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Qui veut ce crapaud d’Alpozzo ?

Par Yanka

On me rap­porte que le dénommé Marc Alpozzo aurait écrit en juin 2007 un texte sur Alain Soral inti­tulé Qui veut la peau d’Alain Soral ? On me rap­porte égale­ment que ce texte ne serait que le pla­giat d’un article com­mis en jan­vier 2007 par l’estimable Serge Rivron, inti­tulé « comme par hasard », lui aussi, Qui veut la peau d’Alain Soral ?

Dilemme pour moi : Marc Alpozzo et Serge Rivron figurent au nombre de mes amis sur Face­book. Je suis presque sommé par un autre de mes amis, mais non direc­te­ment, d’expulser Marco Alpozzo de mes ami­tiés face­boo­kiennes. Je n’aime pas les som­ma­tions d’où qu’elles émanent, ni qu’on choi­sisse pour moi qui mérite d’être ou non de mes amis. J’y reviendrai.

Mon rap­por­teur est Serge Rivron lui-​​même, qui par hasard a décou­vert tout récem­ment le pla­giat dont il accuse Marc Alpozzo (plai­sam­ment rebap­tisé Mar­cus Elbozo). Le détail de l’affaire nous est exposé par Serge sur son propre site, accom­pa­gné d’un docu­ment où sont consi­gnés les vifs échanges par mail entre l’accusateur et l’accusé. Ce n’est pas beau à lire, et c’est dian­tre­ment ins­truc­tif sur le voca­bu­laire off du peu gra­cieux Alpozzo.

Pla­giat or not pla­giat ? Je ne me pro­non­ce­rai pas défi­ni­ti­ve­ment, car ce n’est pas aussi simple. Le titre est iden­tique et la conclu­sion itou. Le texte de Rivron est une com­mande du web­zine e-​​Torpedo (dont Rivron comme Alpozzo sont membres du comité de rédac­tion) et répond à une néces­sité de l’époque : le com­ment du pourquoi de l’adhésion récente au FN d’Alain Soral. Le texte de Rivron ne parle pas d’autre chose. Son titre est une ques­tion à laquelle répond sa conclu­sion : nul autre que Soral lui-​​même ne veut la peau de Soral. L’article de Serge a comme mérites d’être concis, clair, bien troussé. Celui d’Alpozzo, sur­venu six mois plus tard, est… com­ment dire ?… vaseux — sur le fond comme dans la forme. Il ne répond à aucune néces­sité. Il semble être une cri­tique du der­nier livre paru (à l’époque) de Soral (CHUTe !), sauf que le livre est paru un an plus tôt. Mais la cri­tique fait flop dans la mesure où les extraits du livre de Soral don­nés par Alpozzo sont tous issus de… la pre­mière page du bouquin de Soral et dis­po­nibles ailleurs sur le Web (ici, par exemple), et ce depuis bien avant la rédac­tion de l’article d’Alpozzo. Après avoir lu l’article ori­gi­nal de Rivron et sa pâle copie par Alpozzo, j’ai d’abord pensé que ce n’était pas la même chose, que Marc Alpozzo par­lait d’un livre donné et en par­lait pour l’avoir lu, à preuve les extraits choi­sis et com­men­tés. Or, il appa­rait que les extraits n’ont pas été choi­sis par Alpozzo après une lec­ture atten­tive et soi­gneuse du livre de Soral, mais pom­pés ailleurs. Si même il les a tirés du livre de Soral, son choix prouve qu’il n’a pas poussé très loin sa lec­ture et qu’il s’est contenté de par­cou­rir la pre­mière page, pour en copier/​coller des extraits exac­te­ment dis­po­nibles comme tels sur d’autres sites. Pourquoi se fati­guer ? Ou bien alors, puisque tout est pos­sible, il a lu le livre, sans rien en pen­ser de pré­cis, sans être capable d’en tirer de quoi nour­rir un article soi­gné aux petits oignons, mais avec au ventre, che­villée, la ter­rible pul­sion de consa­crer tout de même un article à la chose CHUTe ! et au bon­homme Soral. On appelle ce vice la graphomanie.

