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Au coeur de l'Uttar Pradesh

Publié le 19 novembre 2009 par Celineakavps

Apres dix jours a Khajuraho a m'enfiler des verres de the avec toute la ville pour prendre des nouvelles des uns et des autres, je me suis enfin decidee a bouger et ai invite mon pote Dinesh (aujourd'hui, 20 ans) pour qu'il decouvre ce qu'est faire du tourisme... he be... rate : notre periple s'est transforme en pelerinage puis en visite de courtoisie a la famille dans un village au coeur de l'Uttar Pradesh. Punahir que ca s'appelle. Premiere occidentale a avoir l'honneur d'y penetrer...

Apres notre pelerinage dans la ville sainte de Chitrakoot (que je vous conterais bientot), nous  empruntons une premiere jeep. 25 passagers prennent place dont 5 sur les deux sieges avant : le conducteur a donc la moitie du corps a l'exterieur du vehicule... Je suis bien entendu la seule a m'emouvoir de cette inconfortable position avant de me resigner comme tous, que pour quelques roupies supplementaires, ce monsieur mette en peril nos vies. La route est cahotique mais la traversee des villages, riche en couleurs et emotions diverses et variees ! 7 mois et demi en Inde au total mais jamais, je n'ai  autant eu le sentiment d'etre au coeur du truc.

Le traffic routier est incroyable : cars deglingues, motos, scooters, velos, autorickshaws, cyclorickshaws, voitures, camions, pietons mais aussi charettes tirees par un cheval, anes, vaches, chiens, singes, chars a boeufs... A chaque village, son marche frais. Je decouvre, le temps d'une pause, un fruit a la peau noire qui a un peu le gout de nos chataignes. Un pur regal !

La region est pauvre et pour la premiere fois, je realise que l'on peut mourir de faim en Inde : la malnutrition est belle et bien presente. Les enfants, notamment les touts-petits, mais aussi les femmes et les vieillards en sont les premiers touches. Beaucoup de corps maigres donc et une silhouette de femme, que dis-je, une ombre se deplacant au ralenti, la nuit tombee, sur le bord de la route, apres certainement une journee harassante aux champs, m'a boulversee : elle semblait esperer se faire renverser...

Arrives a une intersection, nous changeons de jeep. Je propose alors a Dinesh de prendre cinq minutes pour un the mais il me presse : d'apres lui, le coin est dangereux notamment pour moi. L'Uttar Pradesh n'est pas repute securitaire et il est vrai qu'a bien y regarder, z'ont plutot des mines patibulaires, mes congeneres. Alors que Dinesh me revele que tous les villageois, ici, possedent une arme a feu, en voici un qui se met a eructer contre notre chauffeur, un baton de bambou a la main... "Probleme familial". Dix minutes plus tard, ses jeremiades et gestes menacants fatiguent tout le monde : une huitaine d'hommes parviennent a le calmer. Nous tracons de nouveau notre route, pleins phares... jusqu'a notre "nouvelle vie" dixit Dinesh : ayant failli nous prendre un camion, le conducteur prendra meme 20 secondes pour se remettre de sa peur, c'est dire ! La suite du trajet me semble durer une eternite notamment a cause de mon camarade a gauche qui aboie litteralement sur toutes les femmes qui croisent notre chemin alors que les vaches au milieu de la route ne semblent pas le perturber plus que ca...Une regle indienne (indian rule) que je dois ignorer doit certainement lui dicter ce comportement  pense-je. Dinesh ne detrompe : seuls l'analphabetisme et le manque d'education en sont la cause. Il ira  jusqu'a demander a Dinesh comment il peut communiquer avec moi, la maintenant tout de suite comme si apprendre l'anglais etait possible en deux minutes...

Deposes au milieu de nulle part, Lalit, le cousin de mon ami, nous attend dans la plus complete penombre, un employe a ses cotes, employe qui se voit confier mon sac a dos sur tout le long d'un chemin boueux ou je manque de glisser quelques fois, sous les rires de mes compagnons. Faut-il preciser qu'il m'est difficile de savoir ou je suis puisque seule le telephone portable de Dinesh m'eclaire la "route"  ? (j'apprendrais que l'electricite est uniquement en service de 20h a 8h). Une demi-heure de crapahutage plus tard, nous arrivons dans une grande et traditionnelle maison  avec un patio en terre comme je les aime.

Nos hotes nous accueillent chaleureusement : la soeur de la mere de Dinesh est une vieille dame affable qui manque de m'etouffer tellement ses bras m'enserrent. Son epoux, plus reserve mais non moins sympathique, se contente de joindre les mains et de me saluer par un "namaste". Decidee, cette annee, a soutenir moralement les indiennes, je m'en vais regarder la dame nous preparer un curry de legumes et des puris (galettes) tandis que les hommes badinent et se pourissent les dents avec du betel, affales sur un lit. Comme d'habitude, malgre la barriere linguistique, elel comprendra que j'ai 35 ans, que je ne suis pas mariee et que je n'ai pas d'enfants. Pour elle, c'est incomprehensible, au dela meme de son systeme de pensee : elle semble prete a m'arranger un mariage et m'offre pour me mettre dans le moove, des bracelets. Selon les etats et les castes, le jour de leur mariage, les femmes se parent de breloques signifiant qu'elles sont desormais epouses : boucles d'oreille, colliers, piercing nasal, bagues d'orteils et bracelets de chevilles mais aussi bindi entre les yeux et trait de sindoor dans les cheveux.

Le lendemain matin, Dinesh, Lalit et son homme a tout faire sans lequel il ne peut sortir dans le village 'cause vieille regle dont je n'ai pas saisi tous les tenants et aboutissants me font visiter les lieux : maisons traditionnelles, chemins de terre, puits et ... visages incredules : les femmes qui lorsqu'elles sortent de leur maison se couvrent integralement le visage avec un pan de leur sari osent se devoiler pour mieux me voir... enfin, elles cachent tout de meme leur visage avec une main genre comme moi quand je regarde un film qui fait peur mais que je ne veux pas rater une image... Je n'aurais malheureusement pas l'occasion d'avoir des echanges plus pousses : Lalit craint leurs reactions face a l'inconnu.

La visite se terminera par un tour dans les rizieres ou nous croiserons un cobra...


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