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Professeur Apfelbaum : cholestérol, on vous ment !

Publié le 20 avril 2009 par Phil443

Déjà, en 1992 de grands noms de la médecine s'élevaient contre le terrorisme du cholestérol, mais à l'époque il n'y avait pas Internet et les initiatives individuelles comme celle du Pr Apfelbaum restaient lettre morte.  Pourtant, déjà tout était dit ! :

source : http://www.lexpress.fr/informations/cholesterol-on-vous-ment_605035.html

CHOLESTÉROL : ON VOUS MENT

   Par Kouchner Annie, publié le 03/12/1992 

Tout ce qu'on nous a raconté sur les méfaits du cholestérol doit être revu à la baisse. C'est le Pr Marian Apfelbaum qui l'affirme. Et il sait de quoi il parle. Non seulement le précieux lipide est indispensable à notre organisme. Mais en avoir peu, surtout quand on est âgé, serait néfaste. Une révolution qui divise le monde médical et ébranle les tenants du «tout-allégé». Une révolution est en marche. Pour détrôner la dictature absolue du cholestérol. Réhabiliter le diable, en quelque sorte, celui par qui tous les maux cardio-vasculaires arriveraient. Le cholestérol est aujourd'hui l'enjeu d'une nouvelle bataille d' «Hernani».

D'un côté, les tenants de la tradition se cramponnent à leur dogme: le cholestérol est bien l'ennemi public n° 1. Ils édictent donc des règles strictes, déclenchant le plan Orsec dès que son taux dépasse 2 grammes. De l'autre, les modernes - peu nombreux, encore - forcément jugés laxistes, relativisent la responsabilité du cholestérol dans les troubles cardio-vasculaires, et leurs conseils sont tout en nuances.  A leur tête, le Pr Marian Apfelbaum, un grand ponte, le gourou de la nutrition à l'hôpital Bichat. Un universitaire patenté, auteur d'un livre: «Vivre avec du cholestérol», paru il y a deux mois aux éditions du Rocher, qui n'a pas fini d'exacerber les querelles du landernau médical.

Le coup est donc parti du sérail. Il n'en a que plus de force. Déstabilisant la «moral majority» médicale, celle pour qui le péché de bonne chère est toujours puni de maladie; faisant trembler sur leurs bases les industries pharmaceutique et agroalimentaire, que nourrit grassement notre phobie du cholestérol. Et ébranlant nos certitudes, pauvres mangeurs terrorisés que nous sommes.  

BON POUR LES NEURONES 

Qu'est-ce que le cholestérol ?  Un lipide précieux indispensable à la vie, nécessaire au bon fonctionnement de toutes les cellules de l'organisme et particulièrement aux neurones, nos cellules nerveuses. Il sert à la fabrication de nombreuses hormones ainsi qu'à la synthèse de la vitamine D. C'est le foie lui-même qui en fabrique la plus grande part; le reste provenant de notre alimentation, des produits laitiers et de la viande. D'ailleurs, avoir très peu de cholestérol dans le sang est plutôt de mauvais augure. Pour les personnes du troisième âge, en tout cas. 

Le Pr Bernard Forette, gérontologue à l'hôpital Sainte-Perine, à Paris, a découvert que ses patients âgés de plus de 60 ans qui présentaient un taux de cholestérol de 1,54 gramme avaient une mortalité cinq fois plus élevée que ceux dont le cholestérol grimpait à 2,6, voire à 3,4 grammes. Cette recherche iconoclaste, publiée en mai 1989 dans la très éminente revue médicale britannique «The Lancet», a pourtant laissé de marbre tous les lipidologues, peu disposés à remettre, au vu d'une simple étude, leurs croyances en question. 

Car, il y a trois ans, la croisade anticholestérol battait son plein. Elle a commencé il y a trente ans, aux Etats-Unis. Son grand-prêtre, Ancel Keys, avait fait une observation révolutionnaire: les pompiers de sa bonne ville de Minneapolis mangeaient plus gras que les Zoulous d'Afrique du Sud. Leur taux de cholestérol sanguin s'en trouvait augmenté. La fréquence des maladies des artères coronaires et du coeur, aussi. Que faire? Chasser l'intrus de l'assiette. Bannir les graisses, particulièrement les acides gras saturés. Une attitude simpliste?

