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Lettre anonyme - Georges Hyvernaud

Par Zorglub

Lettre anonyme - Georges HyvernaudPrésentation de l’éditeur :
D’Hyvernaud, on sait depuis longtemps les vocations : grand arracheur de cataplasmes devant l’Éternel, saleur de plaies et videur d’abcès. Guerrier secret contre tout, masques et maquillages. D’avoir vu l’humanité dans la piteuse nudité des camps, de l’avoir retrouvée dans le costume volé du vainqueur a déterminé chez lui une série de textes impitoyables : La Peau et les os, Le Wagon à vaches, tous réédités par Le Dilettante. Les textes offerts aujourd’hui fouillent une autre plaie : celle de la dénonciation anonyme. Et Hyvernaud de rôder avec une rage gourmande autour du dénonciateur : « L’anonyme est soigneux, studieux, rangé, douillet. » Au cœur de l’action, on trouvera Chabrelu. Très exactement l’idée qu’on se fait d’un Chabrelu : un lieu commun humain, gris pâle et monofonctionnel, fade et réglé. Une belle pâte à modeler la souffrance telle que la conçoit l’anonymographe. Le spectacle de la banalité rend méchant. « L’eau triste » donne l’envie de jeter des pierres. Dont acte. Joints à cette pièce de résistance (au sens historique du mot) quelques autres coups de scalpels viennent en rajouter, si besoin est, sur la seule certitude d’Hyvernaud : vivre déçoit.

Un début de roman inachevé sur l’anonymat et la dénonciation anonyme, avec des personnages haut en couleur dans leur insignifiance, suivi de quelques nouvelles. Des phrases ciselées, des mots au scalpel, implacables,  pesés, un humour omniprésent  mais évanescent. Hyvernaud : un horloger du langage.  Et le Chantre du désespoir absolu.

« Un artiste. Un homme de lettres, l’homme à la lettre. Il n’écrit pas n’importe quoi. Il choisit ses mots. Il sait la stupéfiante puissance des mots. Des mots, on ne s’en méfie jamais assez. Il n’est que trop légitime d’avoir peur des mots. Sur le papier, rangés les uns auprès des autres, ils n’ont pas l’air redoutable. Inertes. Indifférents. Inoffensifs comme les clients à la terrasse du café. Des invalides sur un banc, devant l’hospice. Ne pas s’y fier.  Mais ça peut ronger une vie. C’est de l’acide,  les mots. Un poison lent. Ça peut détruire. Ça peut tout faire sauter en morceaux. C’est de la dynamite. […] » p.19-20

« Les vacances, c’est un mauvais moment à passer. Un dimanche qui durerait des semaines. » p.33

« Ce qu’il y a de déroutant dans la sincérité, c’est qu’elle ressemble au mensonge. » p.79

« Le bonheur, ça se fait probablement toujours selon les mêmes recettes. Avec du mensonge, des secrets, des choses qu’on cache. » p.80-81

« La terre, c’est comme le sommeil, comme l’enfance : incompréhensible une fois qu’on en est sorti. » p.213

Editions  Le Dilettante - 218 pages


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