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Macho, macho man…

Publié le 28 novembre 2009 par Boustoune

Je suis un homme. Désolé, personne n’est parfait…
Je me sens obligé de m’excuser de cet hasard génétique qui m’a doté d’attributs virils, car je viens de voir le documentaire de Patric Jean, La domination masculine. Donc je suis censé avoir compris que je ne suis qu’un ignoble macho qui entretient, sciemment ou non, un système patriarcal séculaire régi par des codes iniques et rétrogrades, un monstre poilu imbécile qui tient à son petit pouvoir sur le sexe dit “faible”, une enflure qui traumatise toute la gent féminine en fantasmant sur des actrices dont les mensurations « parfaites » ne sont absolument pas représentatives de la moyenne nationale, et encore moins internationale, un salaud qui, au fond de lui, hait les femmes et qui mériterait donc de se faire castrer par Lisbeth Salander, l’héroïne punk de “Millénium”…
Pfiuu… Et moi qui pensais naïvement être quelqu’un de bien…
Je fais le ménage, le repassage (un peu par obligation, c’est vrai) et la cuisine (ça par contre, par plaisir). Mon supérieur hiérarchique, pardon ma supérieure hiérarchique, est une femme et ça ne me pose pas de problème du tout… La grande majorité de mes collègues sont également de sexe féminin et je n’ai aucune peine à les considérer comme mes égales, voire même comme plus compétentes que moi. Je vais chaque année, sans y être forcé, voir des films de femmes cinéastes dans un festival hérité des mouvements féministes des années 1960… Je suis partisan de l’égalité des sexes et aime à défendre les femmes qui se battent pour gagner les mêmes droits que les hommes, un peu partout sur la planète. Bref, je croyais être un homme moderne, ouvert et tolérant avant que ce documentaire consacré à la discrimination sexuelle et la violence exercée contre les femmes ne vienne, accusateur, ébranler mes convictions…
Ô homme, contemple le mal (le mâle ?) que tu as fait à toutes ces pauvres femmes !
Bref, je ne sais plus trop si je suis un type bien ou un affreux misogyne… En revanche, je sais encore faire la différence entre un bon film et un mauvais, et celui-ci se classe malheureusement dans la seconde catégorie…
La domination masculine - 4   La domination masculine - 3  
Le sujet était passionnant car malgré les avancées majeures du féminisme au cours des dernières décennies, du moins dans la plupart des pays occidentaux, il reste encore des domaines où les inégalités perdurent, où la discrimination sexuelle est monnaie courante, et le machisme est encore très présent, et parfois très violent, dans de nombreux foyers. Et je ne parle même pas de tous ces pays où les droits des femmes n’existent purement et simplement pas… Il aurait été intéressant d’expliquer d’où viennent ces inégalités, comment elles se sont perpétuées au cours du temps. De rappeler les premiers combats féministes et les victoires acquises dans la douleur. De faire l’état des lieux dans les pays dits civilisés, voir ce qui a changé de manière positive et négative et ce qu’il reste à accomplir. De montrer comment les femmes et les hommes voient leurs relations aujourd’hui et de comparer avec les discours tenus dans la première moitié du XXème siècle. Bref d’expliquer, d’analyser, de débattre, de confronter les points de vue – c’est le minimum que l’on pouvait attendre d’un film prônant l’égalité…
Au lieu de cela, Patric Jean a signé un film brouillon, décousu, déséquilibré, qui se contente d’énumérer des situations où les femmes sont humiliées, battues, soumises. Il empile les faits comme autant de documents à charge contre la gent masculine mais il ne propose aucune réflexion, aucune analyse, aucune étude sociologique fouillée. Il ne fait que raviver les tensions entre hommes et femmes, espérant probablement une véritable guerre des sexes dans laquelle il a déjà choisi son camp. Son documentaire est totalement partial, sans nuances, sans subtilité, et tellement ridicule qu’il finit par desservir la cause qu’il défend.
