Magazine Finances

L’illusion de la reprise

Publié le 31 octobre 2009 par Jeangagnon

Vendredi, 30 octobre 2009

Tout faire pour se sortir de la crise sans penser aux conséquences qu’auront à plus long terme les moyens utilisés.

Cette façon de faire des gouvernements à l’échelle de la planète depuis le début de la crise économique et financière l’an dernier devrait connaître son aboutissement un peu plus tard cette semaine lorsque le gouvernement américain publiera son premier estimé de la croissance économique pour le troisième trimestre, soit la période terminée le 30 septembre.

C’est que le chiffre sera positif, et ce pour la première fois depuis cinq trimestres. En effet, le consensus des économistes prévoit une croissance économique de l’ordre de 3% chez nos voisins du sud pour la plus récente période de trois mois.

Ce ne sera pas une surprise pour Wall Street, car là, on célèbre déjà un retour à la croissance depuis plus de six mois. En effet, la bourse est à la hausse de plus de 50 % depuis le 9 mars. Mais attention, car une certaine nervosité semble maintenant s’installer.

Pour Main Street, les réjouissances risquent d’attendre. Le taux de chômage aux États-Unis atteint déjà 9,8 %, et il pourrait toucher éventuellement jusqu’à 11 %, toujours selon le consensus des économistes.

Les actions des gouvernements

Des programmes gouvernementaux sans précédents ont permis ce retour à une croissance positive. Malheureusement, les effets de plusieurs de ces programmes ne seront pas récurrents. Pensons à tous ces travaux d’infrastructure que les gouvernements ont mis en place en catastrophe pour ne pas que l’emploi s’écroule complètement. Ils ne dureront pas éternellement.

Mais aussi, l’industrie automobile a été soulevée de terre par le programme <cash-for-clunkers> par lequel le gouvernement subventionnait les individus qui se défaisaient de leurs vielles <minounes> pour s’acheter une nouvelle voiture ou un nouveau camion. Les ventes d’automobiles ont explosé au mois d’août, mais déjà en septembre elles retombaient.

Enfin, la construction domiciliaire a repris un peu de vigueur aux États-Unis grâce à l’instauration d’un crédit d’impôts de 8 000 $ accordé aux acheteurs d’une première maison. Cette mesure doit prendre fin dans quelques mois, et déjà l’industrie s’active pour qu’elle se continue. Pas de doute, ce 3 % de croissance provient des actions gouvernementales.

Il ne faudrait pas croire que les consommateurs prendront bientôt la relève des gouvernements. En effet, après quelques mois de reprise, l’indice de confiance des consommateurs américains vient de chuter à nouveau, selon l’enquête du Conference Board. L’indice est passé de 53,4 à 47,7. Ce n’est pas aussi faible qu’en février dernier lors des pires moments de la crise, mais cela indique tout de même que la confiance des consommateurs a plafonné très rapidement.

J’ai bien peur, que dans un an ou deux tout au plus, il ne restera que les déficits des gouvernements pour témoigner des plans de sauvetage et de relance. On aura raté l’occasion de faire le grand ménage des institutions financières et de recentrer l’économie vers autre chose que l’automobile et l’immobilier. Mais pour l’instant, l’illusion de la reprise masque les leçons que nous aurions pu tirer de cette crise.

Chez–nous ?

Et bien le Québec aussi devra composer avec un déficit budgétaire supérieur aux estimations de 3,9 millions faites en mars dernier. Ce sera plutôt 4,7 millions. Comme pour l’Ontario, comme pour l’ensemble du Canada, et comme pour les États-Unis. Et on révise également à la hausse pour l’an prochain, soit 4,7 millions au lieu de 3,8. C’est ce que le ministre des Finances, Raymond Bachand, vient tout juste d’annoncer. Le ministre nous dit que le Québec a dû faire face à une situation plus difficile que prévu. Ne trouvez-vous pas étonnant que depuis six mois les gouvernements s’appuyaient sur des hypothèses trop optimistes ? Je crains que cette façon de jouer à l’autruche en ce qui concerne l’impact sur les déficits et d’attendre l’évidence avant d’admettre toute la gravité de la situation nous préparent des lendemains pénibles ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jeangagnon 1 partage Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines