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Non, elle ne fera pas demi tour !

Publié le 01 décembre 2009 par Audraygaillard

Non, elle ne fera pas demi tour !

Demain, elle ne travaille pas. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle. Depuis qu’elle est arrivée ici, elle a changé. Avant, elle adorait buller, elle pouvait passer des dimanches entiers à rêver, à peindre, à regarder la télé, à lire, à penser, à ne rien faire… Aujourd’hui, c’est la peur du vide. L’absence. Insoutenable, insupportable. Elle déteste les dimanches, elle a horreur de ces jours où elle ne travaille pas. Alors, elle se porte volontaire. Mais, les autres filles aussi veulent travailler. Le dimanche, c’est brunch. Bonne journée. Bon chiffre. Bons pourboires. Il faut bien partager. Chacune à tour de rôle. Un dimanche sur trois. Bien sûr, elle est toujours partante pour remplacer les copines qui ont la flemme à la dernière minute, ou bien qui préfèrent finalement passer la journée avec leur boyfriend. Mais demain, pas de bol, elle ne bosse pas. A l’idée de se retrouver seule, sans lui surtout, surtout sans lui, elle angoisse. Que va-t-elle faire ? Elle pourrait l’appeler ? Lui proposer d’aller au ciné ? Elle pourrait peut-être le faire changer d’avis… Oui, changer d’avis. C’est ça, c’est exactement ce qu’elle va faire. Allez courage, ma vieille, décroche le téléphone, appelle-le comme si de rien n’était et propose-lui. Au pire, il refuse, au mieux… . Elle prend une grande inspiration, deux, trois… Le téléphone sonne dans le vide, il ne répond pas. De toute façons, il ne répond jamais mais ce n’est pas grave, elle a perdu tout son courage, toute son envie… Elle s’effondre. Encore une crise de larmes. Quand vont-elles s’arrêter ces larmes ? Ça fait des mois qu’elle vit ici, des mois qu’elle a tout quitté pour lui, des mois qu’elle s’acharne et au fond, des mois qu’elle s’épuise. Pourquoi ? Pour des larmes, rien que des larmes…

La ville est immense, la ville est géante. Ce n’est pas la Jamaïque, mais c’est loin de la vieille Europe. Loin de la France. Loin de sa ville, de ses proches, de ses amis, de son chat, de sa sœur… Elle aussi a traversé un océan pour le rejoindre. Un océan pour l’amour. Tout comme cette femme émérite et fabuleuse qui l’a élevée. Sa tendre Mia, sa bouleversante et tant aimée grand-mère. Une enfance bercée par ses récits. Son amour inconsolé, son beau soldat Anglais qui l’a quitté et qu’elle n’a plus jamais revu. Un homme qu’elle ne connaît qu’en photo. Bel homme. Belle allure. Prestance et élégance. Des yeux couleur velours, sur des photos en noir et blanc jaunies par le temps… Un tendre marron. Un homme qui ressemble étrangement à l’homme qu’elle aime aujourd’hui. Mais elle ne voit pas cela. L’amour est aveugle dit-on. Bien aveugle, dans son combat. Elle ne voit pas, elle n’entend pas, elle ne comprend que cet amour est vain. Qu’il se moque d’elle, qu’il est impitoyable. Elle est son jouet, sa baby-doll, il la manipule à gré ! Il aurait tord, remarque, elle est si naïve, et si jeune… 20 ans de moins de lui… Et en plus, elle se laisse faire. Pourquoi se priver ? Il est bien peu mature, cet homme. Bien faible. Bien con. Mais elle ne voit que ce qu’elle veut voire. Elle s’accroche résolument, obstinément. Il faut que sa marche. Elle n’a pas fait tout ce chemin pour faire demi-tour ! Non… Tout mais pas ça. Pas de demi-tour. Pas ce demi-tour ! Repartir en arrière, c’est reculer, revenir 40 ans en arrière et emprunter le même bateau que sa grand-mère, celui qui l’a ramenée 3 jours après son arrivée en Jamaïque, 3 jours seulement ! Vers la vieille Europe. Ah ça non !