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Il est facile de sortir des images d’archive de leur contexte pour en extirper des propos présumés misogynes. Il est facile de choisir une ou deux publicités qui montrent une image « dégradante » de la femme, de s’offusquer du fantasme de la taille mannequin véhiculé par les média et la publicité. Il est facile de pousser de pauvres types, tel ce vendeur de jouets, à dire ce que l’on voulait entendre. Il est facile de tirer des conclusions hâtives à partir de quelques documents choisis. Il est facile d’émouvoir en alignant les témoignages de femmes violées ou battues par leurs conjoints. Et puis, pour bien couronner le tout, d’insister lourdement sur un fait divers canadien où un étudiant a tué quatorze de ses camarades, toutes des femmes et toutes féministes…
Il est facile de laisser s’exprimer des femmes visiblement cultivées et intelligentes sur les combats féministes, et de leur offrir en seul contrepoint les interviews de gros beaufs imbéciles. Ah, pardon, c’est inexact : il y a aussi les propos d’un maître de la pensée contemporaine, un esprit ô combien subtil, en la personne de Monsieur Eric Zemmour, dont la tolérance légendaire n’a d’égale que sa courtoisie… Une référence, quoi…
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En fait, en employant les mêmes procédés que Patric Jean, on aurait très bien pu faire le même film, à charge contre les femmes cette fois. On aurait pu tirer de leurs contexte certaines diatribes anti-hommes prononcées par des femmes respectables et jeter le discrédit sur elles. Montrer des publicités où l’homme est lui aussi objet de désir – il y en a aussi un wagon – et pleurer sur le fantasme du beau gosse musclé véhiculé par les média et la publicité. Par exemple en filmant les projections de Twilight et ces adolescentes hystériques qui se pâment devant le beaaaaauuuuuuuuu Robert Pattinson, ou qui bavent sur les pectoraux huilés de son concurrent Taylor Lautner. On pourrait trouver des témoignages d’hommes qui ont vu leur vie brisée par la perte de leurs enfants lors d’un divorce, alors que tous les torts étaient du côté de leurs compagnes. On pourrait même trouver des cas d’hommes battus, oui, oui, ça existe… Et citer les meurtres d’Aileen Wuornos, qui ne tuait que des hommes, par haine… Enfin, on pourrait interviewer quelques féministes intégristes qui prônent une société sans hommes, ou du moins où ils sont relégués au rang inférieur. Ce n’est qu’une minorité, bien sûr, mais en utilisant quelques ruses de montage, cela diaboliserait le mouvement féministe et mettrait en valeur les propos masculinistes. Ah, et on pourrait aussi interviewer une autre ancienne comparse de Ruquier, Isabelle Alonso, elle aussi une référence en matière de propos posés et tempérés…
Evidemment, une telle œuvre serait foncièrement malhonnête, scandaleusement partiale, et provoquerait l’ire, justifiée, des associations féministes et du spectateur, fâché d’être pris pour un imbécile… Alors pourquoi cautionner les mêmes procédés chez Patric Jean ?
Certains vont probablement arguer que la fin justifie les moyens, que le but d’un film comme La domination masculine est de provoquer le spectateur pour mieux l’amener à réfléchir. Et que sa méthode, plus que celle d’un documentariste, s’apparenterait à celle d’un pamphlétaire, un peu à l’image des films engagés, partisans, de Michael Moore.
D’accord, mais la différence entre Patric Jean et Michael Moore, c’est que le rondouillard cinéaste américain, lui, a du talent, des idées à apporter et surtout de l’humour. Ici, tout est désespérément plat, mou, trop lent, trop démonstratif, et pas drôle du tout, malgré son ironie sous-jacente…
J’ai bien conscience que ma critique négative de La domination masculine risque de me faire passer, à mon grand désarroi, pour un effroyable sexiste, un opposant farouche aux idéaux féministes qui n’a rien trouvé de mieux pour jeter l’opprobre sur la lutte pour le droit des femmes. Mais ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas le seul à ne pas avoir aimé le film. La salle dans laquelle j’étais s’est vidée d’un tiers de ses spectateurs durant la projection. Dont une majorité de spectatrices.
Preuve qu’en matière de cinéma, peu importe le sexe, l’origine géographique, la classe sociale. Ce qui compte, c’est le talent et l’intelligence…
Note : ÉtoileÉtoile
La domination masculine