Evidemment, confirme le Pr Apfelbaum: «Les études épidémiologiques ne fournissent que des éléments d'hypothèse. En tirer des règles ressemble fort à ce syllogisme: le fait d'être riche entraînera, à la fois, une nourriture grasse et la possession d'un téléviseur couleur. Regarder celle-ci pourrait faire mal aux yeux. On pourrait conclure, à tort, qu'être riche fait mal aux yeux parce que les riches mangent gras.» La caricature est bien sûr grossière, le Pr Apfelbaum en convient; les scientifiques sérieux, qui décortiquent mieux leurs résultats, dissocient les fameux facteurs de risque. Hélas! s'ils démontrent, parfois, qu'une hypothèse est vraie, ils ne prouvent jamais qu'elle est fausse. 

PRIVÉS DE RILLETTES

Pourtant, sans sourciller, tout le monde - les industriels du médicament et de l'agroalimentaire, appâtés par le pactole, les médecins, que cette vision naïve arrangent, et les «consommateurs», poussés par la grande trouille de la maladie (voir l'interview page 92) - a pris pour argent comptant l'équation: alimentation = cholestérol = maladies cardio-vasculaires. Et voilà tous les Français embarqués dans la même galère, privés de rillettes, de foie gras et de boeuf en daube parce qu' «ils creusent leur tombe avec leurs dents». Et que cela n'est pas bien. 

Car à l'origine de la terreur était la mort. Les Français meurent, donc. C'est inimaginable! De maladies cardio-vasculaires. C'est insupportable. Mais est-ce l'entière vérité? Jamais nos concitoyens ne se sont si bien portés: une petite fille qui vient de naître a 81 ans d'espérance de vie. En 1987, cette espérance de vie n'était que de 79,2 ans. La longévité des hommes augmente également, bien que leur vie soit amputée de cinq années par rapport à celle de leurs compagnes. Fort bien, rétorquera-t-on, mais il n'empêche: plus du tiers des décès en France sont dus à des maladies cardio-vasculaires. Ce qui est vrai.

Pourtant, on ne se pose jamais la question: à quel âge ces maladies tuent-elles ? Après 74 ans pour 76,6% des femmes. Les hommes sont, eux, menacés plus tôt: en 1989 (année pour laquelle tous les chiffres sont connus), 2 845 d'entre eux ont été foudroyés en pleine force de l'âge, avant 54 ans. C'est inacceptable. Mais cela ne doit pas masquer le fait que, dans leur grande majorité aussi (71,3%), les Français qui succombent à l'infarctus ont plus de 75 ans. «La maladie coronarienne tue beaucoup de vieux, très peu de jeunes. Et le discours alarmiste sur le cholestérol obscurcit cette distinction», rappelle le Pr Apfelbaum.  

Mais enfin, objecteront les conservateurs, l'excès de cholestérol encrasse bien nos artères coronaires en formant la plaque d'athérome, laquelle provoque la constitution d'un caillot sanguin, lequel asphyxie le coeur et déclenche l'infarctus ? Hélas ! Rien n'est aussi simple. La fameuse plaque d'athérome est bien constituée de dépôts de cholestérol, mais aussi de gros globules blancs (les macrophages) et de plaquettes sanguines. Le rôle dévolu à chacun n'est pas encore tout à fait élucidé. Surtout, pourquoi réduire l'infarctus à un simple problème de tuyauterie bouchée ?

Il faudrait peut-être se demander comment se forme le caillot. Le fibrinogène, une protéine du plasma qui favorise la coagulation du sang, joue un rôle déterminant. «Le fibrinogène est le facteur n° 1 de prédiction de l'infarctus, bien avant l'hypertension ou le cholestérol, révèle le Pr Jacques Caen, directeur de l'Institut des vaisseaux et du sang. Un taux supérieur à 3,4 grammes annonce la maladie. A 2,80 grammes, tout va très bien. Ces données ont fait l'objet, en janvier dernier, d'un consensus européen. Mais le message ne passe pas, occulté par le matraquage anticholestérol.»  Où l'on voit que la fixation (au sens psychopathologique du terme) sur le cholestérol prive d'informations essentielles. 

Il ne faudrait pas tomber dans le travers inverse et négliger les vraies maladies dues à la mauvaise absorption du cholestérol. D'origine génétique (voir l'article page 94), elles ont des conséquences tragiques, puisqu'un enfant peut être victime d'un infarctus avant même l'adolescence. Les jeunes filles ou garçons atteints présentent des taux largement supérieurs à 3 grammes. Voilà donc le seuil fatidique à partir duquel il faut impérativement se soigner. Mais la majorité des Français ont un taux compris entre 2,5 et 3 grammes. Pour les femmes, avant la ménopause, ce léger excès n'est pas nuisible: les hormones féminines, les oestrogènes, protègent du risque d'infarctus car elles augmentent le «bon» cholestérol HDL (voir l'encadré page 87).

