Magazine Séries

La Une est à vous

Publié le 19 novembre 2009 par Ladytelephagy

Parfois, on se dit qu'après bientôt trois ans à tenir un blog avec plusieurs centaines de posts à son actif, on va avoir du mal à trouver des sujets de conversation. Et puis parfois, les sujets s'imposent d'eux-mêmes. En l'occurrence, je me suis mise à repenser à la façon dont j'étais tombée en téléphagie (ça ne fait pas mal) et j'ai réalisé qu'il y avait encore plein d'anecdotes dont je n'avais pas parlé. Alors qu'en fait, je suis sûre qu'elles sont arrivées à beaucoup d'entre nous. Rien ne rapproche plus deux téléphages que lorsqu'ils découvrent qu'ils ne regardaient pas la même série, mais qu'ils y sont venus de la même façon, d'ailleurs.

Je ne vais donc pas revenir une fois de plus sur ce que, étant lecteurs réguliers de ce blog, vous savez déjà : comment j'ai commencé à regarder des séries avec V, L'Enfer du Devoir et La Belle et la Bête, quand j'étais petite, avec ma mère à mes côtés pour m'aider à prendre du recul ; comment on regardait les séries de midi et de 20h sur M6 quand mon père n'était pas là ; comment SPACE 2063 et Invasion Planète Terre m'ont servi de déclic ; comment avec la découverte de Band of Brothers est venue l'investigation de la Toile... Suivez les tags si vous avez loupé ces histoires-là, au pire.

Non, je voulais partager des souvenirs quasiment prétéléphagiques avec vous. Datant de l'époque où je vivais dans un monde où il n'y avait que deux façons de voir une série : en cachette de mon père pendant que celui-ci était au travail, ou avec lui. Et dans ce dernier cas, c'était lui qui décidait quoi et quand.

Pendant longtemps, mon père n'a regardé que 3 types de programmes à la télé : les informations sur TFHein, Reportages sur TFHein, le Grand Prix de F1 sur TFHein. Il est éventuellement possible que ces programmes aient un vague point commun.

En fait, le weekend, mon père allumait la télé pour le 13H, et ne l'éteignait pas ensuite : le samedi, Reportages, le dimanche, le Grand Prix (sauf évidemment quand les voitures vrombrissaient dés 7h du matin, là il finissait sa matinée devant le 13H). Zut alors, maintenant que j'y pense, mon père a toujours été son propre genre de téléphage, en fait. Sacrée surprise ! Quand on met les éléments bout à bout, on se rend compte que les choses ne sont pas ce qu'elles veulent bien laisser croire qu'elles sont ! Mon père a toujours fait celui qui n'aime pas la télé, mais je m'aperçois qu'il y a passait pas mal de temps en fait.

Mais il n'y avait pas forcément un Grand Prix tous les dimanches, non plus. Et il était communément admis, avant que chacun ne parte s'acquitter de ses corvées, qu'après le 13H, les parents laissaient la télé allumée le temps d'un épisode. C'était un accord tacite : on pouvait regarder la télé avec eux, ou pas, mais il y avait une série et une seule, c'était ce moment-là ou jamais. A l'époque où on nous forçait à regarder le journal télévisé, la question de rester pour la série ne se posait d'ailleurs même pas, et celle-ci était toujours accueillie avec un certain soulagement. Ce n'étaient pas des séries qui me plaisaient vraiment mais enfin, c'était mieux que rien du tout.

Alors pendant des années, Starsky & Hutch, Le Rebelle, Rick Hunter, ou Walker Texas Ranger ont été les seules séries du weekend. Faut de mieux...

StarskyHutch

Quand j'entends le générique de l'une ou l'autre de ces séries, j'ai tout de suite l'odeur du café noir de mon père qui remonte à la surface, le souvenir du café qu'il prenait en grignottant un biscuit sec et sans saveur (parce que dans ma famille, quand on se détend, on ne le fait pas complètement, on entretient une part de frustration systématique), et si quelqu'un me lance le générique de Walker Texas Ranger, mettons, j'ai l'impression que le bruit de la cafetière est intégré dans la piste sonore.
Ensuite, l'épisode fini (toujours de la même façon d'ailleurs), mon père se levait, allait éteindre la télé, et cela sonnait le glas de la détente du jour. Chacun se devait d'aller qui faire la vaisselle, qui balayer les escaliers, qui passer la serpillière, qui sortir ses outils pour bricoler.

Vers 18h00 environ, le temps des corvées était fini, et c'était alors d'une autre façon que se posait la question de la télévision. Heure traditionnellement réservée aux bains des enfants (ma soeur et moi, donc), l'idée était d'essayer de grapiller quelques minutes de télévision pendant que l'autre était dans le bain. Soit on se débrouillait pour passer la première, on faisait au plus vite, et on essayait de se mettre devant la télé pour une heure quasi-pleine avant le dîner, soit au contraire, on commençait par allumer la télé et on trainait le plus possible avant d'aller à la salle de bains. Inutile de dire que quand les deux soeurs avaient choisi chacune une technique, ça provoquait quelques frictions ! Ma mère passait un dernier coup de serpillière, et le dimanche soir sera toujours pour moi lié à l'odeur du produit d'entretien bon marché, vaguement citroné, qui embaume pendant qu'on se colle devant la télé en attendant que papa revienne du garage, du jardin, ou l'endroit de la maison où il avait bricolé tout l'après-midi. Et dés qu'on entendait la porte de la cave ou le bruit de l'échelle qu'on replie, vite, vite ! On éteignait la télé et on était toutes les trois, soit une femme avec son balais trempé et les deux gamines en peignoir bariolé, quasiment au garde à vous, l'air de rien, et on enchaînait sur l'installation du dîner.

Un weekend de télé, c'était toujours synonyme de petites fenêtres de possibilités dont il fallait se saisir au plus vite, de TFHein, et d'odeurs domestiques.

Plus tard, bien plus tard, nous avons bataillé pour avoir une petite télé dans la chambre de ma soeur, et nous avons gagné d'arrache-pied une nouvelle liberté téléphagique. Mais c'est une toute autre histoire...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ladytelephagy 428 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines