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Chinon, La culture n’a que du bon

Publié le 04 novembre 2009 par Thierry Roussillon
Chinon, La culture n’a que du bon
Quel talent ! La plus importante appellation de vins rouges de Loire (15 millions de bouteilles par an) brille autant par la qualité de sa production que par sa renommée bien établie.
Par où commencer ?
la visite des caves, la lecture des grands classiques, une balade à la rencontre des 200 vignerons disséminés sur ces 18 communes d’Indre-et-Loire ?
Chinon, tout le monde connaît de nom, mais il y a tant à découvrir !
Les grands écrivains ne s’y sont pas trompés !
Rabelais, Ronsard, Balzac... Autant d’amoureux de Chinon, autant de passionnés du vin. Dans un style truculent, épicurien ou gourmand, le chinon, c’est toute une culture en bouteilles...
Un style terrien Le terroir en questions
L’intrigue prend place au cœur de la Touraine, entre Tours et Saumur, à 250 kilomètres de Paris. Là, sur 2 360 hectares et 18 communes, le tuffeau façonne la vie et la vigne :
coteaux surplombant la Loire et la Vienne, grottes voûtées et envoûtantes, caves toujours fraîches pour que le vin mûrisse en paix...
Un risque d’uniformité ? Vous plaisantez !
L’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) a distingué, dans ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, pas moins de cinq paysages différents : vignes de plaines alluviales, des puys, de clairières, de coteaux, en îlots...
Mieux encore : à l’été 2008, la chambre d’agriculture d’Indre- et-Loire et l’Institut national de recherche agronomique (Inra) d’Angers ont publié une étude portant sur le terroir de l’appellation chinon. Cartographiée hectare par hectare, s’il vous plaît !
Conclusion : pas moins de 51 terroirs différents ont été discernés. Différenciés par leurs sols, sous-sols, leurs caractéristiques géologiques, pédologiques, climatiques, leur drainage, leur profondeur, leur granulométrie, leur altitude...
Un formidable outil de travail pour les 200 vignerons de l’appellation. Ils ont désormais à leur disposition un atlas du vignoble au 1/25 000e (1 centimètre sur la carte correspondant à 250 mètres sur le terrain) qui est quasiment une première mondiale !
Terrasses alluviales, flancs de coteaux et buttes calcaires, plateaux sur argiles à silex... Plusieurs types de sols en découlent, plusieurs types de chinons aussi.
Un style décoiffant Bienvenue au royaume d’Eole !
Le vent est un personnage significatif du roman de Chinon.
Capricieux, contradictoire, il fait de l’appellation l’une des seules AOC qui puisse être influencée par des vents différents chaque année. Venu du sud-ouest, un air maritime, doux et humide, caresse les vallées de la Loire et de la Vienne. À l’inverse, un vent d’est frais et sec souffle sur les vignes du Jardin de la France.
Dans tous les cas, le climat reste tempéré et les coteaux bénéficient dans l’ensemble d’une exposition sud-ouest très ensoleillée. Enfin, toute la région est protégée des vents du nord par le relief et la forêt des hauts plateaux de Chinon.
Avec des étés chauds, des hivers doux, des pluies limitées entre 500 et 600 millimètres chaque année, c’est donc le vent, plus que tout autre, qui imprime aux vins de chinon un effet millésime.
Un style fruité
Le cabernet-franc, LA vedette de Chinon
Le cabernet-franc, unique et polymorphe comme seules les plus grandes stars savent l’être pour jouer tous les rôles : fin et puissant sur les terrains graveleux des terrasses anciennes, vif et structuré sur les sols d’argile et de tuf. Sous son nom de scène, le breton, il est fameux depuis le XIe siècle.
Au XVIe, Rabelais a célébré avec force « ce bon vin breton qui poinct ne croit en Bretagne, mais en ce bon pays de Véron et aultres lieux du pays de Chinon ».
Bon camarade, le cabernet-franc laisse parfois la place au cabernet-sauvignon (10 % de l’encépagement maximum) ou, pour les vins blancs, au chenin. Les écrits historiques laissent
penser que ces deux cépages ont envahi pacifiquement la région au IIIe siècle.
Un style actuel Trois couleurs
Rouge gouleyant entre copains, rouge profond en amoureux, rosé branché de plus en plus apprécié, blanc subtil et rarissime...
