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Visage - De Tsai Ming-Liang

Par Kilucru
Visage - De Tsai Ming-Liang
Visage
Scénario et réalisation de
Tsai Ming-Liang
Chorégraphies de
Philippe Decouflé
Avec Fanny Ardant, Laetitia Casta, Jean-Pierre Léaud, Lee Kang-Sheng, Lu Yi-Ching, Norman Atun, Chen Shiang-Chyi, Jeanne Moreau, Nathalie Baye, Mathieu Amalric, Yang Kuei Mei, Chen Chao Rong..
Invité par le Musée du Louvre à exercer son regard de cinéaste au sein de l'établissement parisien afin de produire une oeuvre d'art qui rentrera dans ses collections, Tsaï Ming-Liang s'est employé à raconter le mythe de Salomé au travers d'une fantasmagorie qui révèle autant son amour pour Truffaut et Léaud qu'une profuse réflexion sur le deuil et l'acte créateur. Or, pour mettre en scène une approche aussi complexe, le cinéaste a choisi un procédé parmi les plus connus : raconter l'histoire d'un film dans le film...
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Visage
Qu’allais-je donc voir ?
“I don’t want to sleep alone” du même réalisateur m’avait enchanté, longue rêverie et déambulation, silence et souffrance tues !
Ici avec à peine le souffle d’un écho à l’esprit, je peux donc m’attendre à tout, et bien qu’on me surprenne !
Une cuisine, soupe et légumes, wok pas de doute nous sommes dans un film asiatique, la cuisine y est souvent présente et torture mon estomac par la même occasion qui réclame son du et se fait entendre dans la salle assez déserte ! Un homme s’active …et déclenche une fuite d’eau, brisant robinet et canalisation. Ces tentatives absurdes dignes d’un film muet pour endiguer la catastrophe ne serve à rien, l’eau envahit la maison, sur un lit une femme se souffre. ..Et se meurt !
La mère du réalisateur, ce dernier mêlant ici réel et fiction, ou plutôt érigeant une barrière souple et malléable, il en va ainsi du temps comme des lieux.
Oui dès le départ, il s’agit d’accepter de se laisser porter, surprendre, voire de faire de temps à autre preuve de patience ! Les images, les scènes arrivent. De l’enterrement, du deuil et de l’inquiétude Fanny Ardant, là à la production, de Jean-Pierre Léaud tachant d’amorcer une conversation élaborée avec le réalisateur chinois, dialogue de sourds souriant par bienséance autour de Truffaut.
Et puis y a les passants, cela passe un passant et c’est magnifique, quand ils se nomment Jeanne Moreau, Nathalie Baye attablés attendant un hôte et un repas qui se fait attendre, formidable plan triangulaire sur nos trois stars, Fanny Ardant les ayant rejoint !
Visage - De Tsai Ming-Liang
Et puis y les hommes, et des buissons Mathieu Amalric et Lee Kang-Sheng , ou quand suggérer crée le trouble. Et puis y a Léaud trainant sa silhouette désenchanté, peut être inquiet . Lui face à son miroir qu’une Fanny Ardant princière entoure de ses bras, le rassurant…Ou cherche à se rassurer elle-même ! Image magnifique que ce « couple » capturé par ce miroir.
Le miroir, les miroirs ils semblent poursuivre Laetitia Casta, ils font parti du scénario, et sans cesse elle les croise, pour, une fois dans l’intimité, à grand renforts de ruban adhésif recouvrir tout ce qui peut lui renvoyer son image. L’artiste rangeant au placard son outil de travail sitôt celui-ci terminé !
Casta dans les bois artificiellement enneigés, au sein d’un ballet chanté assez kitch ! Ce cerf chargé d’hanter le plateau et qui finira par se sauver entrainant un retard considérable dans le tournage du projet. Laetitia la féminité du tournage, reine d’un ballet pour des séances très sensuelles et de bon gout !
Mais moi celle qui me fait chavirer, rien qu’au son de sa voix…ho et puis je vous laisse deviner..
Voila dans l’ensemble quelque chose d’assez hétéroclite mais visuellement surprenant et dont certaines vues, images possèdent un intérêt ensorcelant ! Suffisant pour vous tenir à l’affut durant plus de deux heures vingt !
CritiKat.Com "...Le cinéaste a mûri son projet pendant deux ans, ne sachant trop comment équilibrer le rapport entre le fantastique et la réalité. Les deux dimensions cohabitent avec d’autant plus de pertinence que Visage est aussi une réflexion sur le cinéma et sur l’art en général. Via le personnage de Lee est évoqué le travail de l’artiste, ses doutes, ses angoisses, sa solitude, son attrait pour l’excès. Comment gérer la vie et ce qu’on veut créer ? Quel lien établir entre les deux ? Tsai se retrouve en le personnage de Lee, comme il se retrouve, depuis toujours, en le comédien qui l’interprète, et en Jean-Pierre Léaud de qui il se sent proche. C’est lorsqu’il réfléchissait à son sujet que Tsai a perdu sa mère : le deuil est alors devenu l’un des enjeux du film. Tout esthétique que soit Visage donc, le cinéaste n’en parle pas moins de lui, injectant dans son film une présence à la première personne. ..."
Excessif.Com "..Visage incarne littéralement dans sa construction, la réflexion qui lie un auteur à ce qu'il crée, c'est-à-dire ses images, ses envies, ses fantasmes. Intervient alors la troisième ligne directrice du film : l'espace mental qu'il tisse et dans lequel il nous faut entrer. Support de sa réflexion sur le cinéma et l'image, cette dernière voie nous invite par la métaphore du musée que l'on visite, à nous plonger dans les arcanes mêmes de la pensée du réalisateur. Ainsi, tout ce qui apparaît à l'écran est avant tout constitué des souvenirs cinéphilies, des projections et des réflexions de l'auteur. Et cet amalgame nous parvient par le truchement des dédales et couloirs que les personnages traversent et arpentent telles des idées incarnées. Or, digérés et recomposés par sa propre psyché, ces derniers nous parviennent déformés, transformés. On pensera notamment aux scènes d'amour au sensualisme exacerbé qui irriguent le film, aux séquences chantées par Laëtitia Casta ou à celles faisant apparaître Fanny Ardant, Nathalie Baye et Jeanne Moreau. Avec un risque pourtant évident : celui de laisser son spectateur au bord du chemin devant tant de complexité..."
Le Monde.Fr - "Visage" : Tsai Ming-liang, poète visuel, fait danser Salomé
Et aussi
Le Monde.Fr "..Il y a de la nostalgie dans Visage, celle d'un âge d'or englouti qui courait déjà dans Retour à Dragon Inn, ce film que Tsai Ming-liang a entièrement tourné dans un vieux cinéma. Mais elle est mise en tension avec le chaos du présent, avec ce tournage qui prend l'eau de toutes parts, au cours duquel on court après un cerf disparu dans Paris, on se rend à Taïwan pour enterrer la mère du cinéaste, on perd tout contrôle sur le vieil acteur français, on s'inquiète de ce que les assurances ne veuillent plus le couvrir, on ne trouve plus le réalisateur, occupé à s'envoyer en l'air derrière un arbre du jardin avec Mathieu Amalric... La nostalgie est balayée, surtout par le délire pop des tableaux chorégraphiés, par le faste des costumes signés Christian Lacroix et des décors, par la beauté de Laetitia Casta..."

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