Passé la cinquantaine, le traitement hormonal de la ménopause joue le même rôle bénéfique. Pour les hommes jeunes, surtout, un léger accroissement du taux de cholestérol total représente un danger. Il n'est cependant qu'un facteur de risque parmi d'autres. C'est la multiplication de ces facteurs, l'hypertension, le diabète, l'embonpoint, l'augmentation des triglycérides (autres lipides sanguins), la sédentarité, le tabagisme qui constituent le mélange détonant.

UNE MOLÉCULE INOFFENSIVE

A chacun son risque: telle est la morale de l'histoire. Et, pour la première fois, un ouvrage destiné au grand public ose l'avouer. La démarche du Pr Apfelbaum a un double objectif: «Rassurer d'abord une grande majorité d'entre nous, écrit-il, sur le danger, ou plutôt l'absence de danger du cholestérol, molécule stable et inoffensive, promue injustement au rang d'ennemi public. Et, ce faisant, nous réconcilier avec notre alimentation. Inciter, ensuite, ceux d'entre nous, minoritaires, mais qui sont réellement menacés, à connaître le danger pour mieux le contrôler.»

Ce personnage fort en gueule parle plus vertement: «De 1 à 2% de la population française a de vrais problèmes de cholestérol. Laissons les toubibs les dépister et les soigner. Et foutons la paix aux autres.» Il faudra bien un jour accepter l'évidence: malgré leurs petits plats onctueux mitonnés façon bourgeoise, les Français sont, après les Japonais, les mieux protégés contre les maladies coronariennes. Le taux de mortalité dû à ces troubles est, en France, trois fois moins élevé qu'aux Etats-Unis, où l'obsession anticholestérol est à son comble. Les Américains eux-mêmes s'interrogent: comment les Français peuvent-ils survivre à leur nourriture ?  Une grave question, suscitée par les conclusions d'une enquête épidémiologique menée dans la région de Toulouse par le Dr Curtis Ellison, de la faculté de médecine de Boston, et le Dr Serge Renaud, de l'Inserm, à Lyon. Les Gascons, dont l'ordinaire est extrêmement riche en graisses animales, meurent quatre fois moins d'attaque cardiaque que les paysans du Middle West ! Enigme bouleversante dont la solution pourrait bien se trouver… dans le foie gras. 

DÉRANGEANTE DÉCOUVERTE

On nous ment au sujet du cholestérol. On manipule les statistiques, aussi. En 1984 paraissaient les résultats fabuleux d'un essai américain: un médicament capteur de cholestérol diminuait de 19% le nombre des accidents coronariens, annonçaient les médecins. Une révolution. Mais en regardant les chiffres de plus près, on s'aperçoit que ce bénéfice n'était que de 1,7%, soit 3 vies sauvées sur près de 2 000 hommes soignés. Il y a d'autres études plus préoccupantes, capables de faire changer les moeurs. Lorsqu'une personne souffre d'un excès modéré de cholestérol et qu'on lui prescrit un régime ou un médicament pour la protéger du malaise cardiaque, on ne lui rend pas forcément service.

Depuis quelques mois, de très sérieux travaux se multiplient, révélant le danger des traitements à tous crins. Un exemple: en 1974, 3 490 hommes d'affaires finlandais «à risque» ont été divisés en deux groupes. Dans le premier, les patients ont été suivis régulièrement, mis à la diète et ont reçu des drogues destinées à faire baisser le cholestérol ou la tension. Le second groupe, de «contrôle», était laissé sans traitement. 

«Avec quinze ans de recul, les résultats se révèlent catastrophiques: c'est dans l'ex-groupe médicalisé que l'on a relevé un excès significatif de mortalité, toutes causes confondues, cancers, accidents, homicides et suicides», commente le Pr Apfelbaum. La guerre contre le cholestérol fait des morts violentes. Inattendues. Et, pour l'heure, inexpliquées. «Une découverte dérangeante ne doit pas être rejetée ou ignorée parce qu'elle est troublante, note le Pr Michael F. Oliver, de l'Institut du coeur et des poumons, à Londres. Les nombreuses expérimentations destinées à faire baisser les facteurs de risque des maladies coronariennes chez les hommes d'âge moyen à risque modéré ont échoué. Il faut désormais prendre en considération les résultats de l'étude finlandaise.

Agir différemment serait contraire à l'éthique.» Telle est la vérité du Pr Apfelbaum. Et il se réjouit d'avance: « Si enfin l'on me croit, bien des escrocs vont se retrouver sur la paille.»


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