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Facebook, un nouvel AOL ?

Publié le 18 novembre 2009 par Marcschillaci

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Cet article a été rédigé par Marc Heurtaut, Directeur Technique Oxatis.

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Plus que le web de demain, Facebook ne serait-t-il qu'un "walled garden", un de ces "web propriétaire" reproduisant un modèle d'hier que l'on pensait révolu ?

Ceux qui ont connu les débuts du web (surtout aux Etats-Unis) se souviendront de l’histoire d’America On Line (AOL), premier fournisseur d’accès à faire rentrer le web dans les foyers américains.

A cette époque, le web, c’était un modem 56k et des pages web qui mettaient des heures à s’afficher.

AOL avait alors quasiment privatisé l’accès au web avec un navigateur dédié - et bridé, qui nous donnait des sueurs froides avec ses proxys et ses IP volatiles, un portail d’information propriétaire, une application de mail spécifique, peu ou pas compatible avec les autres, etc.
Beaucoup d’américains pensaient alors que le web était AOL car ils avaient rarement la curiosité de « sortir de la boîte », pire beaucoup n’en éprouvaient pas le besoin !

FaceBook, son environnement social et applicatif serait-il en train de remettre ce train de l’histoire en marche ?
Et si FaceBook devenait tellement hégémonique qu’on puisse imaginer un navigateur Facebook complètement privatif et hermétique qui ne donnerait accès qu’à Facebook et à ses applications ? 
Peut-on imaginer que Facebook deviennent tout simplement un web totalement privé en marge du web que nous connaissons aujourd’hui ? Une sorte d'Intranet géant pour vous, votre famille, vos amis, coupé du reste du web ?

Si quelques brèches ont été ouvertes, le chat FaceBook par exemple, qui est désormais accessible via des clients comme Digsby permettant aussi bien de discuter avec vos contacts FaceBook, Gtalk et/ou MSN , FaceBook reste encore aujourd’hui un système relativement hermétique : quelle possibilité existe-t-il pour exporter les données de son profil comme ses contacts, ses emails, ses photos ?
Note : Je ne retiens pas ici la possibilité d'exporter ses status et activités dans FriendFeed qui vient d'être racheté par FaceBook.

FaceBook a aussi récemment changé ses conditions générales d’utilisation pour se garantir la propriété de tout ce qui est publié via ses services… même après la fermeture d’un compte !

Des observateurs attentifs n’ont pas manqué de critiquer et de pointer du doigt ce manque d’ouverture.

Certes, on peut désormais exporter son status FaceBook dans twitter, mais FaceBook continue à protéger jalousement la quantité phénoménale des données recueillies quotidiennement, car son avenir peut en dépendre.

Hormis quelques informations basiques contenues dans les profils, Google ne peut indexer l'ensemble des données FaceBook. L’œil de cyclope de Google est, petit à petit, entaché d’un point noir qui lui cache tout un pan du web en pleine expansion.

Cette « privatisation » du web, vos parents, votre famille, vos amis pourraient probablement s’en contenter. Finalement, FaceBook répond à leurs besoins, comme AOL en son temps.
Petit à petit on trouve tout sur Facebook, on commence même à y faire du commerce en ligne.

Facebook propose un concentré du web délivré dans un environnement uniforme et maitrisé. En effet, l’environnement de Facebook a pour avantage d’homogénéiser les interfaces et les applications, et ce n’est pas une mince affaire dans un web devenu tellement « brouillon ».

Vous et moi sommes peut être habitués à passer d’un site à un autre en nous adaptant à des dizaines de nouveaux repères ergonomique différents, modelés par nos longues heures de surf, mais qu’en est-il des internautes plus occasionnels ou des seniors ?

Pour mémoire,  sur Facebook ce sont aujourd’hui plus de 200 millions de membres  - un internaute sur cinq dans le monde! - qui passent en moyenne 20 minutes par jour sur le site…

Facebook a pour ambition de proposer une vision plus personnelle et plus humaine du web et de détrôner Google et ses terra octets de données organisées mathématiquement au centre sur web.

La course à la conquête du web est frénétique entre ces 2 sociétés dont les philosophies sont si différentes. AOL pensait en son temps qu’il fallait maitriser les tuyaux pour contrôler le web. Erreur stratégique qui en rappelle d’autres - IBM doublé par Microsoft, par exemple. Facebook sait que sa valeur réside dans la masse colossale d’informations collectées tous les jours sur son système, d’où la tentation de la protéger voir de la privatiser. Les avis et commentaires de ses millions d’utilisateurs pourraient, par exemple, devenir un jour la plus forte communauté de recommandations pour le commerce en ligne…

Certes, cette vision extrêmement propriétaire de l’avenir du web et de FaceBook a de grandes probabilités de n'être que pure spéculation, mais comment être certain que cela n’arrivera jamais ?
D'autres prennent le contrepied de cette vision, tel David Recordon, d'O'Reily Radar, qui explique longuement pourquoi, selon lui, FaceBook abandonnera d'ici fin 2010 cette politique du Walled Garden, pour devenir le réseau social le plus ouvert du web social. Essentiellement pour des raisons économiques.

De façon réaliste, la route est encore longue avant que FaceBook puisse prétendre à cette évolution et le premier challenge sera de trouver un modèle économique qui permette de supporter les coûts de ce "web privatif"… et ça, c'est encore loin d'être gagné !

Illustration via GeekAndPoke



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