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Farinelli

Par Gicquel

«  Farinelli » de Gérard Corbiau ( TF 1 Video )

Je ne suis pas un amateur fou de  musique classique . Et encore moins d’opéra . jaquetteUn belle voix dans «  Don Giovanni » m’émeut , mais de là à me précipiter ….Si j’ai aimé «  Amadeus» de Milos Forman , c’est qu’à travers Mozart et sa musique ( merveilleuse, je sais ), l’histoire d’un homme nous racontait toute une époque .

Ce préambule pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’être mélomane , et assidu de la Salle Pleyel pour goûter au bonheur de «  Farinelli » , un  film remarquable et bouleversant  . Et qu’il ne faut pas s’attendre non plus à retrouver ici  l’esprit cinématographique de Forman.

Le théâtre de Bayreuth , un décor au naturel

Le théâtre de Bayreuth , un décor au naturel

L’option de  Gérard Corbiau est tout  autre , qui nous emmène dans l’univers incroyable des castras, ces enfants qui à partir du XVII è se voyaient castrés , afin de conserver la pureté de leur voix. Le documentaire «  Nostalgie d’une voix perdue » débute sur l’opération chirurgicale pratiquée dans cette intention . Inutile de dire qu’à l’époque on ne prenait guère de précautions pour mener à bien le bistouri, et que les conséquences d’un tel geste, importaient peu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

C’est  l’un des  sujets du film. A dix ans  Carlo Broschi , dit Farinelli , est castré . Très vite il comprend qu’il est devenu «  un monstre chantant » et qu’il ne sera plus comme les autres enfants . C’est à son frère qu’il fait alors appel pour vivre par substitution une existence interdite . Riccardo fait l’amour aux femmes que Carlo a séduites pendant que les scènes européennes acclament Farinelli . Jusqu’à ce qu’une terrible révélation bouleverse ce «  bel » ordonnancement.

« Farinelli » est bien un film musical où l’on voit Haendel intraitable avec son petit protégé , et Porpora pour qui Derek Lee Ragin  le contre ténor de la bande originale avoue une admiration sans borne ( «  avec lui j’ai été poussé au bout de moi-même » ) .
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C’est aussi un film sur l’amour filial et les rapports ténus existants entre frères ou sœurs . Ici la dualité est exemplaire , mais aussi dangereuse comme le rapporte bien la caméra quand elle surprend les regards de l’un et de l’autre .

Dans le rôle-titre , Stefano Dionisi est particulièrement saisissant de justesse et de précision , réussissant à occulter le play-back, pour donner à sa voix et à l’histoire qu’elle recouvre , une force émotionnelle inouïe .
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Le document du bonus détaille très largement la technique employée pour reconstituer au plus près les trois octaves et demi que couvrait Farinelli . Les voix de la soprano Ewa Goldlewska et de Derek Lee Ragin ont tout bonnement été mêlées. Je le dis très légèrement alors qu’il a fallu des mois et des mois de travail pour les artistes et les techniciens avant d’arriver à un résultat presque parfait . Les aigues de la bande originale sont ceux de Goldlewska , les graves étant assurés par la voix de Lee Ragin .

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Une prouesse fabuleuse qui s’ajoute à un ensemble esthétique tout aussi remarquable . Vera Belmont , la productrice dit que c’est un film qui a coûté cher «  et je pense que ça se voit » . Le drapé des costumes, le décorum apprêté au théâtre de Bayreuth ,  cadrent parfaitement  l’époque et l’esprit de ce XVIII è siècle , dans un jeu de lumière que Cornaud intègre intelligemment à sa  mise en scène .

J’avais quitté le réalisateur sur une mauvaise impression ( «  L’année de l’éveil » ) et le voici flamboyant , inventif et passionné . Viva Farinelli .


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