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Opération jardinage à Papeete

Publié le 08 novembre 2009 par Argoul

C’est fini, j’ai terminé de tailler les haies de E et de Ma Le jour commence tôt en cette saison, à 5h30, je suis sur mon escabeau avec mes outils et tente de faire entendre raison aux haies qui me défient. Je suis surveillée par E depuis son fare, qui exige de voir et de n’être pas vue.  – Je taille comment ?  - Ben ça c’est ton problème mais moi je dois voir ceux qui viennent mais je ne veux pas être vue, les Polynésiens sont curieux. – Toi, non ? – Moi, c’est pas pareil !

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Chez V, le fare est construit sur 3000 m² d’un  gazon vallonné, planté d’arbres fruitiers : manguier, cocotiers, pomme-étoile, mangoustan, nonos, papayers, fruits de la passion (liane) entre autre. La vue plonge sur le « lac » d’eau salée  et la route qui relie Papeari à Taravao. Le ciel nous a comblés la première semaine, nous offrant des levers de jour fabuleux. Ce nouveau début de semaine est moins souriant. Le gazon avait besoin d’eau, le ciel y pourvoit ! Dans ce lac vit une raie, qui matin et soir sillonne son domaine. Sa nage est lente, impériale. Rentrée en son palais, les canards et les bans de poissons peuvent alors s’en donner à cœur joie, le lac leur appartient. Le lever du jour offre une symphonie de verts, tandis qu’au tomber de la nuit, les bleus dominent et envahissent lac, collines et montagnes.

Tahiti dans les années 50 : peu de voitures, des trucks qui relient la presqu’île à Papeete. Il fallait plusieurs heures pour rallier la capitale pour les internes des écoles, des cultivateurs qui se rendaient au marché. Pour indiquer au chauffeur du truck qu’une personne demandait l’arrêt, elle déposait en travers de la route des palmes de cocotier. Pas d’électricité alors, on s’éclaire encore à la mori teitei (lampe à pétrole) dans les fare. Le truck s’arrête. Sur le toit du truck s’entassent les cochons, les sacs de coco, les paniers de légumes. Il faut du temps et de la force pour tout charger. On repart vers un nouvel arrêt. Là, c’est une vahiné qui termine son maquillage, tous l’attendent. Ailleurs, le pua’a (cochon) grogne et refuse d’atterrir sur le toit du truck ! Chaque arrêt écrit un scénario différent. Une épopée que les gens d’un certain âge racontent avec force détails et une petite nostalgie, mais un réel bonheur de les écouter. imaginez 5 à 6 heures pour parcourir 78 km, de Tautira à Papeete !

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En route pour le plateau de V C’est décidé, ce matin nous irons sur un des plateaux de la presqu’île planter le petit teck et le mangoustan que j’avais découverts sous la haie. V devait emprunter le tank (la land-rover) de sa fille, mais elle sollicite J. habitué à conduire ces engins. C’est plus prudent ! Embarquement avec le matériel nécessaire, les bouteilles d’eau, les casquette et chapeaux. Le chemin est à peine tracé, dangereux, pentu. Arrivés sur les terres de V, d’abord l’inspection des lieux : qui est venu ? qui a planté ce piquet ? les arbres fruitiers seront-ils généreux ? Nous poursuivons l’escalade, le chemin est réduit à la largeur de la voiture, altitude 591 m à gauche et, à droite de la voiture, l’abîme. La récompense est fabuleuse : vue sur la plus grande passe de Tahiti, la passe Tapuaeraha, où vinrent s’amarrer le paquebot France et le porte-avions Clemenceau. Vue sur le lagon, à vous couper le souffle. Je mesure la chance qui m’est offerte de découvrir ces paysages grâce à mes amis polynésiens, possesseurs de ces plateaux.

Sabine

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