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LES COMMENTAIRES (2)

Par ximali
posté le 05 décembre à 19:09
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... je ne comprends pas pourquoi vous avez l'air de prendre personnellement quelquechose qui apparemment ne vous attaque absolument pas personnellement. Enfin, je pense qu'en tant que femme, représentante de la gente féminine, ej ne trouve pas les exemples "tirés" par les cheveux. Moi c'est TOUS LES JOURS que j'en ai marre : les femmes nues des pubs, au regard aguicheurs, les femmes a poil et aguicheuse dans els clips, les débats télévisés où je ne vois que des hommes à 80% du temps, j'en ai marre qu'ils me racontent la vie sérieux, j'en ai marre qu'on me dise que la prostitution c'est un mal nécessaire, que pas mal de femmes sont consentantes, j'en ai marre que TOUS LES JOURS j'entende une blague sexiste vaseuse, oui tous les jours, j'en ai marre que presque tousle sjours on me siffle dans la rue etc. je suis désolée mais ce genre d'événement ne sont pas anodins, ils viennent bien de quelquepart, la question est de savoir mais d'où?? Je suis suffisamment intelligente, merci, pour faire la différence entre un beauf débile et un mec respectueux quand même ça va. Femme battue et violée je ne déteste pourtant pas la gente masculine, je sais que tous els hommes ne sont pas des monstres. Je trouve vos propos limite insultants, car cel voudrait dire qu'en gros les gens et particulièrement des femmes féministes, seraient trop bêtes pour faire la différence, et forcément se diraient en sortant de ce film "tous les hommes sont des salauds". Pff mais que c'est réducteur. c'est vil, angoissé et totalement hors sujet. On dénonce un système de pensé, un système social. je suis désolée mais vous êtes jamais allé à un salon automobile? Vous est pas choqué par l'institution débectante des Miss? M'enfin on doit pas vivre dans le même monde!! En disant ceci on dénonce un systeme. Pour autant on ne dit pas que toutes les femmes sont des anges et tous les hommes des monstres. Je ne vois pas du tout où ceci est dit où que ce soit. Je ne le pense pas. en revanche j'en ai marre moi en tant que femme d'être toujours systématiquement ramenée au fait que j'en sois une.

Par celina
posté le 05 décembre à 19:04
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... je ne comprends pas pourquoi vous avez l'air de prendre personnellement quelquechose qui apparemment ne vous attaque absolument pas personnellement. Enfin, je pense qu'en tant que femme, représentante de la gente féminine, ej ne trouve pas les exemples "tirés" par les cheveux. Moi c'est TOUS LES JOURS que j'en ai marre : les femmes nues des pubs, au regard aguicheurs, les femmes a poil et aguicheuse dans els clips, les débats télévisés où je ne vois que des hommes à 80% du temps, j'en ai marre qu'ils me racontent la vie sérieux, j'en ai marre qu'on me dise que la prostitution c'est un mal nécessaire, que pas mal de femmes sont consentantes, j'en ai marre que TOUS LES JOURS j'entende une blague sexiste vaseuse, oui tous les jours, j'en ai marre que presque tousle sjours on me siffle dans la rue etc. je suis désolée mais ce genre d'événement ne sont pas anodins, ils viennent bien de quelquepart, la question est de savoir mais d'où?? Je suis suffisamment intelligente, merci, pour faire la différence entre un beauf débile et un mec respectueux quand même ça va. Femme battue et violée je ne déteste pourtant pas la gente masculine, je sais que tous els hommes ne sont pas des monstres. Je trouve vos propos limite insultants, car cel voudrait dire qu'en gros les gens et particulièrement des femmes féministes, seraient trop bêtes pour faire la différence, et forcément se diraient en sortant de ce film "tous les hommes sont des salauds". Pff mais que c'est réducteur. c'est vil, angoissé et totalement hors sujet. On dénonce un système de pensé, un système social. je suis désolée mais vous êtes jamais allé à un salon automobile? Vous est pas choqué par l'institution débectante des Miss? M'enfin on doit pas vivre dans le même monde!! En disant ceci on dénonce un systeme. Pour autant on ne dit pas que toutes les femmes sont des anges et tous les hommes des monstres. Je ne vois pas du tout où ceci est dit où que ce soit. Je ne le pense pas. en revanche j'en ai marre moi en tant que femme d'être toujours systématiquement ramenée au fait que j'en sois une.

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