés pourraient bénéficier aux habitants dans la misère, mais généralement, comme ce fut le cas à Atlanta, les Jeux accroissent les différences déjà existantes entre les catégories d’habitants. A Atlanta, la ségrégation informelle s’est poursuivi à un rythme accéléré, car même si des quartiers ont connu de nettes améliorations, d’autres en revanche ont été entièrement réaménagés pour une toute autre clientèle, la population originelle étant laissée à elle-même.

Conclusion

Devenus l’événement le plus médiatisé de la planète, les Jeux sont bien plus qu’une simple confrontation sportive. Les Jeux n’ont cessé d’évolué depuis leur modernisation à la fin du XIXème siècle, ils ont accompagné les transformations économiques et sociales du siècle et ont bénéficié de nombreuses avancées technologiques.
Les villes candidates à l’organisation des Jeux sont à la recherche de notoriété et d’excellence. Les Jeux vont permettrent des transformations et des aménagements notamment au travers de projets architecturaux et urbanistiques de grande ampleur. Ces projets mettent en œuvre de nombreuses technologies qui vont laisser des traces indélébiles dans le paysage urbain et qui vont entraîner des coût financiers colossaux.
Un autre enjeu de taille est à l’actif de cet événement d’influence mondiale, il s’agit de l’enjeu politique. Chaque olympiade est l’occasion de faire passer ses idées, de montrer son soutien à une cause, son désaccord avec une idéologie, …
L’impact planétaire que les Jeux détiennent et leur rôle de messager international en font encore aujourd’hui un événement majeur de notre histoire et de notre monde.
On peut se demander toutefois si l’économie des Jeux va continuer vers une voie commerciale comme elle tend à le faire de plus en plus, en effet même la Chine, pays communiste à économie de marché, s’engage dans cette voie. Affaire à suivre …
Malgré toutes ces questions, la devise des Jeux perdure depuis 1894 et reste encore le symbole même de la beauté du sport :

« Citius, altius, fortius … »
(« plus vite, plus loin, plus fort … »)


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