Le chinon étend son registre à toute la palette des vins les plus tendances. Des vins de soif non dénués de caractère, dont le fruit prime toujours sur l’alcool, qui répondent exactement à
l’attente des amateurs d’aujourd’hui : boire moins, mais bien meilleur !
Si les rouges sont les plus nombreux et les plus connus, le rosé gagne chaque année du terrain et arrive sur le devant de la scène. Désormais, il représente 13 % des vins de l’AOC, une présence qui a doublé en l’espace de six ans.
Ses couleurs pâles et délicates, qui vont du saumon très pâle au rose intense, évoquant la pêche et le litchi, son faible taux d’alcool (12°), sa structure et sa matière souples, ses arômes
de rose, de petits fruits rouges et de pomelos rose en font le chouchou des apéros d’aujourd’hui.
Quant au blanc, ce vin d’initié est, depuis Rabelais, immanquablement comparé au taffetas : une soie tissée élégante et dense.
Seuls 38 vignerons en produisent : il faut être dans le secret des dieux pour dénicher ces flacons à la robe d’or pâle, au nez d’agrumes, floral et minéral (un souvenir du sol calcaire où il a vu le jour), à la bouche fraîche et minérale.
ou un gratin de fraises des bois. Il est même des passionnés d’Orient pour soutenir que les parfums de rose des vieux chinons assagis par le temps rappellent ceux des loukoums
les plus subtils...
Pas bégueule, cet épicurien a aussi sa place sur les plus hautes tables gastronomiques.
Là, à chacun son idée : Christophe Duguin, le chef du restaurant Le Chapeau Rouge, à Chinon, suggère un fondant de magret de canard et foie gras, accompagné de pain à la pomme tapée
de Rivarennes confite au coteaux-du-layon.
Généreux, il en donne même la recette sur le site www.chinon.com Et préconise de le servir avec un chinon blanc. Mais pour avoir essayé avec un chinon rouge jeune et fruité, nous ne saurions trop vous conseiller de faire vous- mêmes vos propres choix !
Didier Frébout (Le Soleil Levant, à Monnaie), concocte un pigeonneau de Racan rôti, jus de fruits rouges au chinon, aumônière de chou vert au chou rouge, braisé aux pommes reinettes.
Côté exotisme, Philippe Bourguignon, meilleur sommelier de France qui officie au restaurant Laurent (deux étoiles) sur les Champs-Elysées, s’aventure vers le Portugal, avec des poivrons rouges cuits au charbon de bois, marinés dans de l’huile d’olive à l’ail et agrémentés de tranches de pain grillées également frottées d’ail.
Les arômes de poivron mûr du chinon répondent à ceux des légumes, les papilles en frétillent de bonheur !
Un style gourmand De multiples talents
Place au héros de l’histoire : le chinon rouge ; ou plutôt, les chinons rouges. Mais gare à la facilité : instaurer une dichotomie entre deux styles (« jeune et fruité » versus « de garde et profond ») serait inexact.
Comme l’ont montré les 51 terroirs définis par l’étude de l’Inra, c’est une troupe chorale : une palette s’étendant d’un extrême à l’autre, capable d’exprimer avec verve toutes les nuances du rôle.
Si la gamme s’étend des vins légers et friands aux vins structurés et puissants, on peut trouver des chinons jeunes ET profonds, ou de garde ET fruités, etc. Tous ont en commun le fruit, la fraîcheur, l’acidulé, un côté aérien, léger, digeste, des tanins souples.
Leur robe aux reflets pourpres toujours intense part de la cerise jusqu’au violet dense.
Au nez, c’est un festival de fruits rouges (fraise, framboise, cerise, groseille...), évoluant peu à peu vers les fruits noirs compotés (mûre, cassis, pruneaux), les épices douces (cannelle, vanille, cardamome...) et le gibier (cuir, fourrure...)
En bouche, souples ou corsés, ils apprécient toujours une mise en scène gourmande, qu’elle soit simple ou sophistiquée.
Un style gourmet Le meilleur des convives
Avec une telle variété de vins, tout est possible ! Casse- croûte vigneron ou dîner de gala, le chinon est toujours en vedette. D’autant plus qu’il possède des qualités rares : celles de réussir des mariages difficiles ou inhabituels, avec le poisson, les œufs, les sauces à la moutarde... Selon son type, il atteint sa maturité entre 2 et 5 ans ou entre 10 et 20 ans. En fonction des goûts de chacun, tous les bonheurs sont au programme...
