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Staff Benda Bilili

Publié le 15 juin 2009 par Cloudsleeper

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Voici quelques chroniques extraites du prochain numéro de Rif Raf (www.rifraf.be) qui paraîtra fin du mois... J'espère pouvoir ajouter bientôt quelques interviews que je vais faire cette semaine inch'Allah!

Staff Benda Bilili
‘Très Très Fort’
Crammed
Dans tout ce qui est sorti cette année en musique du monde, s’il y a bien un disque que les Mundélés doivent avoir c’est celui-là. Vous allez danser. C’est un euphémisme quand on sait que le Staff Benda Bilili est congolais ; c’est un exploit quand on sait que la plupart des membres du groupe sont atteints de la polio. Aucune résistance possible à ces airs de rumba nonchalante (‘Moto Moindo’), à ce funk (le titre éponyme et ‘Je t’aime’ composé par le percussionniste Cubain Kabeya), à ce slow vintage aux mélodies dégoulinantes (‘Sala Keba’), à ces grooves redoutables (‘Avramandolé’), sans oublier le reggae (‘Sala Mosala’) dont les kasaïens vous diront que ce rythme trouve ses origines dans leur musique traditionnelle. Attendez-vous pourtant à entendre une musique à nulle autre pareil. D’abord par le parcours des musiciens : vivant dans une grande précarité, ils se sont réunis aussi pour faire front et surmonter les difficultés de leur handicap. La rudesse de cette vie ressort dans les chansons, ils se considèrent d’ailleurs comme des journalistes de la vie de tous les jours à Kinshasa. De plus leur talent musical est énorme : tant dans l’élégance mélodique (une des forces de la musique congolaise en général), que dans les solos de satongué proprement inouïs joués par Roger. Cet enfant de la rue s’est fabriqué son instrument à partir d’une boîte de conserve et d’une corde à tendre ou détendre selon le note voulue. Cette tonalité aiguë et tout en glissando ainsi que sa virtuosité ferait presque de lui un Jeff Beck congolais… et il confère surtout à cet album un son vrrrraiment inédit ! Leçon de vie et de détermination artistique, cette musique apporte une nouvelle vague de fierté et fraîcheur à la musique congolaise qui, à n’en pas douter, fera encore le tour de l’Afrique et au-delà ! (jd)

par ailleurs, j'ai trouvé des vidéos de musiciens que j'avais rencontré à Kinshasa grâce au fameux Cubain qui est l'un des percussionnistes de Benda Bilili... Parmi eux, il y avait le fameux Jupiter dont voici un extrait de ce qu'il joue, de si grands talents dans un si grande misère: indécent.

http://www.youtube.com/watch?v=yAK3a3ry8y8&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=AqwiELRZQFs&feature=related

***
Fagget Fairys
‘Feed The Horse’
Music For Dreams
Bougez, bougez les culs de fées clochettes, v’là les deux danoises de Fagget Fairys ! Et elles vont foutre un sacré bordel sur le dancefloor avec leurs monstres beats et leurs histoires de lesbiennes. Si on croit leur conseiller marketing, la petite Ena, musulmane de 19 ans réfugiée d’ex Yougoslavie, est tombée folle amoureuse de la DJ Sensemilla de 10 ans son aînée. Elle fait n’importe quoi pour se faire remarquer d’elle et crac, deux ans plus tard, les voilà prêtes à se marier et sortent un disque produit par le new-yorkais Rasmus Bille Bahncke (aka Popdaddy). Avec un son qui claque presque comme du M.I.A (en plus policé ou plus nordique en somme), elles vont filer de sacrés coups de trique aux étalons du bailé funk. Non seulement elles les copient/collent avec du crunk, de l’electro ou du dubstep mais la petite Ena a eu l’excellente idée d’ajouter quelques pointes de fanfares et de rythmes balkaniques, d’où le résultat vraiment détonnant de cet album (‘Roll the Dice’, ‘Oçi’) ! Et on ne vous parle même pas de ces titres où elle se répand en vocals des plus lubriques dans sa langue natale, ce qui sonne encore plus bizarre que du portugais ! En gros, ce ‘Feed The Horse’ (miam miam), on ne saura jamais trop si ce sont des histoires d’amour, de zoophile, d’odes aux vibro ou à la marijeanne, et peu importe. Mais ce qui sûr c’est qu’elles sont conquérantes ces danoises et qu’elles feront beaucoup d’émules : « we got the boobs to make you gay ». Vous voilà prévenues ! (jd)

