Magazine Cinéma

Le Champ Urbain (Atelier Europe juin 1999)

Par Vittoriopisu
Au départ de la création de Le Champ Urbain, je m’étais posé comme principe de parler et de faire parler du plaisir de l’architecture.
En fait je voudrais parler ici du plaisir que j’ai ressenti à chaque fois où j’ai rencontré un architecte pour discuter des modalités de sa participation à l’émission.
Ce plaisir ne vient pas seulement de la conversation avec des professionnels avertis, qui cumulent souvent vingt cinq ans de pratique professionnelle et donc de recherche historique, sociologique, technologique et formelle.
Il est toujours intéressant et rare de pouvoir affronter, quoique brièvement les thèmes qui rendent appréciable et visible que la raison a besoin de sentiments et de connaissances pour trouver de nouvelles solutions aux problèmes qui se posent à la société dans laquelle nous vivons.
Il est encore plus appréciable de constater que la pensée économique, qui paraît aujourd’hui dicter sa loi partout et se constituer comme la seule reponse aux défis créés par le développement démographique de la population mondiale, par l’immédiaté des échanges financiers qui peuvent mettre sur la paille des pays entiers, par l’étroitesse des choix qui conditionnenent les élites politiques et industrielles .
L’architecte est encore un des rares acteurs du monde contemporain à penser la société dans sa globalité et à essayer de trouver des reponses, qui ne sont pas d’ordre formel, comme beaucoup aimeraient croire, rélégant les architectes au rôle de ripolineurs de la technologie industrielle et des impératifs commerciaux et mercatiques.
En fait l’architecte, chaque fois qu’il en a l’opportunité, est capable de proposer des solutions aux problèmes spécifiques tels que habiter, travailler, s’instruire, circuler librement et gérer les ressources naturelles de la planète.
Tous les architectes que j’ai rencontrés, en 25 ans d’activité professionnelle m’ont parus, pour reprendre encore une expression de Ciriani, “pré-occupés par la société”.
Et par choix, sans que personne ne leur demande, je devrais dire plutôt par nécéssité, cette nécessité qui traverse l’artiste plasticien, le peintre, le créateur, mais qui assume chez l’architecte une dimension et une importance démultipliées par l’enjeu, qui est celui de notre futur.
Non! les choix économiques qui nous sont proposés ne sont pas inéluctables, Oui! il est possible de faire autrement.
Oui il existe des acteurs intellectuel, économiques et politiques qui peuvent agir sur la ville, sur le territoire, sur le théâtre de notre existence, qui peuvent aider à déterminer les choix qui conditionneront nos vies futures.
Comme dans toutes les situations de mutation, de changement de rénovation, si certains groupes choisissent, au nom d’une orthodoxie retrouvée (relis Marx mon vieux!), de se réfugier dans les dogmes de ce qu’ils croient l’essentiel du métier (la forme et ses avatars virtuels fournis par l’informatique), renouvellant ainsi paradoxalement avec un esprit Beaux-Arts que l’on croyait mort et enterré.
D’autres ne craignent pas de continuer à croire que l’architecture est “l’art de poser les questions” et donc de trouver des solutions.
En fait l’architecte voit un monde, une société, des modes de vie qui n’existent pas encore complétement (bien qu’il soient présent d’une manière diffuse et croisée dans notre société), et projète des constructions, des aménagements, des gestions de ressources naturelles, qui anticipent le futur, qui sont déjà prêts à accuellir ce qu’ils vont participer à construire et à façonner. Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que la gestion de l’espace urbain qui héberge nos existences, voit les architectes intégrés dés la conception à sa définition.
Nous vivons la fin d’un siècle dans lequel un épisode crucial a marqué d’un sceaux indélébile nos responsabilités d’humains.Nous ne pourrons jamais plus être (si jamais nous l’avons été) les “masterplanners” d’une horreur telle que Auschwitz.
Notre responsabilité est engagée au delà de la recherche formelle pour institutions et multinationales friandes de symboles formels de puissance.
Y il ya trente années la recherche architecturale était indossociable des luttes urbaines, aujourd’hui les possibilités de représentation graphique offerte par l’ordinateur ne sauraient nous cantonner dans la virtuosité formelle, notre travail est fort heureusement celui de proposer des solutions globales, ce qui nous console de bien de choses.               Vittorio E. PISU

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