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Les statistiques "canailles" du chômage

Publié le 30 novembre 2009 par Juan

Vendredi 27 novembre, Benoit Hamon a frappé fort, en traitant le directeur de Pôle Emploi de "canaille". Les chiffres mensuels venaient de tomber, et l'attention médiatique fut concentrée sur des résultats bien parcellaires : un cinquantaine de milliers de chômeurs de plus en octobre, pour un nombre total annoncé à 2,6 millions de sans-emploi.
Sur le fonds, le porte-parole du parti socialiste a eu tort et raison à la fois. Christian Charpy, "victime" de cette vindicte médiatique, a bien publié tous ses chiffres. Mais Benoit Hamon a eu le mérite d'attirer brutalement l'attention sur la réalité de ces derniers. "Chômeurs", "sans-emploi", "demandeurs d'emploi", les termes semblent interchangeables.
1. La France compte 4,629 millions de demandeurs d'emploi inscrits à pôle emploi. En octobre, ce nombre a progressé de 111 000. Sur un an, l'augmentation est de 20%. La catégorie A (sans-emploi) représente 2,627 millions de personnes (+2% en un mois, +25% sur 12 mois). Ma catégorie B (activité réduite et courte, soit moins de 78 heures dans le mois) regroupe 503 000 personnes (-2,6% sur un mois; +7,8% sur un an). La catégorie C (activité réduite mais supérieure à 78 heures dans le mois) atteint 657 000 personnes (+1% sur un mois; +13,5% sur un an). Les catégories D (demandeurs non tenus de faire des actes positifs de recherche, pour cause de formation, maladie, convention de reclassement) et E (demandeurs mais en emploi) ajoutent 500 000 personnes aux statistiques globales (+ 26% sur un an).
2. En octobre, pôle emploi n'a collecté que 273 300 offres d'emplois, un chiffre en baisse de trente mille par rapport à septembre (annexe 8 du rapport). 107 000 de ces offres étaient de courte durée, pour des emplois temporaires de 1 à 6 mois. 41 000 s'apparentaient à de l'intérim (moins d'un mois).
3. Les offres d'emploi satisfaites en octobre, se sont élevées à 226 000.
4. Le volume de licenciements économiques est stable depuis 3 ans. L'envolée du chômage vient d'une progression des "autres licenciements" (à l'amiable ou pour faute), des fins de missions d'intérim (dès avril 2008), des fins de CDD (depuis janvier 2009; 124 000 sur le seul mois d'octobre) et des "autres cas" (inscriptions des jeunes diplômés, etc). En octobre, les "premières entrées" à pôle emploi ont cru de +10% pour atteindre 34 000 (elles étaient 30 000 en septembre, et 29 000 en août).
5. Les "sorties" des statistiques de pôle emploi proviennent d'abord des "cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation" (196 000 sur 486 000 sorties), auxquels on peut ajouter les 40 000 radiations administratives (+5%). Les reprises d'emplois représentent 101 000 personnes, mais elles progressent peu: + 2% en octobre, +6% sur un an. Les entrées en stage ont cru de +8% (28 800 en octobre).
6. L'analyse géographique des statistiques pourrait être utile pour les prochaines élections régionales : les plus fortes hausses dun nombre d'inscrits à pôle emploi depuis un an se situent en Alsace (+30%), en Franche-Comté (+28%), en Lorraine (+27%), dans les Pays de la Loire (+27%) et en Rhône Alpes (+26%).
7. La part des demandeurs d'emploi indemnisés s'élève à 60%, dont 328 000 dispensés de recherche d'emploi (i.e. les pré-retraités). Ce taux est en légère baisse depuis un an (-0,6 point).
8. Les demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an s'élèvent à 1,3 millions. L'ancienneté moyenne d'inscription à pôle emploi est de 397 jours. Les moins de 25 ans quittent pôle emploi après 119 jours d'inscription en moyenne, contre 316 jours pour les plus de 50 ans.
9. Au sein des 2,6 millions de chômeurs "purs" (catégorie A), les hommes sont légèrement plus nombreux (1,39 millions) que les femmes (1,23 millions).
10. Pôle emploi est également attaqué pour les sous-traitances de la gestion de certains chômeurs à des sociétés privées, plus coûteuses mais pas plus efficaces. Pour les deux prochaines années, ces dernières se sont vues confier l'accompagnement de 320 000 personnes.
11. Le nombre de demandeurs d'emploi suivi par conseiller reste très élevé (94 chômeurs par conseiller), alors que la fusion ANPE-ASSEDIC devait faciliter la gestion des demandeurs.


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