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Nicolas la gabegie

Publié le 27 octobre 2009 par Hmoreigne

 Même en période de rigueur budgétaire l’astre solaire présidentiel doit briller de mille feux. Une nouvelle fois le train de vie de l’exécutif est épinglé. Pas par l’opposition mais, par la très rigoureuse Cour des comptes. Dans un rapport rendu public par le site Médiapart l’institution de contrôle budgétaire décortique les 171 millions d’euros dépensés par l’Etat français du 1er juillet au 31 décembre 2008 au titre de la présidence française de l’Union européenne. L’une des présidences les plus coûteuses de l’histoire avec des dépenses de  près d’un million d’euros par jour.

Comme le rappelle Les Echos , ce chiffre est  nettement supérieur aux précédentes présidences françaises de l’Union européenne : 14,1 millions d’euros en 1995 et 57 millions en 2000. Deuxième observation, le budget tricolore dépasse également ceux débloqués par la plupart des pays européens, compris en moyenne entre 70 et 80 millions d’euros. Seule l’Allemagne en 2007 a dépensé plus que la France, avec un budget de l’ordre de 180 millions d’euros.

La juridiction financière s’attarde longuement sur le bébé politique de Nicolas Sarkozy l’Union Pour la Méditerranée (UPM). Un caprice présidentiel, une folie des grandeurs dont le seul coût d’organisation du sommet de Paris avoisine 16,6 millions d’euros. Outre des dépenses hors normes, les sages de la rue Cambon relèvent un  irrespect omniprésent des procédures financières et un financement “dérogatoire”.

Rien n’était trop beau en juillet 2008 pour accueillir et épater les 43 chefs d’Etat et de gouvernement reçus au Grand Palais . En grandes pompes évidemment. Exemple avec l’aménagement du monument parisien. Sortez la calculette, l’addition est parlante.  Moquette : 91.500 €,  jardinières : 194.900  €, climatisation : 653.703 €,  décor de salle : 780.760 €, fond de scène :136.000 €. Point d’orgue de la manifestation le dîner des 200 invités : 1.072.437 euros, soit 5.362 euros par tête.

Le caractère outrancier de ces dépenses est total lorsqu’on apprend que la réunion du Grand Palais n’a duré que trois heures et que, comme le  souligne la Cour des comptes, “tous les aménagements en question ont été démontés dès le lendemain du sommet et n’ont pas été repris ou réutilisés par l’administration.”

A croire que la France ne compte pas assez de palais et de résidences officielles pour recevoir des invités de la république. L’Elysée est sans doute trop étroit et ses cuisines trop mauvaises.

La Cour des comptes relève surtout l’organisation d’un nombre de  manifestations décidées à l’initiative de la présidence supérieur aux manifestations obligatoires ou traditionnelles, que les États à la tête de l’UE se doivent d’organiser. Une “programmation excessivement touffue”, “la multiplication et le coût parfois élevé des opérations“, et “l’utilité publique variable” des  manifestations organisées mais aussi, le caractère “parfois dérogatoire, voire irrégulier, des procédures suivies“.

Dans les colonnes du Monde, le constitutionnaliste Dominique Rousseau écrivait le 26 septembre que, “l’actuel chef de l’Etat considère les institutions de la république comme des obstacles, des handicaps à l’avancée et à la manifestation de sa volonté“.

Illustration concrète en l’espèce avec l’organisation de ce sommet. La Cour des comptes révèle que,  “face au refus du comptable public de procéder au paiement de dépenses engagées de manière irrégulière, le ministre des Affaires étrangères et européennes a cru devoir procéder à sa réquisition“. Une réquisition opérée avec le feu vert du ministre du Budget Eric Woerth, la veille de Noël 2008.

Autre illustration des propos de Dominique Rousseau. On apprend par le site Marianne 2 que Laurent Viguier, numéro 2 du le Service d’informations du gouvernement, qui dépend de Matignon a été brutalement limogé en juin dernier pour avoir tenté de faire respecter la réglementation.

Démis de ses fonctions, pour s’être opposé à ce que l’Elysée fasse en toute discrétion main basse et détourne à son profit le budget du SIG, constitué de 120 millions d’achat d’espace dans les médias pour le gouvernement et de 22 millions d’euros de budget. Un étrange dossier qui témoigne de la volonté de s’affranchir des procédures publiques et de faire travailler, à bon prix, les instituts de sondage ou agence de com amis.

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