3 jours après son arrivée, l’histoire pourtant, s’est répétée. Avec la même violence, la même synchronicité. Et ça non plus, elle ne l’a pas vu. Que voulez-vous, elle est amoureuse. Que voit-on à 20 ans ? Quand le passé est lourd, on vibre souvent pour les mauvaises raisons. Lui, il s’en fiche de tout ça. De toute cette histoire, de ton ce passé qu’il ne connaît même pas. Il a le sien, de passé, il a aussi son enfance. Une enfance peu glorieuse sans doute. Il l’a fichue dehors à 6 heures du matin, trois jours après son arrivée. Elle ère dans la nudité du petit matin. Hagarde. Elle se dit qu’elle a besoin d’une amie mais, un endroit où se réfugier, un endroit pour pleurer… Elle se dit qu’elle pourrait rentrer, aller à l’aéroport et retrouver sa maison, sa famille… Mais, elle repousse cette option. Non, c’est encore trop tôt. Pas tout de suite. Elle veut d’abord, le revoir. Tout à l’heure quand il s’est engouffré dans le métro, il lui a dit, « je reviens dans 5 jours, si tu veux, tu pourras à nouveau dormir chez moi. Mais pas quand, je ne suis pas là. » Elle était tellement abasourdie, qu’elle n’a pas eu la force de réagir… Mais dans 5 jours, elle lui dira, elle aura la force ! Trouver une auberge de jeunesse, un endroit où dormir, vite un travail, se reprendre en main, éviter de pleurer et tout va s’arranger. C’est un malentendu. Il a paniqué, c’est ça. Il a pris peur. Il ne peut pas avoir changé d’avis à ce point ! Sinon, il lui aurait dit de ne pas venir. Il l’aurait empêché de prendre l’avion… Bien sûr, c’est évident. Et il y a quelques mois de cela, quand il l’a pratiquement demandée en mariage, ce n’était pas un rêve, c’était bien réel ? Allez, ça va s’arranger… Ca va s’arranger…

Trois ans plus tard, elle rentre chez elle. Elle retourne à la vieille Europe ! Elle le quitte enfin. Sans fracas, ni rupture, sans stress, ni reproches… Elle s’en va … Elle s’évapore… Disparue la poupée ! Volatilisée le jouet ! Elle a fait du chemin depuis … Elle est devenue, bien plus forte, bien plus courageuse, bien plus travailleuse. Elle n’est plus un bébé. Elle ne lui a même pas dit, qu’elle le quittait. Elle a juste fait ses valises et elle a pris l’avion. La dernière fois qu’ils ont fait l’amour, c’était un mois avant son départ, elle s’est complètement détachée de lui. Il ne s’est rendu compte de rien, bête et suffisant. Elle n’a rien ressenti. Rien, tellement rien du tout, qu’elle a enfin pu se dire : « ça y est, c’est fini ! » Ce qu’il ne sait pas, ce qu’il ne saura jamais, c’est qu’au long de ces trois années, elle ne l’a jamais aimé. Elle a juste cru qu’elle l’aimait. Il s’est joué d’elle et n’a eu de cesse de la rabaisser pour gonfler son ego pitoyable. Sans jamais comprendre qu’il n’était là que parce qu’elle avait un passé à exorciser.

La morale de l’histoire ? Une autre définition du transit Neptunien (s’aveugler à tout accepter, pendant 3 ans, le temps d’un transit de Neptune) … Mais aussi et surtout du Transit Plutonien (aller vers le danger, la destruction, souffrir, accepter l’impensable, transcender le passé, mourir et renaître, toucher le fond pour mieux rebondir) et aussi le Saturnien, se sentir seule, être abandonnée, travailler, travailler, travailler… Concernant Pluton, je vous en reparlerai plus profondément dans un prochain billet…

Trois mois plus tard… Un coup de fil dans la nuit… Salut, c’est moi. Il vient de m’appeler, il est comme un fou, il te cherche partout… Je lui dis quoi ?

Heu … ? Que je suis partie en Afrique ?

;-)

Heu… Vous avez peut-être une meilleure idée de réponse ? A vos claviers, les Miss (Et le Mister!) si l’inspiration vous vient !


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