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la domination masculine (2)

Par Polluxe

domination masculine Ça y est j’ai enfin vu ce film sorti mercredi ! Et bien, contrairement à ce que souhaitait le réalisateur, il n’y a pas de quoi se disputer à la sortie ni crier au loup sur un féminisme outrancier. Un mot en passant pour les irréductibles : ce film documentaire sort dans 8 salles à Paris (4 salles indépendantes, 3 UGC et une MK2), on est loin des moyens et des soutiens faramineux des super-productions…
Le film commence par une opération d’allongement du pénis et ce qui est frappant, à écouter le médecin et le patient parler, c’est à quel point ceux qui y ont recours cherchent à se conformer à un idéal de virilité, à une norme. Ils sont victimes d’un modèle de genre très rigide (si on peut dire…) au même titre que les femmes qui se font grossir les seins ou gonfler les lèvres pour se sentir plus féminines.
Le film glisse très justement ensuite sur un magasin de jouets d’une grande enseigne où les rayons sont caricaturaux : poupées et matériels de cuisine pour les filles, camions et armes pour les garçons. Dans un bref passage, Serge Héfez évoque le fait que les gens ne réagissent pas de la même façon selon que les mêmes bébés qui pleurent leur sont présentés comme étant des filles ou des garçons (les unes sont “tristes”, les autres “en colère”).
A l’heure de l’égalité des droits, on est bien dans la reproduction de normes de genre assez binaires et simplistes, normes qui de plus sous-tendent une hiérarchie de valeurs : il est plus noble de conquérir le monde que de s’y adapter, d’aller de l’avant que de contempler, etc, etc… Toute la difficulté est là. Comment dénoncer une domination masculine qui s’inscrit dans les comportements plus ou moins conscients, dans des hiérarchies de valeurs implicites, alors qu’il y a officiellement égalité. Les féministes québécoises interviewées en font le constat : il était plus simples dans le passé de se battre contre des faits que de se battre aujourd’hui contre une illusion, voir un ressac. Et d’évoquer subrepticement la montée des intégrismes religieux. Le réalisateur aurait eu du mal à filmer dans certains milieux et le film est silencieux en effet sur le phénomène des femmes voilées…
Le film parle aussi des conséquences de ce sentiment de supériorité masculin : érotisation à sens unique (ah ! le salon de l’auto…), violences verbales puis physiques, femmes battues au quotidien et cas extrême d’un tueur en série ayant tué 14 filles dans une école… Où l’on découvre au passage les “masculinistes” québécois, avec leur coté guerre des sexes un peu ridicule. Ils me font penser à des gens qui auraient tellement eu de mal à devenir de bons écuyers qu’ils refuseraient de faire du vélo et défendraient bec et ongle le cheval. Pour leur défense, je dirais qu’il est humain de ne pas vouloir renoncer à une position dominante…
Je vois bien quelques pistes pour sortir de l’impasse : ne rien céder aux intégristes qui veulent revenir en arrière, passer d’un modèle binaire à une gradation masculin-féminin, attribuer des valeurs “féminines” à des hommes sans les dévaloriser et réciproquement… Et pour que les filles sortent de leur complexe d’infériorité, les inscrire au judo !… Ça c’est fait !
Bref, en un peu moins de deux heures ce film ne fait bien évidemment pas le tour de la question mais il a le mérite de pointer du doigt les rémanences du système patriarcal dans nos mentalités, au sein de sociétés qui se veulent évoluées.


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