Alors m’est venu tout natu­rel­le­ment le soupçon que le texte tout entier d’Alpozzo n’était qu’un assem­blage plus ou moins inha­bile de réflexions prises ailleurs (son texte parait, je le rap­pelle, un an après la sor­tie du livre de Soral, et en un an beau­coup d’articles et de revues de lec­ture ont été publiés sur le Web et ailleurs, si bien que le vivier est large où pui­ser). Le texte d’Alpozzo ne serait donc qu’un condensé d’opinions ramas­sées çà et là, plus ou moins liées, avec un titre et une conclu­sion car­ré­ment volés à Serge Rivron et non maquillés. Tout ceci explique­rait le vaseux de l’affaire, la pénible impres­sion éprou­vée à sa lec­ture, de ne pas arri­ver à sai­sir si l’auteur défend ou non Soral, l’approuve ou non (d’un côté oui, de l’autre non). On observe dans ce texte un conti­nuel balan­ce­ment entre l’admiration pour un cas des lettres et un dédain pour sa pos­ture poli­tique. C’est que, si tous les phé­no­mènes en lit­té­ra­ture l’intéressent, Marc Alpozzo n’en est pas un lui-​​même et réa­lise cette prouesse de sem­bler adhé­rer, en par­tie du moins, à tous les cou­rants poli­tiques et phi­lo­so­phiques dis­po­nibles en France sur le mar­ché (et ça en fait beau­coup pour une seule tête). Je sais où je me situe plus ou moins en poli­tique, je le sais aussi pour Juan Asen­sio, Didier Goux, Serge Rivron et tant d’autres de mes amis, non qu’ils s’affichent, mais cela se devine par le biais du style, des réflexions, celui des thèmes trai­tés, celui des auteurs de pré­di­lec­tion et tant d’indices prou­vant au moins une chose : l’intégrité et la consis­tance. Je ne vois aucune de ces qua­li­tés chez Marc Alpozzo.

Pous­sant plus loin ma réflexion à mesure que me gagnaient l’inquiétude et le soupçon, me voici enfin à même de répondre à une ques­tion qui me taraude depuis assez long­temps, et dont j’ai fait part à ma femme à de mul­tiples reprises (c’est mon côté Colombo) : mais com­ment fait-​​il donc, Alpozzo, pour être si pré­sent sur le Web, sur Face­book en par­ti­cu­lier (2600 « amis » !), si pro­lixe et si divers, capable de retrou­ver son aiguille dans un maquis où s’entassent pêle-​​mêle Hei­deg­ger, Houel­le­becq, Matz­neff, Badiou, Dan­tec, Sartre, Céline et cent autres, la plu­part pré­sen­tant entre eux une forte incom­pa­ti­bi­lité. Où trouve-​​t-​​il, ce Titan, le temps et la force de tra­vailler pour nour­rir sa petite bedaine, lire des auteurs par­fois com­plexes ou car­ré­ment touf­fus (la plu­part, des phi­lo­sophes ger­ma­niques), réflé­chir (ou pen­ser, ce qui est pré­fé­rable), en écrire, ali­men­ter son blog et inter­ve­nir dix fois par jour sur Face­book avec une nou­velle actua­lité ? Ce temps, il ne le trouve pas : il le vole à d’autres ; et cette force est sem­blable à celle qu’utilisent habi­le­ment les pilotes de For­mule 1 : l’aspiration. Il uti­lise et recycle l’énergie des autres pour se mettre en valeur et sans doute épater ses mil­liers d’ « amis » vir­tuels. C’est dom­mage et c’est triste. C’est déce­vant, un tel homme. Et je conçois l’amertume de Serge Rivron, sa rage, son mépris pour un type de cette pen­dable espèce : le parasite.

