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Cinéman

Publié le 04 novembre 2009 par Mg

On y a cru. Cinéman avait le défaut de ses qualités. Une bande annonce ratée mais sympathique dans un lot de grosses productions qui, selon toute apparence, voulaient en démordre au même moment. Passer l’attendu Petit Nicolas (formaté), le hors-la-loi Lucky Luke (Brice de Nice dans le désert) et le Jeunet (pas vu), Yann Moix et Franck Dubosc arrivaient à sortir leur film après un an de tergiversations qui laissaient espérer un film sorti à point. Et bien raté, on récupère du surgelé périmé, à peine comestible sur grand écran.

Cinéman était pourtant un projet sympathique, censé nous faire revisiter quelques grandes heures du cinéma d’autrefois. Entre Tarzan et Zorro, Sissi et Taxi Driver, Indiana Jones et Clint Eastwood… La liste serait trop longue. On découvre donc un humble professeur de mathématiques (pas si humble, c’est Franck Dubosc) propulsé dans « les films » à la recherche d’une belle princesse (Lucy Gordon) enlevée par un odieux personnage (PEF). La trame est là, on est parti pour une heure et demi d’hommage au cinéma avec un grand C. Enfin, normalement. Car Cinéman part rapidement dans un grand n’importe quoi visuel et scénaristique qui démontrent les problèmes de sa création. Dès la bande annonce, on notait un décalage des dialogues dûs à une post-synchronisation des acteurs (ils ont refaits les voix après le film) assez laide. On n’aurait jamais cru que la majorité du film souffrirait de cet aspect, donnant à Cinéman un vieux soupçon de film est-allemand des années 80′ importé en contrebande. Cela renforcé par des décors esthétiques à outrance, mélangeant les références des films cités (de toute époque et tous lieux..) à une réalité colorée fluo et peu contemporaine décribilisant le film.

Et c’est sans doute là la grosse erreur du film. A trop vouloir justifier sa mise en scène, Moix s’est perdu dans son récit. Le héros, devenu Cinéman, est en réalité déjà un héros de film, et non pas un quidam. Dubosc erre dès le départ dans une réalité transcendée, où les meubles, les costumes et les attitudes sont mis en scène de façon outrancière. Dès lors, difficile de voir l’évolution du personnage, grand guignol dès le départ et qui ne changera pas. Ses passages de film en film, bien qu’évidemment comiques, sont fait sans finesse, et sans la volonté d’un minimum d’explications. On nage en plein délire, mais personne ne cherche à creuser un peu les quelques idées (ou même blagues) qui émergent. Dès lors on reste en surface dans une histoire qui accumule grossièrement les références, où les personnages se sentent obligés de citer chaque film pour ne pas perdre le spectateur (qui n’est pas forcément un idiot..) dans un récit linéaire au possible.

Grand méli-mélo assez indigeste, Cinéman se termine en cul-de-sac sans réelle explication, alors qu’on sentait un frémissement d’histoire. Mais là encore, au lieu de chercher les rebondissements et les surprises, Yann Moix opte pour la facilité et boucle son récit sans grande envergure. Cinéman redevient alors Franck Dubosc, comique contemporain plutôt drôle sur scène, mais à la filmographie un peu lourde pour ses seules épaules. Dans tout ça, on pleure pour Pierre Richard… Après Lucky Luke, une deuxième surprise bien désagréable en sortie de salles pour les gros films français.


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