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Expatriation: Comprendre pour Aimer ! (Ep. 17)

Publié le 16 novembre 2009 par Caryl

Ceux qui n’ont pas raté un épisode, se souviennent de l’état général de mon immeuble, « Grand Corps Malade » situé en plein Guéliz et arraché de mois en mois, à la dégradation, la prostitution, le squattage (nouveau mot) etc.…

Pour ceux qui prendraient en route, je vous recommande fortement les premiers épisodes pour pouvoir mesurer le chemin parcouru. Je m’étonne moi-même…

Cependant tout reste fragile. Sur le plan de la Gestion de Copropriété, les bonnes habitudes ne sont pas encore acquises.

Ma chère Aïcha, Syndic en titre cette année, pleine de bonne volonté, qui est préposée à la gestion et l’encaissement, à tendance à relancer les Copropriétaires lorsqu’il n’y a plus d’argent en caisse… pour ne pas trop les déranger…ce qui n’est pas la meilleure façon d’avoir de la visibilité.

Cela traduit surtout une différence culturelle de taille dans la façon d’appréhender le problème du paiement des charges : 
Mentalité Occidentale, payer ses charges, à l’avance en temps et en heure est une obligation et un devoir ni plus ni moins. 
Ici, payer in extremis ses charges pour contribuer à couvrir une dépense urgente comme le salaire des gardiens, est un acte de générosité et d’entraide…
Donc nous sommes encore tributaires de la bonne volonté des uns et des autres.

Mais qui a dit que le monde s’était fait en un jour ? 

Cependant, comme j’ai promis de ne rien vous cacher, nous avons beaucoup de soucis avec 2 Copropriétaires.

L’un est le plus important en millièmes de l’immeuble avec 3 lots qui forment 2 commerces (Une salle de sport et un restaurant) et ne paie, vous m’entendez, ABSOLUMENT rien comme charges

!!!
D’ailleurs ne rien payer chez lui est une culture et un art de vivre. Aucuns employés ne restent, faute d’être normalement rétribués.

Quant à l’autre, petit resto pitoyable le jour, il est en fait bar et lieu de prostitution et crée un climat de stress et rixes la nuit qui déshonore le Guéliz. Les exploitants du Bar ne paient bien évidemment rien non plus comme charges de copropriété …

Cet été nous avons un départ de feu sur les compteurs, vite maitrisé heureusement par le gardien, mais qui aurait pu être très grave !


Rentrant vers 22 h quelques semaines plus tard, je trouve deux messieurs dans le hall penchés sur nos compteurs. Je m’enquière évidemment de ce qui se passe et ceux-ci me déclarent être inspecteurs de la Radeema et avoir constaté que le dit Bar en pied d’immeuble, est ouvert et fonctionne… alors qu’ils n’ont pas de compteurs électriques depuis plusieurs semaines…
(Ici la Radeema, entreprise qui gère l’eau et l’électricité est souvent obligée fasse aux mauvais payeurs, de leur enlever le compteur…)

Et ils me montrent le branchement sauvage auquel se sont livrés les peu glorieux gérants du Bar, mari et femme, qui en dehors d’empoisonner le quartier avec leur commerce d’alcool et de prostitution, volent le bien public et risquent d’incendier l’immeuble !
 Le branchement sauvage est donc désactivé sous mes soins vigilants et le Bar évacue ses clients éméchés dans la rue sous les malédictions des videurs à mon égard !


Je vous l’ai dit, ici, il faut des nerfs solides.

Dés le lendemain matin, Aïcha et moi allons faire le forcing du directeur de la Radeema pour lui expliquer ce qui se passe et lui demander d’envoyer un ingénieur vérifier nos compteurs pour la sécurité de l’immeuble…
Offusqué, il est entièrement d’accord, convoque le service fraude et nous promet de faire le nécessaire…nous attendons toujours.

Entre temps, de retour à l’immeuble, nous constatons que le fameux Copropriétaire qui ne paie rien et doit des sommes astronomiques à la Copropriété, le même qui a scié et tué un arbre magnifique de la rue parce qu’il gênait l’extension de sa terrasse sur le trottoir, vient courageusement de déléguer sa femme avec un électricien dans le hall pour remettre l’électricité… une partie de sa salle de sport est plongée dans l’obscurité…

Traduction : De mèche avec le bar, ils ont trafiqué les branchements et la coupure du branchement sauvage de l’un la veille par les inspecteurs de la Radeema, coupe l’électricité chez l’autre !!!
 Nous interdisons donc à quiconque de toucher aux compteurs en attendant les ingénieurs promis.

Le lendemain, le bar fonctionne avec un groupe électrogène…Vous avez bien entendu… on peut voler la Radeema puis s’installer un groupe électrogène pour que les « affaires » continuent. 
Nous filons chez le Caïd pour qu’il fasse appliquer la loi, les groupes étant interdits en ville, leur utilisation est dangereuse.


Aïcha est prise à partie dans le hall de l’immeuble par le mari de la gérante du bar. 
Je m’interpose, nous finissons au Commissariat pour porter plainte. Plainte évidemment qui sera classée sans suite.

Nous ne verrons jamais les ingénieurs promis, la gérante du bar remettra l’électricité après avoir payé son amende à la Radeema…etc.etc. et le statu quo continue sous les menaces bien évidemment…



Voila où nous en sommes. 

Est-ce que je me décourage ? 
Non !

Partant du principe que si le monde a besoin de moralisation, ce n’est pas le moment de baisser les bras et qu’il faut trouver des solutions.
Est-ce que ces gens m’intimident ? Non plus.
 Et pourtant à l’heure où je vous parle, 3 h 15 du matin, 2 bars dans les rues adjacentes se relaient pour maintenir tout le quartier éveillé avec des sonos qui déversent aux alentours des décibels invraisemblables!
 Le laisser aller généralisé au centre ville a permis à un bar, puis 2 puis 3, de se comporter avec une impudence et un manque de civisme épouvantable… 

Je résiste.

Ce qui me donne cette force est la certitude que la maffia de l’alcool est tellement en train d’abimer le centre Guéliz que les autorités un jour ou l’autre seront forcées de siffler la fin de la récréation et reprendrons vraiment le contrôle de cette ville miraculeuse.
 Le jour se lèvera bientôt sur Marrakech…

Pour l’heure, Aïcha et Ito se battent pour une moralisation de la vie publique, sauver un immeuble et faire que tous vivent mieux dans l’espace public. 


Nous ne restons pas les deux pieds dans le même sabot, la suite au prochain épisode…Judiciaire en toute probabilité…Ce qui nous permettra de tester in vivo le fonctionnement de la justice pour le paiement des charges.

Humaine tendresse à tous.

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