Magazine Culture

Par effraction, Hélène Frappat

Par Antigone

par_effraction"Dimanche 23 septembre 2004, dans une courte-allée du Marché aux Puces de la Porte de Clignancourt, vous avez acheté pour la somme totale de 40 euros un carton jauni portant la marque Franprix sur ses flancs.
Le propriétaire du stand [...] avait indiqué, sans plus de précision, que le lot contenait des films de famille. De retour chez vous, 17 rue des Deux Gares dans le dixième arrondissement, vous n'avez par ouvert le carton tout de suite.
Il est demeuré dans un coin de votre chambre, avec le reste de vos achats [...], jusqu'à cette soirée d'hiver où, sans savoir pourquoi, vous avez projeté les bobines en désordre sur le mur blanc de la chambre."

Par effraction, quelqu'un s'immisce dans l'intimité familiale d'une étrangère, une petite fille prénommée Aurore, qu'elle voit grandir au fil des images. Une vie inconnue se projette alors sur ses murs, une vie composée de fêtes familiales, de vacances et de jeux...
Par effraction, une jeune fille, A., s'insinue dans les pensées des autres, elle est télépathe, et ce don est un poids, une souffrance, un éloignement...
Par effraction, une autre jeune fille, Sabrina, pénètre tous les week-ends chez les parents de son amie, en l'absence de la famille. Elle organise chez eux des soirées, tente de s'inventer une vie plus riche, différente, une vie qui serait sienne...

Ce livre - au format minuscule - est un petit bijou dont il est pourtant bien difficile de parler... Nous avançons, par fragments, dans une histoire que l'on soupçonne être celle d'Aurore, petite fille télépathe encombrée par son don. Il y a ici une atmosphère, onirique, un peu nébuleuse, précieuse, faite de brouillard, de lacs où l'on se noie et de châteaux vides.
Il m'a fallu relire la fin, deux fois, pour en comprendre le sens, pour savoir si j'assistais à une renaissance, à un récit qui se mord la queue ou à une fin, tragique.
Hélène Frappat a une écriture magnifique, presque désuète, mais d'une dextérité remarquable qui nous amène sans faiblir au terme d'un voyage on ne peut plus troublant.

"Si tu n'entres pas dans ma chambre, je n'entrerai pas dans tes pensées" (quatrième de couverture)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antigone 5421 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines