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Providence

Par Christophefaurie

Film d’Alain Resnais.

Mauvais premier contact : ça commence vert, froid et délavé. C’est très anglais : discours brillant, avec un humour politesse du désespoir. Ça a un côté shakespearien, mais qui tombe à plat. Dirk Bogarde s’y caricature et John Gielgud s’est trompé de pièce.

À la réflexion, je me suis demandé si ce n’était pas tout simplement une sorte de Songe d’une nuit d’été léger, élégant et plein d’humour : le personnage principal passe une nuit de cauchemar, sa souffrance et sa solitude, la peur de la mort ?, lui font voir le monde et ses proches sous un aspect terrifiant, puis le jour se lève, il fait beau. Les personnages de son cauchemar lui rendent visite, ils sont gentils, aimables et pleins d’attentions.

Comment expliquer deux interprétations aussi différentes ? Panne de sensibilité de mon côté ? L’œuvre d’Alain Resnais demande-t-elle une explication préliminaire ? L’émotion a besoin de la courte-échelle de la raison ? L’art est avant tout culturel ?

J’ai lu ce qu’en disait Jean Tulard. Il semble considérer Alain Resnais comme un illustrateur, un réalisateur qui se cache derrière l’auteur qu’il met en scène, et dont la personnalité ne se révèle que par son humour et son élégance.

Mais n’y a-t-il pas un fil conducteur plus solide que l’illustration dans cette œuvre ? Resnais ne nous dit-il pas que ce que nous croyons les grands malheurs de notre vie ne sont que des fables un peu dérisoires ? Qu’au fond il n’y a que l’art de les raconter, de rire de nous-mêmes, qui soit sérieux, et mérite notre intérêt ?


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