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République et écologie : l’humanisme de notre temps Un projet pour le Mouvement Démocrate

Publié le 30 octobre 2007 par Willy

Je propose au Mouvement Démocrate d’asseoir son discours sur deux piliers : la République et l’Ecologie. Ces deux dimensions, intimement liées, sont les mieux à même de répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain. Un récent rapport des Nations Unies envisage quatre voies pour l’avenir de la planète, et préconise "celle d’une société faisant le choix de la durabilité par l’environnement et l’équité, dans laquelle les citoyens jouent un rôle actif" (Le Monde, 27 octobre 2007). Cette perspective visant un monde équilibré et pacifique met la personne humaine au centre : elle me semble pouvoir correspondre à l’inclination naturelle du Mouvement Démocrate.

Abrégé de la contribution de l’auteur au Congrès du Mouvement démocrate :

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République et écologie (PDF)

Il y a trente-cinq ans, le rapport du Club de Rome nous mettait en garde contre les dangers irrémédiables que les activités humaines faisaient courir à la planète. Les conférences de Rio de Janeiro en 1992, d’Afrique du Sud en 2002 ont consacré une profane « nouvelle alliance » entre l’homme et la nature.

Parce qu’une réponse doit être apportée aux bouleversements du monde, parce qu’il est impératif de faire advenir un nouvel Humanisme pour notre temps, envisageons d’asseoir ses fondements sur deux piliers : la République et l’Ecologie. Voilà la vocation du Mouvement Démocrate, rassemblement de citoyens issus des sensibilités humanistes de la Gauche, du Centre et de la Droite, autour des valeurs de la République.

Entre le pollueur et le pollué, c’est la liberté qui asphyxie, c’est la règle qui purifie. Le droit à l’environnement est comme un droit de troisième génération qui viendrait après les droits civils et politiques issus de la Révolution et les droits sociaux de l’après-guerre. En effet, l’un des premiers droits naturels est celui de respirer, de boire et de manger sainement. La liberté, c’est d’abord la pleine possession de ses moyens. Autrement dit, l’écologie est la condition sine qua non de la liberté.

1ère idée écologique :
L’interdépendance de l’Homme
et de son milieu naturel

Lorsque nous ne sommes plus sûrs de satisfaire sainement nos besoins vitaux (respirer, boire, manger), nos libertés et nos droits fondamentaux sont menacés. Et lorsqu’est souillé ou disparaît « l’encore inexpliqué » : le vivant animal ou végétal d’abord, mais aussi l’inorganique (l’air, l’eau, le minéral), d’aucuns parleront de « la création », le doute s’installe et le malaise est plus grand.

La République porte en elle le refus de la fatalité et la volonté de comprendre le réel. Elle est ainsi le mouvement le plus apte à prendre conscience que l’Homme est un corps organisé, prééminent mais parmi bien d’autres, et qu’il lui faut se défaire d’un égoïsme anthropocentrique qui peut à terme porter atteinte à l’espèce humaine.

2ème idée écologique :
la priorité du long terme
sur le court terme

Parce qu’imprescriptibles, les Droits de l’Homme et du Citoyen ont un caractère intemporel. Une certaine éthique nous commande de laisser à nos enfants un monde qui puisse faire vivre ces principes et ne soit pas déséquilibré par les excès de notre civilisation.

Une croissance soutenable, ou durable, est possible. Son ambition est de permettre notre développement sans compromettre celui des générations futures. C’est un principe élémentaire de responsabilité auquel tout républicain peut souscrire. Une politique responsable devra veiller à équilibrer le volume des émissions humaines et des assimilations par la Terre.

Cela veut dire d’abord une indispensable maîtrise démographique, notamment pour aider le Sud. Dans bien des pays du Sud, seuls le développement et l’éducation, notamment des femmes, nous en rapprocheront.

Cela veut dire ensuite une meilleure organisation des échanges économiques et une maîtrise de l’espace afin de limiter les flux, principaux consommateurs d’énergie. La mondialisation néolibérale le principal obstacle à ce développement autocentré. Des vêtements, des meubles ou des ordinateurs qui pourraient être fabriqués dans n’importe quel bassin d’emploi régional vont traverser des continents et des océans entiers avant de trouver leurs utilisateurs. L’empreinte écologique de fruits ou légumes importés de lointaines contrées est plus de dix fois supérieure à celle de produits consommés près de leur territoire de production. Les pouvoirs publics devront donc sanctionner les transports les plus polluants, "internaliser" [1] les coûts actuellement externalisés du dumping social, de construction et d’entretien des infrastructures, des atteintes à la santé, des accidents etc. C’est cette vérité pleine et entière des prix d’un bout à l’autre de la planète, qui pourrait réguler la mondialisation.