Various
‘Copenhagen by Trentemøller : Harbour Boat Trips’
HFN Music
Un trip en bateau de port en port ça vous tente ? C’est Trentemøller qui ouvre le premier volume de ces compilations du label HFN, direction Copenhagen. Superbe titre d’introduction qui débute sur des nappes vaporeuses, juste pour vous faire décrocher de l’image industrielle de ce genre d’endroit. Comme si un port pouvait être aussi un lieu de mystère et de fiction sur lequel plein de choses peuvent encore être racontées. Pour ce faire, il collecte des perles de folk rêveur (le premier titre de Grouper avec cette voix angélique et une simple guitare émergeant des brumes scandinaves), quelques traits de new wave (la reprise du ‘She’s Lost Control’ par The Raveonettes et le A Place To Bury Stranger,) parfois rouillés à l’electro, comme le ‘Confidence’ du belge David Garcet. Même l’électronique présentée ici, dénote par une présence subtilement hypnotique et éthérée. Suicide y est pour quelque chose mais pas seulement : Muscleheads, Rennie Foster sont des (re)découvertes pertinentes. On apprécie également la cohérence mélodique car, outre le travail d’enchaînement, il existe de belles correspondances avec des titres plus lointains (les chœurs de Caribu et de I Got You On Tape du début par exemple). Voilà donc ce qu’inspire ce port à Anders Trentemøller qui signe une compilation fascinante qui, tant par son sujet que par ses titres, ne ressemble à aucune autre. (jd)

MVSC
‘Sunderland’
Playout !
Crénom, encore un nouveau groupe-acronyme ! Ça met tout le monde d’accord, c’est business oriented et facile à retenir, c’est ça ? On dit comment ? mmmvvvsc ? Sinon la version longue : Montevideo versus Compuphonic, soit des gars bien en verve dans leurs domaines respectifs (rock lippu, une guitare à Ghinzu, d’un côté, DJ, producteur de l’autre). Avant ? De vilaines  rencontres nocturnes, des inclinations au remix, des rencontres sur scène à Dour… bref des convoitises charnelles qui devaient se matérialiser un jour ou l’autre. Après de longs tâtonnements, ces gageurs de l’electro-rock sortent ’Sunderland’. Une fois n’est pas coutume, on ne parle pas de formule pour ce genre de disque mais bien d’incarnation. Ce que chacun apporte aux titres (electro classieuse, guitares indie, vocals transis etc.) ressort en un terrain de jeux fertile et original tout en se bousculant dans un paysage disco actuel et sophistiqué. Certes, les influences transparaissent ci et là : le titre éponyme n’est pas loin des Rapture, peu importe c’est une vraie balle, l’excellent ‘Sunshine’ évoque furtivement un frai petit diamant des 80’s… seul un Thom York fantôme me laisse sceptique sur ‘The Game You Never Play’. Tout cela pourrait faire dire aux mauvaises langues que les titres sont aussi clinquants et vantards que les présidents de parti au soir des élections. Libre à elles de foutre une sacrée paire de claque à ces goinfres du pouvoir, juste pour se défouler… puis de tendre une oreille vers le magnifique traitement sonore l’album qui va bien au-delà de la simple valeur FM. Je suis sûr que ça finira par leur mettre les crocs et les emmener vers le dancefloor. Voilà où nous conduisent les concupiscences de MVSC et là, on est tous le « gagnant » ! (jd)

The SoulJazz Orchestra
‘Manifesto’
Do It Right Music
Il n’y a pas que les ricains d’Antibalas à faire de leur Fela de l’autre côté de l’Atlantique. Armé d’une cascade de cuivres entêtés, comme le laisse voir la très belle pochette, ce sextet d’Ottawa délivre son troisième album, celui-ci faisant suite au très côté ‘Freedom No Go Die’. Sur ‘Manifesto’, le collectif multiculturel s’est départi de ses explorations afro-latino et s’en tient rigoureusement aux canons du genre nés au Nigeria, on sait avec qui. Il le fait avec un talent indéniable avec des compositions vigoureuses, des textes engagés (‘Kapital’ ou ‘State Terrorism’) que n’aurait pas renié le père lui-même. En revanche The SoulJazz Orchestra restera pour moi un simple prophète n’ayant fait qu’annoncer dans ses opus (‘Manifesto’ est sorti en 2008) la venue du fils, Seun Kuti, qui sortit son premier album l’an dernier : l’immense ‘Many Things’ (mon top 1 en 2008 à bien y repenser).  Si vous l’écoutez après ‘Manifesto’, il relèguera immanquablement celui-ci à un bon disque de genre, pour les fans, alors que Seun vous apparaîtra dans toute la force de son personnage et qui plus est, accompagné d’un groupe mythique. Je sais, c’est un peu cruel de jouer à ça (presque comme si Admiral Freebee jouait en première partie de Neil Young ! ce qui est arrivé et là, ce fut carrément ignoble !) mais le mérite est de vous faire aller à l’essentiel. C’est ça aussi le rôle d’un chroniqueur, surtout lorsqu’il y a une telle proximité en temps et en genre. (jd)