Avant même de lire le texte de Serge et celui d’Alpozzo (une relec­ture en ce qui concerne celui de Serge) et avant de pou­voir me pro­non­cer, je savais déjà que, si l’accusateur exa­gé­rait peut-​​être, comme naguère, peut-​​être, Alina Reyes (ici), l’accusé mis en joue mani­fes­tait une hargne éton­nante à l’égard de Rivron. Je consi­dère Alpozzo comme un type sobre, un peu gris, un peu plat quant au style, mais en tous cas cour­tois, ce qui demeure une qua­lité humaine impor­tante à mes yeux. Force m’est de révi­ser mon juge­ment. Il reste gris, il demeure plat, mais il devient gros­sier. Et le devient sans rai­son. S’il n’a pas, comme  il l’affirme et le réaf­firme avec excès de hargne, pla­gié le texte de Serge, pourquoi diable à ce pre­mier et fort poli mail de Rivron (« Me bala­dant sur votre site, je tombe avec stu­pé­fac­tion sur “votre” article sur­monté de mon titre. La moindre des choses sur le Net, c’est d’indiquer ses sources, Mar­cus ! »), répond-​​il avec une telle vio­lence : « Désolé mon vieux, mais ce titre je l’ai trouvé tout seul, sans toi ! Tu n’as pas l’exclusivité de ce style de titre ! De plus en plus ridi­cule mon cher Rivron. Pour qui te prends tu espèce d’écrivaillon de merde ! » Si l’on m’accusait à tort de pom­page intel­lec­tuel, j’exprimerais avant toute chose ma stu­pé­fac­tion, et je deman­de­rais à com­pa­rer les textes incri­mi­nés. Et s’il y avait effec­ti­ve­ment des simi­li­tudes trou­blantes, je m’en excu­se­rais sans admettre le pla­giat, vu que je n’ai jamais été tenté de copier qui­conque, ni de réécrire des articles cha­par­dés. Bref, j’aurais avec mon inter­lo­cu­teur une franche expli­ca­tion, et s’il per­sis­tait dans son soupçon, je serais très cer­tai­ne­ment tenté de voir en lui un para­noïaque pro­fond et je le lui sug­gè­re­rais sans doute un trai­te­ment appro­prié, mais au grand jamais je ne ver­se­rais sur lui de liquides injures qui, dans le cas d’Alpozzo, sentent la pitoyable défense du sale gamin pincé au plus vif de son for­fait (dont il a honte, bien sûr, étant sujet aux scru­pules, mais pas au point de pas­ser publique­ment aux aveux).

Pour qui te prends-​​tu espèce d’écrivaillon de merde ? Forte pen­sée, puis­sante argu­men­ta­tion ! Je pense, moi, que Serge Rivron, que je connais assez bien via ses textes pour l’apprécier et qui figure au nombre de mes cor­res­pon­dants, se prend pour ce qu’il est : un écri­vain de faible audience peut-​​être mais reconnu, puisque publié, et de talent mani­feste, moins rebelle qu’anticonformiste, et anti­con­for­miste de carac­tère et par convic­tion, et non, comme tant d’autres, par atti­tude, pour l’ivresse confor­table que la posi­tion confère auprès des abru­tis fas­ci­nés par les rebelles en géné­ral, véri­tables ou fac­tices (et sou­vent, hélas ! fac­tices). Marc Alpozzo se prend, au rebours, pour ce qu’il vou­drait paraitre aux yeux de ses innom­brables « amis » et qu’il n’est pas : un type hon­nête, un brave et bon gars, une poin­ture intel­lec­tuelle. Peut-​​être n’est-il même pas le lec­teur acharné qu’il semble être. Peut-​​être ne lit-​​il qu’un livre sur cinq qu’il recense et peut-​​être n’écrit-il vrai­ment qu’un article sur dix qu’il fait paraitre. Le sais-​​je, moi ? Le doute une fois dans la ber­ge­rie, il imprègne tout.

Plus les mails s’accumulent entre Rivron et Alpozzo et plus ce der­nier s’enfonce, sans ces­ser un ins­tant de trai­ter le pauvre Serge de « sous-​​merde écri­vante » (pour résu­mer la pen­sée si abon­dante et expres­sive du coco). Il l’accuse de pla­giat à son tour et pour le même texte (il faut être fort pour pla­gier en jan­vier un texte qui parai­tra en juin !), il se dribble lui-​​même en affir­mant dans un pre­mier temps n’avoir jamais rien lu de Rivron (qui pue de toute façon, de très loin), avant de recon­naitre qu’il a lu un des livres de Rivron en 2005 et que c’était de la merde. Vrai­ment, son empor­te­ment est hors de sai­son et sa gros­siè­reté hors de toute rai­son. Cet empor­te­ment et cette gros­siè­reté signalent le malaise de l’accusé, et signent autant que des aveux son noir for­fait. Je pense que, par hasard, Rivron a sou­levé là un joli lièvre : Alpozzo ne serait pas que le pla­giaire d’un titre et d’une conclu­sion de Rivron, mais un pla­giaire sys­té­ma­tique et réci­di­viste com­plè­te­ment paniqué à la pers­pec­tive d’être débusqué et mis en joue par au moins 2500 de ses 2600 « amis » sou­dai­ne­ment deve­nus chasseurs.