Ensuite, l’urbanisme devra être redéfini. Les implantations énergétivores devront être bannies ou limitées : habitat dispersé, mitage des banlieues et des campagnes. Les modes de transport les plus économes devront être privilégiés.

Cette prospective implique un développement des énergies renouvelables sans précédent. La France, riche de potentialités (solaire, vent, cours d’eau, marée, biomasse, etc.), détient tous les atouts pour combler son retard.

Enfin, pour conserver un chiffre de croissance positif, il faudrait intégrer dans le calcul du PIB plus de ressources immatérielles peu ou pas coûteuses pour l’environnement, mais contribuant au bien-être de l’homme.

3ème idée écologique :
la primauté de la conscience planétaire
sur la conscience nationale

Il existe deux éléments vitaux : l’air et l’eau. Et le caractère mobile et indivisible de ce patrimoine commun des hommes requiert une gestion commune si l’on veut conserver leur pureté.

La collaboration scientifique internationale en matière d’écologie est une chance pour la pacification du monde et le dépassement des égoïsmes nationaux. La République universelle à laquelle aspirait Victor Hugo est peut-être en marche. Toutefois, n’importe quel homme est saisi de vertige quand on lui dit qu’entre lui et le vaste monde, il n’y rien. L’idée de l’Etat-relais, relais vers l’Universel, prend ici tout son sens. Le citoyen ne se sent plus alors complètement dessaisi de son pouvoir de contribuer à la maîtrise des évènements : voici l’essence de la démocratie. La nation de citoyens peut être comprise comme un échelon pertinent pour construire un civisme écologique reposant sur l’exigence de responsabilité.

Sur une planète réchauffée surtout par des fanatismes et des intolérances (un "réchauffement fanatique" qui fait dès aujourd’hui bien plus de dégâts et de morts que ne le ferait peut-être un changement climatique dans le futur…), la France peut sans crainte rappeler au monde que la laïcité est consubstantielle à l’espérance des Lumières, et qu’elle est portée par une croyance en l’égale dignité de tous les Hommes. C’est peut-être cela, aussi, que veulent entendre tous les damnés de la Terre.

4ème idée écologiste :
la priorité de l’être
par rapport à l’avoir

Si l’on considère les styles de vie, la sensibilité écologique privilégie le mode sensuel et kinesthésique, avec d’autant plus de force que quelques gestes immuables ne se font plus qu’avec méfiance : respirer à pleins poumons, boire une eau de source, se baigner dans un cours d’eau etc.

La République aussi peut concevoir l’avenir dans un certain cadre culturel affranchi de la tutelle de l’accumulation. D’autres valeurs moins matérielles priment, ramassées dans le triptyque national : "Liberté, Egalité, Fraternité". A l’école publique, une morale laïque, pendant de la morale religieuse, a longtemps eu cours qui reposait sur des préceptes plutôt sains : « Sois bon, honnête, poli, serviable, franc, loyal, calme, prudent, travailleur, courageux etc. ».

Mais la toute puissance de la finance, l’injonction de la mode, du paraître et de l’avoir relèguent à l’arrière plan ces principes. Le néolibéralisme contemporain, à ne pas confondre avec le précieux libéralisme politique donne une entière licence aux lois du marché.

Il faut réaffirmer imperturbablement le souci du bien commun, composante essentielle de l’idée républicaine. Parce qu’un libéralisme débridé, sans garde-fous, écrase le plus faible et l’avilit. La République qui doit affirmer encore et toujours qu’elle entend cultiver ce qui fait la force de l’exception humaine : la capacité à raisonner, à créer, à comprendre, à communiquer, à aimer, à être.

Concilier solidarité républicaine
et conscience écologique

C’est ainsi que se révélera la commune condition des Hommes, pour plus de fraternité.

Le projet du Mouvement Démocrate pourrait être de reprendre la longue marche des Lumières vers l’accomplissement d’une République universelle. Cette espérance a été contrariée depuis deux siècles par les chimères du nationalisme, du totalitarisme communiste ou de dictatures barbares. Si aujourd’hui d’autres menaces pèsent sur le monde, fanatisme religieux ou dérèglement climatique, ce sont bien les valeurs de la République et de l’Ecologie qui sont les mieux à même de dégager un horizon d’équilibre et de paix.

C’est une inclination naturelle et souhaitable pour l’autonomie d’un mouvement politique qui se veut central, délivré d’un factice clivage entre la Gauche et la Droite, qui n’est plus pertinent ni à la hauteur des enjeux actuels.

[1] faire prendre en charge naturellement par l’économie, à travers les prix


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