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Du nouvel ordre mondial au désordre intégral.

Par Bricabraque

* Nouvel ordre mondial.
L'expression a été utilisée lors d'un discours prononcé au Congrès américain le 11 septembre 1990 par le président George H.W. Bush, au lendemain de la guerre du Golfe. Alors que la guerre froide vient de s'achever, les Etats-Unis affichent leur volonté d'imposer un nouvel ordre mondial fondé sur une autorité retrouvée de l'ONU et sur le respect des libertés et des droits de l'homme.

Du nouvel ordre mondial au désordre intégral.

Bush fils et père à la une de Time.

C'est au Moyen Orient que George Bush entend poser les fondements de ce nouvel ordre mondial. Dans la région, il se fixe plusieurs objectifs qui résument bien son projet: “mettre sur pied des accords de sécurité mutuelle“, “contrôler la prolifération des armes de destruction massive et des missiles utilisés pour les envoyer“, ” créer de nouvelles conditions pour la paix” [fondées sur les résolutions] du Conseil de sécurité des Nations unies“, “favoriser le développement économique pour le bien du progrès et de la paix“. Le nouvel ordre mondial constitue une reprise des principes wilsoniens et traduit la puissance des Etats-Unis, désormais élevés au rang de “gendarme du monde”.

* Le nouveau désordre mondial.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont de lourdes conséquences internationales. Les Etats-Unis considèrent en effet cette attaque comme une déclaration de guerre. Les Européens, quant à eux, y voient davantage le paroxysme du terrorisme international (il faut dire qu'ils sont touchés depuis 20 ans par des actes terroristes). Les attentats sont suivis par les interventions américaines en Afghanistan (automne 2001) et en Irak au printemps 2003. Lors de cette seconde opération, les Etats-Unis privilégie l'unilatéralisme, en intervenant hors du cadre de l'OTAN et sans l'aval de l'ONU. Il s'agit ici d'un virage important qui rompt avec la tradition internationaliste chère à Woodrow Wilson.

Les artisans de cette stratégie périlleuse sont les néoconservateurs, omniprésents dans l'entourage de Geoge W. Bush. Les attaques provoquent ainsi une crise au sein de l'Alliance atlantique. Le cavalier seul américain marginalise considérablement ses membres et ses structures. Plus grave sans doute, les Etats-Unis interviennent en Irak sans l'aval de l'ONU, fragilisant un peu plus l'institution. L'invasion irakienne met aussi à jour les divisions qui minent l'Union européenne et son incapacité à parler d'une seule voix sur la scène internationale. D'un côté, on retrouve la Grande Bretagne, l'Espagne, l'Italie, mais aussi les pays d'Europe centrale et orientale qui soutiennent et participent à l'intervention américain. De l'autre, la France et l'Allemagne s'opposent à cette décision unilatérale, ce qui fera dire à Donald Rumsfeld, le secrétaire à la défense de George W. Bush (de 2001 à 2006), qu'il s'agissait là de la “vieille Europe“. 

Du nouvel ordre mondial au désordre intégral.

George W sur les ruines du World Trade Center le 24 septembre 2001.

Les attentats du 11 septembre 2001 confortent le président américain dans sa fonction. Elu d'extrême justesse en janvier 2001, il parvient à grouper une majorité de ses concitoyens derrière lui (il se fait réélire très facilement en 2004), un peu à l'image de ce qui s'était produit après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor en 1941. Surtout, ces attaques ne constituent que le prélude d'une série d'attentats particulièrement meurtriers (Bali en 2002, Madrid, Londres en 2005). Jouant sur la peur et l'amalgame, l'administration Bush impose le Patriot Act, qui entraîne un recul net des libertés publiques. Cette loi adoptée en octobre 2001 permet ainsi les écoutes téléphoniques, les fouilles secrètes d'appartements, la consultation des fichiers d'entreprises ou d'universités. Enfin, elle autorise l'administration américaine à garder en détention pour une durée indéterminée les étrangers. Le droit international est ainsi malmené comme le prouvent par exemple les conditions de détention des prisonniers enfermés à Guantanamo, une base américaine située sur l'île de Cuba ou encore la mise en place de prisons secrètes dela CIA dans de nombreuses régions de la planète.

La nouvelle administration mise en place par Obama entend rompre avec cette conception des relations internationales comme le prouve l'ouverture d'un dialogue avec les ennemis des Etats-Unis (l'Iran par exemple).

Sources:

- E. Melmoux et D. Mitzinmacker: “dictionnaire d'histoire contemporaine”, Larousse, 2008.

Liens:

- Schémas sur les relations internationales depuis la fin de la guerre froide.


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