Une chose, au-​​delà de la gros­siè­reté pour moi inat­ten­due et inac­cep­table d’Alpozzo, me met mal à l’aise : c’est qu’il figure au nombre de mes amis sur Face­book (42 amis, dont quelques proches ou amis réels, et même un de mes chats !) et que je figure ainsi au nombre abra­ca­da­brant des siens. C’est lui qui m’a sol­li­cité, et j’accepte ce type de sol­li­ci­ta­tions quand elles émanent ou bien de lec­teurs de mon pauvre blog ou bien de per­sonnes que je connais suf­fi­sam­ment (via tel ou tel blog). Je suis sinon peu actif sur Face­book. Par­fois je laisse une réflexion iro­nique en com­men­taire sous la publi­ca­tion d’un de mes amis, comme je l’ai fait tout récem­ment encore chez Alpozzo, à pro­pos de Hei­deg­ger. Or voilà qu’hier soir je lis chez Juan Asen­sio, sur son « mur », une remarque à tra­vers laquelle je me sens visé. Il se borne à trou­ver bien étrange que cer­tains, en connais­sance de cause, per­sistent à conser­ver Alpozzo parmi leurs amis au lieu de le virer promp­te­ment et sèche­ment, comme le mal­propre que ses pro­cé­dés dénoncent. Il se fait que je figure dans le pre­mier cercle de ceux à qui Serge Rivron a cru bon devoir com­mu­niquer son pro­cès, et que je n’ai pas expulsé Alpozzo de ma cabane. Pourquoi ?

Hier soir, j’avais lu les pièces four­nies par Serge Rivron et même deux fois, puisque j’ai cru bon devoir les relire à haute voix pour l’édification de ma chère et tendre qui ignore par­fois à quel point sont sales les des­sous de la lit­té­ra­ture. Je les avais lues et ma convic­tion était à peu près faite. Or, je ne suis pas homme à me conten­ter d’accusations. J’ai besoin de mener moi-​​même une contre-​​enquête, de consti­tuer ma petite docu­men­ta­tion per­son­nelle. Ce à quoi je me suis livré ce matin et dont cet article est le résul­tat. Mais à l’heure où je rédige ces lignes, Alpozzo est toujours mon « ami ». Duplicité ?

Je n’aime pas, je l’ai dit, les som­ma­tions, sur­tout de ce genre. Je suis et demeu­re­rais l’ami de qui je veux, pape, ter­ro­riste ou tenan­cier de pis­so­tière. Et je n’ai à cela aucune rai­son à four­nir. Je veux bien que n’importe qui peut voir sur Face­book de qui je suis l’ami et qui sont les amis de mes amis et les amis des amis de mes amis, et je ne songe pas à les cacher, mais je ne sup­porte pas qu’on vienne éplu­cher ma liste d’amis pour ensuite venir me dire, comme si j’étais un inno­cent : « Méfiez-​​vous d’Untel : c’est un gros porc ! » ou « Gaffe à l’autre, là : c’est une ordure finie ! » Je ne vire­rai donc pas Alpozzo de ma liste d’amis. Si lui désire n’avoir plus que 2599 amis, qu’il m’écarte donc : je n’en souf­fri­rai point, qu’il le sache. Ni dupli­cité, ni magna­ni­mité de ma part. Sur un plan stra­té­gique — et ce n’est pas Juan Asen­sio qui me contre­dira —, je trouve plus inté­res­sant, lorsqu’on est un saint, d’avoir un pied en Enfer, et lorsqu’on est un démon, d’avoir un pied au Para­dis… des fois qu’on y gla­ne­rait de quoi ravir, selon le maitre qu’on sert, Dieu ou le Diable…


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