En l’absence du présent

L’industrie de la mode vit à un rythmne abracadabrantesque. Nous travaillons en effet toujours sur au moins trois saisons à la fois. Et j’ai parfois l’impression qu’il y a un temps que je ne conjugue jamais dans mon travail: le présent.
La collection que vous découvrez sur le site en ce moment appartient pour moi au passé ou à l’imparfait. Je l’ai dessiné il y a plus d’un an et aujourd’hui je dissèque ses défauts et ses qualités. J’observe ses performances à la vente ;) mais, quoi qu’il arrive, je ne peux plus rien faire et c’est donc de l’histoire ancienne, du passé.
Dans quelques jours, la collection de cet été entrera dans sa phase de confection dans plusieurs ateliers. Pour la plupart des grosses marques de prêt à porter, cette production est déjà bien avancée. Ces collections appartiennent donc à la fois à un futur proche et déjà un peu au passé. Vous me suivez?
Je conjugue aussi le futur du subjonctif. Les modèles que j’imaginent en ce moment ne seront en vente que l’hiver prochain. Ils sont en cours de prototypage et seront présentés aux boutiques au mois de janvier 2010.
Enfin tous les jours, chaque minute de ma journée, je conjugue aussi ce que les anglais appellent le présent progressif. Vous savez la fameuse forme en ING, celle que les francophones ont tant de mal à maitriser. C’est ce temps qui implique une action, un mouvement, une progression: je suis entrain de … refléchir, imaginer des petites choses…
Je ne conjugue jamais le présent dans mon métier ou si peu. Par contre avec ma petite fille, je ne conjugue aucun autre temps. Les enfants sont dans l’instant, n’ont pas encore de nostalgie et le futur ne les interressent pas beaucoup… sauf peut-être la venue du Père Noël!
Ci-dessous, une preuve, s’il en faut, que je travaille au futur. Cette photo est un extrait du shooting printemps/été 2010 réalisé samedi dernier.