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Empain dans le mille ?

Publié le 06 décembre 2009 par Delanopolis
Lucas Belvaux aime ciseler ses dialogues et la psychologie des personnages de ses films. "Rapt", où il revient sur l'enlèvement du baron Empain, est un exercice d'un réalisme qui se veut exigeant. Bizarrement, il ne convainc pas tout à fait. Empain dans le mille ? Le rapt du baron belge, qui avait défrayé la chronique politico-judiciaire à la fin des années 1970, avait symbolisé la crise morale du giscardisme. L'industriel était d'ailleurs une connaissance du président de l'époque. Son goût ruineux pour le poker et les 5 à 7, les négociations saumâtres où le groupe familial se faisait tirer l'oreille pour avancer la rançon, les tiraillements entre la famille et la police, les soupçons d'auto-enlèvement : un parfum sordide flottait sur cette histoire. Avec les affaires de Broglie et Boulin, les Français découvraient la vulgarité d'un pouvoir qui les prenait pourtant de haut.

Tout est bien dit et bien vu dans le film de Belvaux. Pourtant, il tourne un peu à vide. Chacun des personnages y est trop raisonneur, trop démonstratif, trop peu hésitant pour être réel, trop léché en quelque sorte. Le cinéma de Belvaux est sincère, appliqué et travailleur. Il passe des années à préparer chacun de ses films. Qu'on se souvienne de sa trilogie sortie en 2002 (Un couple épatant - Cavale - Après la vie) où il présentait la même histoire d'un point de vue dramatique ou comique. C'était ce que le cinéma français avait produit de plus sérieux cette année là. Mais il manque à Belvaux la fantaisie qui permet de traiter des sujets graves sans inhibition. Qu'il se lâche un peu et il passera à la vitesse supérieure.

Cela étant, son film est distrayant et bien au-dessus de la production française lambda. Comme tel, il mérite largement d'être vu.

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