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A la recherche de l’autre…

Publié le 30 octobre 2009 par Hortensia

Trois temps, trois Mouvements. Elle rentre du boulot. Elle mange à gogo. Elle allume l’ordi. Elle se plante là, devant l’écran.
Facebook, yahoo, gmail, netvibes, le blog de lib, le blog de l’autre, le blog de Sophie et celui de tartanpion. Puis une envie la prend.
Très pressée l’envie.
Un texte.
Ce livre qu’elle avait entre les mains dans le métro, en rentrant du boulot. Ça l’a rendue pleine d’idées, de phrases, de pensées. Faut que ça sorte.
Blog.
‘’Vous avez un message'’
Juste un petit rappel d’une petite soirée, dans un petit café, dans une petite rue.
- Mince! J’avais oublié!

Elle prend son trench-coat, joue une dernière partie à Teminator Z de Facebook, note l’adresse, éteint la lumière.
Pour la rallumer, 10 mètres plus tard, dans les escaliers.
Elle dévale.
Elle marche à vive allure.
Le sol urbain, seul avec elle, résonne.

Elle passe devant le SDF, ils se saluent. Ils se connaissent. Qui connait mieux l’autre ? Lui, est déjà couché, sobre, comme d’hab. Le seul SDF qu’elle connaisse et qui ne sente pas l’alcool ou la déchéance. Elle se dit qu’il doit se demander ce qu’elle doit bien faire à cette heure-ci, après le travail, seule dans la rue, à se ruer à grand pas vers la bouche… Peut-être se dit-il qu’elle doit se dire qu’elle aurait dû prendre du pain ou de l’eau pour lui donner, en passant…

Un changement, un seul. Plusieurs stations. Tout à coup, un homme devant elle.
Il est brun, la barbe est courte et bien fournie, mais douce et souple. Leur regard se croisent, évidement, à chaque fois que leur genoux se frôlent et se touchent. Parce que quelqu’un veut descendre. Parce que quelqu’un veut s’assoir. L’étroitesse des sièges rapproche leurs yeux. Il s’excuse à chaque fois, en souriant. Elle regarde ses lèvres, aussi charnues que…

Garde Leste… Là, c’est elle qui descend.

Coup de chance, le plan des sorties se trouve devant elle. Elle note vite son accès, le numéro 1. Extérieur Quai, joli nom pour une rencontre. Elle pense à tous les quais qu’elle connait, Quai des orfèvres, quai de Seine, que passa ! Et tous les kékés de Paris…

Ils sont gentils, accueillants, souriants. Les discussions s’enchainent à un doux rythme sain et amical.
Elle est très touchée quand lui, nado le gentil, au moment de partir, insiste pour lui faire la bise, à elle, en dernier. Elle devine l’amour latent. Elle sait quand un homme est fortement attiré par elle. Elle le sent et nul besoin de banquette de métro étroite. Le premier regard de Nado est le déclic. Elle sent une palanquée de points communs entre lui et elle. Lui ne s’en rend pas compte, il n’a vu que ses yeux. Mais elle devine aussi que ces points communs ne sont pas forcément les meilleurs côtés de la vie. Concentrée sur le non dit, elle sent le précaire équilibre d’une rencontre anodine.
Il s’en va.
Un vide arrive.

La soirée, ensuite, se passe. Discussions, regroupement, elle en est à son quatrième verre.
‘’Je peux vous offrir une bouteille ?’’ La discussion s’interrompt. Non pas que le petit groupe était en train de sauver le monde voire une vie ou encore leur vie à eux. Ils commencent tout juste à se connaître, les prénoms sont à peine connus, les provenances évoquées, alors, que dire de leur vie ? Qui connait qui ? Sauf personne en ces lieux de bords de route. Elle n’a simplement pas envie de céder. Céder à l’intrusion d’une âme à la dérive en manque de radeaux, de bon dos. Lui, prêt à payer sa bouteille pour arroser ses gentes de palabres, les autres prêts ou pas à se laisser déranger pour se sentir reconnus voire aimer par l’habitué du bar.

Elle a appris à dire NON au travail. Elle est devenue une véritable pro du refus argumenté et soupesé, cordial et politiquement correct.
Alors quand il tend la perche en demandant s’il dérange, elle ne peut que lui donner raison. Moqueuse, elle aurait pu rajouter que le Sieur, en ces temps reculés de la soirée, demeure d’une perspicacité acérée, et qu’on aurait besoin de lui, devant tant d’inconnu et de découvertes… Mais ce n’est pas le style de la maison. On est sensé se connaître et travailler, alors qu’on se cherche en une douce flânerie vespérale.

Le NON brut de pierre fait aussi son affaire. Un NON qui a l’audace de se déguiser en un superbe OUI ! ‘’Oui, vous nous faîtes chier’’. Au fin fond du bar, le patron lui fait à elle un petit clin d’œil.

Elle regarde sa voisine au frais visage de feu, tellement avenante dans sa douceur exhibée, tellement sympa, bien désolée de ce refus un tantinet bourgeois. Elle sent que sa voisine reste sympa seulement parce qu’elles ne se connaissent pas et qu’elle est tout simplement très gentille. La discussion reprend…

Elle revoit l’écrivaine d’en face au doux nom d’Anne quelque chose, dont la vie emberlificotée ne trouve aucun fil conducteur dans les saltos avant et arrières prosaïques de Marco Rondo.
Elle revoit la belle Dallo… Dont le regard à la Rampling et le style à l’anglaise laisse présager une légèreté des plus recherchées, des plus profondes…

Et Claude, souriante et rieuse, fessboukienne délurée. Pourquoi est-elle là, elle aussi ? Pourquoi sommes-nous tous là ? Qui cherchons nous ce soir ?

Puis, à un moment elle paye. Au bar. Le patron est gentil, avenant, son gros chien de deux mètres, à la tête carrée, lui rappelle un monstre gentil. Oui, cet Extérieur Quai est une baraque de monstres gentils, un monde imaginaire et ralenti, où l’humain se permet encore de se perdre et de sourire à tout, quel qu’il soit.

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