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La France à l'écart de la tornade «subprime»

Publié le 24 octobre 2007 par Fabien Trouche
La crise des crédits hypothécaires et à taux variable ébranle le marché immobilier américain. La France est jusqu'à présent préservée. Explications.   Nul ne contribue autant que nous au rêve américain », annonçait fièrement sur son site la société Countrywide, un des leaders du crédit immobilier aux Etats-Unis. Aujourd'hui, l'établissement ne doit son salut qu'à une intervention d'urgence des banques et au licenciement de 12 000 employés. Comme une myriade d'établissements et d'officines de crédit, plus ou moins bien établis, Countrywide s'est développé en vendant à des centaines de milliers de familles modestes, aux revenus irréguliers, souvent issues des minorités ou sans emploi, l'idée qu'ils pouvaient réaliser leur rêve de devenir propriétaires et qu'à peine acheté leur maison ou leur appartement vaudrait 25 % plus cher. Leur recette miracle ? Ces fameux subprime mortages -les crédits hypothécaires et à taux variable-, dont la déconfiture a ébranlé cet été toutes les places boursières du monde. Miroir aux alouettes pour les uns, formidable outil de promotion sociale pour les autres, il consistait à accorder un prêt à taux variable à un taux alléchant pendant deux ans, puis à celui du marché. Tant que les taux étaient bas et que les prix de l'immobilier grimpaient, pas de problème. Mais la hausse régulière et forte des premiers à partir de la mi-2005 conjuguée à un ralentissement, puis à une baisse des prix, est venue enrayer une machine qui s'était auto-emballée. En l'espace de quatre ans, la valeur des emprunts gagés est en effet passée de 445 milliards à 914 milliards, tandis que le taux d'intérêt moyen atteignait le seuil exorbitant de 10 % Résultat: les défaillances ont bondi. Depuis janvier, 1,1 million de procédures de saisie ont été déclenchées aux Etats-Unis. Des économistes estiment que 3 à 7 millions de ménages américains pourraient perdre leur logement d'ici à deux ans... L'immobilier européen est-il à l'abri de tels débordements ? En vérité, l'architecture de crédit immobilier diffère très fortement d'un pays à l'autre. Au Royaume-Uni et en Espagne, deux pays où la pratique du prêt à taux variable est beaucoup plus répandue qu'en France, la situation est elle aussi inquiétante. Depuis des mois, la banque d'Espagne s'alarme publiquement de l'endettement croissant des ménages. Les nouveaux propriétaires consacreraient en moyenne 44 % de leur revenu brut au paiement des traites immobilières. Or « 98 % des prêts ont été contractés à taux variable. Ils subissent donc la hausse des taux intervenue ces derniers mois -. Depuis 2005, le montant des mensualités a ainsi augmenté de 23 % en moyenne. Pour y faire face, de plus en plus de trentenaires sont contraints de mettre en location leur appartement et de retourner vivre chez leurs parents...   LES FRANÇAIS EMPRUNTENT  A PLUS DE 80 % A TAUX FIXE, CE QUI LES MET A L'ABRI DES HAUSSES DE TAUX ULTERIEURES.LEUR MENSUALITÉ RESTE DONC IMMUABLE.   Et en France ? «D'un point de vue culturel et réglementaire, les marchés américain et français du crédit immobilier sont à l'opposé », explique Thierry Dufour, directeur général délégué du Crédit foncier. Aux mentalités prudentes et aux réglementations «malthusiennes» qui encadrent le système bancaire français s'opposeraient la prise de risque et le laisser-faire du système à l'anglo-saxonne. Premier garde-fou : le taux de l'usure ne peut pas dépasser en France un certain plafond, fixé actuellement à 6,4 %. Si bien que, lorsque les banques proposent des taux variables, ceux-ci restent «capés». Autre élément stabilisateur, la réglementation limite la floraison anarchique d'établissements de crédit de toutes sortes. Si, aux Etats-Unis, rien n'est plus facile que de s'improviser prêteur immobilier, tel n'est pas le cas en France, où il faut obtenir l'agrément du Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECED et de la Banque de France. Alors que les prêts dits « rechargeables » sont théoriquement autorisés depuis deux ans, ceux-ci restent en réalité peu usités. L'obligation de repasser chaque fois devant le notaire pour hypothéquer son bien et «recharger» son prêt est en effet très dissuasive. Enfin, bien qu'il s'agisse d'une « règle de place » et non d'une loi écrite noir sur blanc, les banques françaises ont pour habitude de ne pas endetter les ménages au-delà de 30 à 33 % de leur revenu, quitte à « ne prêter qu'aux riches », selon un reproche qui leur est fréquemment adressé. Mais, surtout, les Français empruntent à plus de 80 % à taux fixe, ce qui les met à l'abri des hausses de taux ultérieures. Leur mensualité reste immuable pendant toute la durée du prêt, voire, en euros constants, diminue chaque année de l'inflation.     Source : Le Point 27/09/2007

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Nat
posté le 30 juillet à 12:22
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Intéressant de constater l'intervention du Credit Foncier jurant que ce n'est pas possible en France, alors qu'ils ont eux-même vendu 170 000 crédits subprime à leur clients ces 5 dernières années. En effet, des crédits soit-disant capés qui ne l'étaient pas, avec des taux d'appel très bas, ont mis en difficultés des milliers de ménages français (amortissement négatif, augmentation de la dette, vente forcée de leur logement parfois à perte, voir suicide). Bien évidemment, la plus grande escroquerie bancaire de ces dernières années est soigneusement étouffée par les médias.

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