L’astuce : le passer en carafe pour assouplir les plus jeunes et épanouir les plus assagis.
Et maintenant, à table !
Jeune, il adore s’acoquiner avec des poissons puissants comme les rougets entiers ou la matelote d’anguilles au vin rouge. Quant à la moutarde et au vinaigre, il les soutient de son caractère vif. À lui les délices d’anchois marinés au vinaigre de rancio, d’une côte de veau à la moutarde à l’ancienne, du lapin au cidre...
Plus assagi, il lorgne du côté des plats mijotés : navarin d’agneau, ragoût de mouton, compotée de queue et de joue de bœuf...
Complexe, il se fait le complice du gibier, lièvre ou sanglier, ou tout simplement d’une côte de bœuf grillée.
Ouvert, il sait aussi voyager, parfait compagnon d’un tagine de poulet aux citrons confits ou d’une tortilla aux poivrons.
Dans la même veine, il répond sans faillir à l’appel du large et des épices. Un pigeonneau rosé farci aux champignons, au cumin et aux olives noires en est la preuve !
Sur un plateau de fromages, toujours fidèle au sainte-maure de Touraine, il choisira aussi des tommes de Savoie, un saint- nectaire ou de bonnes spécialités de Hollande (mimolette,
gouda, édam) longuement affinées. Il sera également à l’aise avec le crémeux d’un pont-l’évêque ou d’un chaource.
Un style accessible Du bonheur à tous prix
En ces temps bousculés, l’élégance suprême, c’est de proposer les plus grands des plaisirs au plus juste prix.
Et de ce côté-là, le chinon est toujours sous les projecteurs. De 4 à 40 euros (pour les cuvées d’exception dans des millésimes anciens), impossible de ne pas trouver son bonheur.
Les amateurs ont le choix...
Avec 15 millions de bouteilles produites chaque année, ils ne s’y trompent pas, où qu’ils soient : le chinon réussit le tour de force d’être vendu à 39 % en restauration, à 32 % chez les
cavistes et à 23 % en grande distribution.
Son image est donc autant celle de la fête que celle des bonheurs quotidiens à la maison. Il est d’ailleurs présent dans 88 % des super et hypermarchés de France.
Et sur ce secteur, malgré un contexte morose, ses volumes sont en constante augmentation depuis trois ans. C’est dire si on l’aime !
Et au dessert ? Le voilà qui fond pour un clafoutis aux cerises ou un gratin de fraises des bois. Il est même des passionnés d’Orient pour soutenir que les parfums de rose des vieux
chinons assagis par le temps rappellent ceux des loukoums les plus subtils..
Pas bégueule, cet épicurien a aussi sa place sur les plus hautes tables gastronomiques.
Là, à chacun son idée : Christophe Duguin, le chef du restaurant Le Chapeau Rouge, à Chinon, suggère un fondant de magret de canard et foie gras, accompagné de pain à la pomme tapée de Rivarennes confite au coteaux-du-layon.
Généreux, il en donne même la recette sur le site www.chinon.com Et préconise de le servir avec un chinon blanc. Mais pour avoir essayé avec un chinon rouge jeune et fruité, nous ne saurions trop vous conseiller de faire vous- mêmes vos propres choix !
Didier Frébout (Le Soleil Levant, à Monnaie), concocte un pigeonneau de Racan rôti, jus de fruits rouges au chinon, umônière de chou vert au chou rouge, braisé aux pommes reinettes.
Côté exotisme, Philippe Bourguignon, meilleur sommelier de France qui officie au restaurant Laurent (deux étoiles) sur les Champs-Elysées, s’aventure vers le Portugal, avec des
poivrons rouges cuits au charbon de bois, marinés dans de l’huile d’olive à l’ail et agrémentés de tranches de pain grillées également frottées d’ail.
Les arômes de poivron mûr du chinon répondent à ceux des légumes, les papilles en frétillent de bonheur !
Un style accessible Du bonheur à tous prix
En ces temps bousculés, l’élégance suprême, c’est de proposer les plus grands des plaisirs au plus juste prix.
Et de ce côté-là, le chinon est toujours sous les projecteurs. De 4 à 40 euros (pour les cuvées d’exception dans des millésimes anciens), impossible de ne pas trouver son bonheur. Les amateurs ont le choix...
Avec 15 millions de bouteilles produites chaque année, ils ne s’y trompent pas, où qu’ils soient : le chinon réussit le tour de force d’être vendu à 39 % en restauration, à 32 % chez les avistes et à 23 % en grande distribution.
