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Ni à la télé, ni dans Lire, mais quand même sur un nuage.

Par Georgesf

Ni à la télé, ni dans Lire, mais quand même sur un nuage. Avez-vous écouté France-Inter entre 9 h 30 et 10 h hier (mardi 3 novembre) ? C’est parce que vous n’étiez pas debout dans votre cuisine. Ou en train d’éplucher vos courgettes - dans ce cas-là vous avez le droit de vous asseoir. Tous les visiteurs qui ont écouté France-Inter hier étaient dans leur cuisine. Toutes les visiteuses pour être plus précis. Toutes les deux visiteuses pour être plus précis. L’une en a témoigné par commentaire sur ce blog, l’autre, celle des courgettes, par mail en messagerie privée.


Elles ont eu bien raison. Pour les autres, qui n’ont pas témoigné, pour celles qui n’étaient pas dans leur cuisine, pour ceux qui n’y mettent jamais les pieds (jetons leur la pierre), pour ceux et celles qui n’ont pas la radio, voici ce qu’il fallait écouter. C’était dans l’émission littéraire « Comme on nous parle ».

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/comme-on-nous-parle/

J’espère que le lien sera encore valable aujourd’hui. A défaut, je vous raconte :


Elsa Boublil recevait trois invités :

- François Busnel, qui dirige la revue Lire, et qui présente l'émission "La grande librairie" sur France 5, le jeudi à 20h35 (rediffusion le dimanche à 8h55).

- Eric Naulleau, qui produit l'émission "Star Mag" sur TPS Star, et qui joue le méchant chroniqueur littéraire dans "On n'est pas couché", l'émission de Laurent Ruquier, le samedi à 23h sur France 2.

- Et Anne Carrière, l’éditrice.

Il y a eu deux passages très intéressants, entre la 10ème et la 20ème minute.

Premier passage. Anne a d’abord parlé des auteurs qu’elle publie. Au risque de provoquer la colère rageuse (in english, wrath) de certains, elle a parlé des manuscrits qui lui arrivent par la poste. Elle a indiqué qu’elle en publie entre 10 et 15 par an, sur les 40 livres qu’elle sort chaque année. Naulleau lui a reproché son imprudence : avec une déclaration pareille, elle allait être submergée de manuscrits. Anne a dit qu’elle en était bien consciente. Elle acceptait ça avec le sourire. Chère Anne.

Le chiffre mérite d’être signalé. Et je suis là pour attester de sa véracité. Ce n’est d’ailleurs pas à ma gloire : je ne suis qu’un petit quinzième de ses découvertes annuelles.

Cela suffit à mon bonheur. Ou presque, car il y a eu un second passage, quelques secondes plus tard.

Après avoir confirmé qu’elle m’avait découvert par la poste (La Diablada en 2004), Anne a mentionné que moi aussi, j’avais cette année un prix littéraire, avec Qui comme Ulysse, le Prix Ozoir’Elles Et elle en a dit le bien qu’elle pensait. Je ne me lasse pas d’écouter penser Anne quand elle pense à Ulysse.

Et là, et là... François Busnel, tranquillement, confirme et renchérit. Oui, oui, Qui comme Ulysse était un excellent recueil, il en est bien d’accord. Il est désolé de l’avoir lu un peu trop tard, sinon Ulysse aurait eu droit à son émission télé. « C’est un de mes regrets... » ... « Je l’ai raté... ». Je n’invente rien, il l’a dit, c’est enregistré. Dans les archives de France-Inter. Et surtout dans la tête du récipiendaire.

Ni à la télé, ni dans Lire, mais quand même sur un nuage.
En entendant un compliment pareil, dans la bouche de François Busnel, je me suis presque senti sur un nuage. Presque. J’aurais aimé entonner alors le psaume 126, celui qui ouvre le Requiem allemand de Brahms : « Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans l'allégresse. Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence; ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leur moisson. » En allemand, c’est plus chic, mais en français c’est plus clair.


Ils vont, ils vont en pleurant.
Le psaume était de circonstance. Car une mise en avant à « La Grande Librairie », c’était l’assurance d’une encore plus belle mise en avant dans tous les librairies, petites ou grandes. C’était aussi probablement le droit à une belle critique dans Lire, dans L’Express. Bref, c’était la gloire, la renommée, les enflures de cheville, les gonflements de tête, je serais enfin devenu imbuvable.


Moi aussi, cher François Busnel,
« C’est un de mes regrets... » ... « Je l’ai raté... ». Bien sûr, il y a eu tout le reste, et je crois qu’Ulysse a eu plus que sa part dans les médias lors de la rentrée littéraire 2008. Seulement voilà, c’est comme la tarte normande, ce qui est bon, c’est d’en avoir un peu plus que sa part.

Mais... ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leur moisson Ce sera pour la prochaine fois. Peut-être aurai-je droit alors à une critique dans Lire. C’est très important pour moi, car c’est très important pour une personne que j’aime bien. Elle lit Lire. Et elle n’arrive pas à croire que je suis devenu vraiment écrivain, elle en est restée à mon époque des concours de nouvelles. Pour elle, tant que je ne suis pas dans Lire, je ne suis pas vraiment écrivain.

Il faudrait que j’explique ça à François Busnel. Dans le rôle du pleurnicheur, je suis très à l’aise. D’un naturel terrifiant. « El que no llora no mama » dit le proverbe argentin ( Celui qui ne pleure pas ne tête pas ).

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