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Avec Zorro, Stage Entertainment déçoit...

Publié le 09 novembre 2009 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre
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Vous l'aviez lu sur ce blog, la conférence de presse donnée en juin dernier par le producteur afin d'annoncer l'arrivée prochaine du musical aux Folies Bergère m'avait laissé... Circonspect.

Après avoir assisté ce week-end à l'une des premières représentations, je suis à présent en mesure d'écrire que le résultat est clairement en dessous de l'attente que suscitait le producteur des excellents "Cabaret", "Roi Lion" ou encore "Sister Act" (critiques sur ce blog).

Commençons par signaler que, de toute évidence, le show n'était pas prêt à être présenté au public, tant les artistes paraissent  péoccupés par la tâche qu'ils doivent accomplir sur scène, stressés, ne dégageant aucune énergie, qu'elle soit de groupe ou individuelle. Chacun cherche sa place, ses déplacements, les accessoires qu'il doit manipuler... Les cascades (bien réglées) sont pour le moment beaucoup trop appliquées et lentes pour fonctionner. Même le "Z en feu" est mou... Tout cela plombe bien evidemment le rythme, mais un manque de répétitions peut parfois s'expliquer et s'excuser (si le tir est rectifié par la suite),et nous tenterons, ci-dessous, de faire abstraction de ce démarrage précipité et considérerons que nous avons assisté à un filage, plus qu'à une représentation.

Cela étant écrit, il y a de quoi se montrer contrarié par le travail présenté, car si le livret contient des dialogues dignes d'une comédie grand public relativement bien ficelée, et la partition pas totalement dénuée d'intérêt (même s'il y a trop de balades à mon goût), la réalisation et la production s'avèrent moyennes, voire médiocres.

Commençons par la direction d'acteurs. Christopher Renshaw a sans doute rayé de son vocabulaire le mot "subtilité". Il parvient à rendre grotesques les comédiens les meilleurs tant le surjeu de tous est épouvantable, la palme revenant à l'habituellement brillant Yan Duffas (issu, excusez du peu, du Conservatoire National, passé par le Français), suivi d'assez prêt par Georges Beller qui, bien dirigé, peut pourtant être très juste . Contrairement à ce que le metteur en scène a l'air de croire, la comédie populaire demande beaucoup de subtilité pour sonner juste... A ce niveau, il va falloir d'urgence faire quelque-chose.

 Passons aux "chorégraphies"...  Le travail de Rafael Amargo est à peine digne de la Star Ac et n'a strictement aucun intérêt. C'est pauvre, peu recherché, répétitif, cela ne décolle jamais, les danseurs sont maladroits, peu aidés, il faut bien le dire, par un manque de place évident sur scène. Les passages de Flamenco pur, poussifs, ne tiennent ni du flamenco de "cabaret-paillettes" (qui, assumé comme tel, est très plaisant à regarder) ni du flamenco traditionnel et sincère qui, bien réalisé, vous ferait fondre en larmes de par son intensité. Bref, ce n'est pas bon.

La production, enfin, a clairement cherché à faire des économies du côté des musiciens. J'en ai compté (mais je peux me tromper) sept en incluant un guitariste sur scène... Et cela s'entend ! les programmations ont l'air nombreuse, on frôle parfois l'orgue Bontempi (notamment sur la chanson à boire du Sergent Garcia)  et aucun des morceaux (y compris les tubes des Gipsy Kings) ne nous emporte. Une mauvaise balance dans la salle pourrait aussi y être un peu pour quelque-chose. 

Ajoutons, pour être complet du côté des critiques, un imposant décor trop lisse, trop propre, et qui réduit considérablement l'espace. Cette palissade géante n'est franchement pas des plus heureuses...

 Mais ne soyons pas uniquement négatifs. Certains tableaux et cascades seront, d'ici quelques semaines, redoutablement efficaces, et la magie opérera par instants. On aime l'arrivée des gitans en roulotte, les illusions, les cascades. Les interprètes principaux, Laurent Bàn en tête, se révèlent d'agréables surprises. Zorro est convainquant, la voix est belle, le jeu, même s'il doit s'affiner, fonctionne. Sa belle, Lisa Pastor, est charmante, bonne danseuse, possède une excellente énergie (une des rares pour le moment). Garcia,Benoit de  Gaulejac, ne démérite pas non plus.

En conclusion, nous dirons clairement que cette production est très nettement en dessous de ce que Stage Entertainment propose habituellement (on s'approche dangeureusement des "Rois Soleils" et autres "Opéras Rocks", le mauvais goût en moins...) mais qu'avec un peu de temps ainsi qu'un virage habilement négocié (renfort de musiciens, ajustements dans la direction d'acteurs), ce spectacle aura peut-être une chance de tenir jusqu'en juin.

Z'est Toujours pas gagné...


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