Son image est donc autant celle de la fête que celle des bonheurs quotidiens à la maison. Il est d’ailleurs présent dans 88 % des super et hypermarchés de France.
Et sur ce secteur, malgré un contexte morose, ses volumes sont en constante augmentation depuis trois ans. C’est dire si on l’aime !
Un style culturel Les artistes sous le charme
Impossible d’évoquer Chinon sans Rabelais... Le plus grand chantre de la bonne vie a toujours vanté sa région natale !
Très logiquement, c’est dans son « Temple de la dive bouteille », situé dans les Caves Painctes au cœur de la ville, que siège aujourd’hui le syndicat des vins de chinon. C’est aussi ici que la Confrérie des Bons Entonneurs Rabelaisiens, l’une des plus importantes de France avec pas
moins de 500 intronisations par an, rend hommage au père de Gargantua lors de ses joyeux chapitres.
En été, les admirateurs de Pantagruel peuvent venir célébrer son culte quatre fois par jour, car la maison des vins de Chinon y organise des visites passionnantes suivies de dégustations...
passionnées.
À visiter aussi : le musée Rabelais, à Seuilly, qui a réalisé une nouvelle scénographie pour le livre géant, création contemporaine inspirée par le gigantisme de l’œuvre de François Rabelais.
Mais il faudrait également citer Ronsard, amoureux de la région dont la demeure se visite à La Riche. Et bien sûr Balzac, réfugié non loin de là, à Saché, pour échapper à ses créanciers parisiens... Le château de ses amis et son parc de trois hectares où fleurissent lys, pivoines, delphiniums inviteraient presque à s’y promener le verre à la main !
À Chinon, la petite histoire croise partout la grande.
Saint-Martin de Tours (dont les randonneurs peuvent suivre les sentiers sur la rive gauche de la Vienne), les Plantagenêt, Jeanne d’Arc, Charles VII, Richelieu... Les hauts personnages sont si nombreux à s’y être pressés !
Pas moins de 100 000 visiteurs viennent d’ailleurs chaque année découvrir la forteresse royale du XIIe siècle, emblème et phare de la ville. Pour mieux les accueillir, cette dernière s’est refait une beauté et dévoile dorénavant ses nouveaux atours...
Des festivités s’y déroulent à longueur d’année : foires aux vins au printemps, journées portes ouvertes dans les caves ou, mieux encore : « Chinon, les vignerons dans la ville » fin mai.
À cette occasion, ce sont les pros du vignoble qui viennent à la rencontre des amateurs, non l’inverse ! Les liens se nouent dans la bonne humeur, au son des orchestres, entre deux
spectacles de rue ou dans le calme recueilli d’une dégustation de grands millésimes...
La rencontre se fera dans un lieu plus insolite.
Les caves Painctes, haut lieu historique, ouvertes avec visites guidées et dégustations en juillet et août.
La cave des vignerons de Panzoult, un fantastique labyrinthe souterrain où les comptoirs sont sculptés à même le tuffeau.
Comme le vin y côtoie l’art, l’artisanat et les produits du terroir, les enfants sont aussi à la fête.
Ils apprécieront également le tourisme vert proposé par la maison des vins du Véron, en pleine nature, entre Loire et Vienne, et la découverte de la gastronomie locale : fouées (délicieuses galettes de pain non-fermenté), poires tapées de Rivarennes...
Pour en savoir plus :
www.chinon.com,
www.cave-des-vignerons-de-panzoult.com,
http://mdv.travelblog.fr
Le chinon en quelques chiffres • La 1ère appellation de vin rouge de Loire en volume • AOC obtenue en 1937 • 1 département : l’Indre-et-Loire • 2 364 hectares • 200 vignerons, 60 négociants et un groupement de producteurs • 3 couleurs : rouge (80 % de la production), rosé (13 %), blanc (7 %) • 3 cépages : cabernet franc (minimum 90 %) et cabernet-sauvignon (maximum 10 %) pour les vins rouges et rosés ; chenin à 100 % pour les blancs • Densité de plantation : 4 500 pieds/hectare • 55 hl/ha de rendement • 47 hl/ha de rendement moyen sur les cinq dernières années • 15 millions de bouteilles par an en moyenne (soit 110 000 hectolitres) • 94 % des ventes en France • 6 % à l’export, principalement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Belgique

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