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THEM CROOKED VULTURES ::: Le miroir aux vautours

Publié le 06 décembre 2009 par Gonzai

Sur le papier, ça sonnait pourtant bien. Deux vieux potes et pointures de l'indé des 90's (Josh Homme et Dave Grohl) s'acoquinaient avec un vieux baron zepplinien (John Paul Jones) pour créer une entité cohérente et fulgurante. Them Crooked Vultures.

Avec ce genre de formation, qui accroche des étoiles à un album comme un rédac chef en met au cul d'une chronique de disque de rock à papa, c'est le buzz qui confère parfois l'inexplicable ferveur aveugle du fan au domaine de la pré mythologie. Le tout plus ou moins voulu, voire maitrisé, par les membres du groupe et leur management.

THEM CROOKED VULTURES ::: Le miroir aux vautours
Rien de neuf sous le soleil, la rumeur n'a pas attendu l'avènement du dieu internet pour diffuser la bonne et la mauvaise parole, mais force est de constater que la toile est devenue depuis dix ans un accélérateur avide de mythes puzzles qui se forment aux rythmes de communiqués tapageurs. Souvenez-vous, la stratégie virale, il y a peu, semblait être un acte indépendant, court-circuit aux stratégies globalisantes et au marketing systématique des majors et des gros labels indés. Aujourd'hui les plus sceptiques se plaignent, souvent à juste titre, que l'on nous fait le coup trop souvent pour que ce soit honnête. Ce n'est pas la baudruche Audioslave, cas d'école de la décennie passée s'il en est, qui tend à prouver le contraire.

Dans le cas présent, sans dépouiller complètement les carcasses de leurs groupes  respectifs, les vautours de Crooked Vultures nous laissent sur notre faim; ils ne répondent évidemment pas aux aspirations de milliers d'aficionados qui rêvent encore de l'équation rock 2+1= 1.

Tant que Dave Grohl est occupé sur ce projet, Foo fighters est en berne. Voila au moins une vrair bonne nouvelle pour l'auditeur lambda.

Organe de gueulard, rock de stade et ses ballades à faire passer Green day pour de dangereux hardcoreux, tondeuse à barbe dans la salle de bain... la mauvaise nouvelle c'est qu'il ne suffit pas d'avoir le batteur le plus explosif depuis Keith Moon dans ses rangs pour que la cohérence jaillisse comme la téquila dans une fête de village mexicain. D'emblée ce qui manque aux vautours, c'est une histoire commune, une vie de groupe sur le long terme. Du savoir faire, du savoir jouer. Des références partagées par ces érudits et vieux routards de surcroît, il y en a à la pelle. Pensez donc: Kyuss, Led Zep, QOTSA, Nirvana, des featurings et j'en passe... Et alors ?

THEM CROOKED VULTURES ::: Le miroir aux vautours

Il y a certainement une politesse et un respect mutuel trop profond chez ces gens là pour qu'il puisse en ressortir quelque chose de viscéral, de dangereux. Manque l'arrogance qu'ils ont maintes fois possédé pour faire muter le rock vers des cieux atypiques. Et cela n'a jamais été une question d'âge. Que Josh Homme et Dave Grohl, un poil essoufflés, maitrisent encore le une-deux, pas de doutes. Mais le troisième larron est-il toujours en jambe pour rentrer dans la surface ?

De John Paul Jones, on attend à tort l'inaccessible, le précipité du dirigeable et des arrangements de haute voltige dans la lignée de Houses of the holy ou des cordes de She's a rainbow des Stones. Ici, ses lignes de basse, malgré un gros son qui tape, ont pris un petit coup de vieux dans la catégorie je-vous-refile-du riff-heavy-blues-prog made in 70's, à l'image de Elephants, Gunman ou Warsaw or the first Breath you take after you give up. On reste bien sûr dans la noble virtuosité mais ça n'adhère pas à tous les coups.

Ce sont bien ces vieilles manières du papy qui entrainent l'album sur un terrain de déjà vu, qui écorne au passage l'intérêt des mélodies tarabiscotées qui ont forgé la patte de Josh Homme. Bien évidemment, tous les titres auraient pu se retrouver sur un album de QOTSA, mais le traitement aurait été un peu moins classique. Sur Scumbag blues, on se marre même un peu quand l'homme du désert chante à la Jack Bruce de Cream, que Jones balance sa bonne vieille recette au clavinet pour soutenir un solo baveux.

Autant le dire simplement, cet album n'est pas une honte discographique, seulement anecdotique. Les moyens qui sont mis en œuvre pour faire monter la sauce sont démesurés par rapport au résultat, un tantinet redondant au regard des carrières des forces en présence.

Une bonne vieille Desert session aurait fait l'affaire, ni plus, ni moins.

Là, le miroir déformé ne reflète certes pas des alouettes mais des vautours repus, engoncés dans leurs certitudes, en mode cruising sur une highway parsemée d'habitations, comme leur musique. Dommage, pendant quelques minutes à l'écoute de Interlude with ludes, on s'était pris à rêver dans un beau futur antérieur, à attendre un typhon psychédélique saturé de chrome, assis sous un préau dans la chaleur étouffante du désert de Joshua Tree. Same players shoot again ?

www.myspace.com/crookedvultures


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