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L'antre des murs

Par Didier54 @Partages

L'antre des mursIl y a deux mois, sur un blog voisin, ça disait : ça y est, je l'ai vu ! Depuis ce soir, je peux moi aussi dire : ça y est, je l'ai vu ! J'ai vu Entre les murs, le film de Laurent Cantet.Je ne le regrette pas.
Je suis resté longuement silencieux après l'avoir regardé.
Au point que dans mon esprit, le titre du film est devenu Hors les murs.
Troublante déformation. Et troublante sensation, à la lecture de quelques critiques. Pas vu tout à fait les mêmes choses.
J'ai beaucoup aimé ce film ? documentaire ?
Aimé parce que je l'ai trouvé accablant et équitable. Je ne sais pas si l'on peut associer ces deux mots, mais ça m'est venu comme ça. Accablant parce que c'est lourd, ce que l'on voit et reçoit. Equitable parce que pas de leçon de morale. Pas de eux c'est bien, eux pas bien. Une sorte de monde qui ressemble étrangement au nôtre. Equitable, du coup, parce que les désarrois qu'il montre sont partagés, que ce soient ceux des profs, des parents, des élèves. Les satisfactions aussi.
Reste l'espoir, que l'on place en permanence, finalement, dans le dialogue. Entre le prof et ses élèves. Entre les élèves et le prof. On l'espère entre élèves, entre élèves et parents, entre profs, entre profs et hiérarchie, etc. Bien sûr, il est à la hauteur des grands moments de solitudes que le
film laisse entrevoir, cet espoir. Mais il est là. Pure naïveté, peut-être. Ou foi inextinguible. Peu importe. J'ai aimé cet espoir. Il m'a fait du bien. Même si on se dit, putain, y'a du boulot, ert on n'en prend visiblement pas le chemin.
Franchement, je m'en suis pris plein la ganache, avec ce film.
C'est qu'il a convoqué quelques uns de mes plusieurs.
Fils d'enseignant, j'ai découvert des choses de l'ambiance entre les classes. Copain d'enseignants, itou. Ancien collégien, j'ai retrouvé des parfums musqués. Et masqués. Papa de collégien, j'ai sursauté un paquet de fois.
Je ne sais pas ce que film montre du doigt tellement il y a de doigts, en fait.
On sent des gamins seuls, des enseignants seuls, un système seul, et ça tourne, et ça tourne.
A la fois, on sent des gamins pétés de potentiels et vides, déjà, de quelque chose. D'ailleurs, gamins, le terme est sans doute impropre : ils ont l'air d'avoir le sourcil plus froncé que nous ne devions les avoir à notre époque, les plus de trente ans comprendront.
A la fois, on voit des profs qui cogitent, causent, ou se cachent, essaient de comprendre, ou de se barrer. Des gens comme vous et moi, finalement. Je comprends que le film ait valu des avis tranchés, selon que l'on se prend le miroir dans la tronche ou que l'on y voit ce qui s'y mire.
Ceux qui ont pas encadré l'école vont pas faire de progrès.
Si les élèves n'ont pas une vie facile, les profs non plus. J'ai noté la pression que les uns mettent sur les autres et vice versa.
Finalement, c'est le parapluie qui m'a le plus agacé.
Ces parapluies brandis par des "responsables" soient en situation de faire l'autruche, soit barrés dans des coupettes, soit encore planqués derrière des questions, là où il faudrait des réponses. Se dégage une drôle d'alchimie, où tout le monde réagit à chacun et où chacun se fait écraser par tout le monde.
De entre les murs à hors les murs, finalement, quelques pas. Pas plus. Pas moins. Hors l'école, en effet, est-ce si différent ?


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