Issa Sow
‘Doumale’
Homemade Records
Ce superbe disque sorti chez les liégeois de HomeRecords est une histoire de rencontres. Issa Sow est un  maître du riti, sorte de violon monocorde joué au Sénégal, d’une expressivité et d’une vivacité remarquable. Avec le violoniste belge Wouter Vandenabeele (Ambrozijn, Olla Vogala...), il a imaginé « confronter » cet instrument traditionnel à une flopée de violons. Un peu comme George Martin avait confronté des cordes occidentales et orientales sur l’extraordinaire ‘Within You Without You’ des Beatles, les entrelacs des ces instruments sont d’une richesse prodigieuse, tant ils se séduisent et se donnent le relais pour tisser des motifs expressifs et plein d’émotion. Les cordes toute en mélodie (Nelson ?) sur le titre d’ouverture ou encore le riti qui se mue en élans collectifs étourdissants sur le sérénissime ‘Njaru’, sont des merveilles. Sur d’autres titres nettement moins orchestrés, le riti, le hoddu ou la cora évoquent la rudesse et la dignité de la vie des peuls, peuple auquel appartient Issa. Que ce soit sur des rythmes enjoués ou blueseux, c’est alors l’élégance des chants et la volubilité du riti qui vous tiennent en haleine… Bref un disque de musique du monde où la rencontre est une célébration et qu’on pourrait presque comparer à d’autres bonnes fortunes du genre tel que le ‘Egypt’ de Youssou’n’Dour ou le ‘Orientissime’ de Thioné Seck, sans leur côté superproduction. Une réussite magnifique. (jd)

Gérald Genty 'Nul Si Pas Découvert' Wagram
Je passe ma vie dans le train, à divaguer dans des wagons, des wagons-lits, des wagons longs, à bouquiner des bons bouquins à passer devant des moutons des bouquetins. Est-ce une excellente chronique de disque pour un grand quotidien? Est-ce ‘La Vie d’Artiste’ revisitée ? Non, c’est bien plus que ça. Ces mots sont extraits des premières 40 secondes de ce CD. Encore un truc d’un artiste facétieux et visionnaire ? Oui, un gars qui est dans le feu bouillonnant de son inspiration fine et intuitive qui s’écoule de lui avec une grâce intemporelle et un humour insolent. Pas un de ces bons chanteurs morts, non, un jeune qui en veut, qui a du talent. Pour preuve, encore un autre extrait, si si : « mon vélo est bancal, il en est devenu musical, c’est pas banal, c’est musical. Oui mais mon vélo, c’est mon vélo, me l’enlever c’est enlever l’eau de mon sirop à l’eau, l’air de mes chambres à air, l’huile de mes sardines à l’huile. » Bref, il n’y a rien dans ce disque, rien dans ce gars. Faut arrêter de croire que tout le monde peut un jour écrire ses petites chansons, faire des CD et les vendre partout. Je ne comprends pas comment elles ont pu sortir du stade de la démo, ni pourquoi l’industrie met du pognon dedans alors qu’il y a tant de groupes avec une vraie démarche qui rament pour écouler 100 ou 1000 exemplaires. Écœurant. Michel Fugain sera-t-il aux Franco cette année pour distribuer des raclées à ces artistes encombrants (à chroniquer en tout cas) et inutiles ? Bof. Aussi impuissant qu’un politicien, ses remontrances n’ont pu empêcher ÇA. Et puis, qu’elle crève, la Chanson Française à la fin ! Puisque tant de gens se sont mis d’accord pour faire découvrir un truc pareil, qu’ils assument. Et je m’en vais la rosser aussi : oubliez ces imposteurs d’Ed Banger, ce Genty est le dernier VRAI punk, il a TOUT compris ! Il toise la Variété avec une violence inconnue jusqu’ici ! Même Léo l’anarchiste n’aurait espéré pareille subversion. Ce CD est dément, achetez-le tout de suite ! Plus tard, comme pour cette vieille planète pourrissante, un étranger, un maladroit, un enfant me demandera des comptes et je dirai : « je m’en fiche, je m’en fiche ». Vite, du Buraka pour me remettre. (jd)


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