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Gilles Clément et le loup à crinière

Publié le 05 novembre 2009 par Ecosapiens

loup-criniereOn ne présente plus Gilles Clément, jardinier, paysagiste et botaniste (Parc André Citroën, Jardins de l’Arche de la Défense… pas loin de l’EPAD…).  Avec lui, le jardinage devient politique.
Comment le jardinage pourrait-il être « politique»  ?

Pourtant l’affaire du purin d’ortie, les procès intentés à Kokopelli, le développement des AMAP, des jardins partagés… tout ceci porte un message politique.

Il y a d’une part le jardinage privé, narcissique et disqualifié (engrais, pesticides, variétés propriétaires) et d’autre part le jardinage ouvert, changeant, autonome.

Bien entendu, la limite est tenue entre le naturel et l’artificiel. Si Gilles Clément est plus dans le laisser-faire, se contenant de corriger plus que de terraformer, certaines réalisations semblent artificielles puisque des espèces exotiques vont côtoyer espèces endémiques.

Mais le « jardin planétaire« , le « jardin en mouvement»  de Gilles Clément sont de somptueuses œuvres qui invitent sans cesse à se questionner sur l’idée même de nature.

A une conférence qu’il tenait hier, j’ai vu que nous partagions le même constat à propos du savoir botanique. Sur les noms eux-mêmes. Je cite:

S’ils deviennent intelligents juste parce que la nature leur devient intelligible, les gens deviendront plus tolérants.

Ce que je traduisais par l’entame d’un discours possible avec la nature dès lors qu’on sait nommer ce qui nous entoure, dès lors que le monde végétal devient familier. Dès lors que nous cessons de dire herbe quand nous voyons du plantain, du trèfle, de l’oxalis, du chénopode, du lierre terrestre, du lamier, du mouron et de l’Herbe-à-Robert.

Je ne saurais trop conseiller aux lecteurs passagers de ce blog de visiter le site de Gilles Clément afin de se faire une opinion propre sur ce merveilleux jardinier qui en plus, chose rare, affiche son engagement (il a refusé depuis l’élection présidentielle tous les chantiers d’Etat…).

Mais le mieux serait bien sûr d’assister aux nombreuses conférences qu’il donne en France. L’homme est accessible et l’on est forcé d’apprendre des choses, de poser des questions que l’on ne s’était jamais posé.

Par exemple, moi je vais méditer sur ce curieux loup à crinière du zoo de Maubeuge. Timide, il est aussi devenu végétarien (ce n’est pas non plus un gros carnivore au départ mais bon !).

Je vais aussi voir le paysage différemment depuis que je sais ce qu’est un Tiers-Paysage. Le Tiers-Paysage est comme son nom l’indique, la frange délaissée du monde végétal. A la manière de l’abbé Sieyes, nous dirons:

1° Qu’est-ce que le Tiers-Paysage? Tout.
2° Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre végétal ? Rien.
3° Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose.

Encore une fois… le pouvoir de nommer les choses


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