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B1

Publié le 05 décembre 2009 par Poussemanette


Le B1 est l'agent de station; le B2, l'agent des manoeuvres et le B3 le conducteur.
Il y a un peu plus de vingt ans apparaissait le N2S ou NSS, Nouveau Service en Station. J'y arrivais juste, en station. A l'époque, il existait trois sortes d'agent de station. Le receveur, qui ne s'occupait que de la caisse; le chef de station, qui travaillait avec le receveur et s'occupait des autres tâches; le CSR (chef surveillant receveur) qui, lui, était seul en station et assumait le travail du receveur et du chef de station. Certains agents étaient titulaires de leur poste, d'autres étaient de la réserve. A l'époque toujours, on travaillait soit en jour/nuit, soit en mixte (après-midi). Le mixte était attribué par mutation aux plus anciens.
J'arrivais du Privé. La RATP était un monde entièrement nouveau pour moi, n'ayant pas de famille dans la place.
Certains agents à forte personnalité m'avaient terriblement impressionnée. Celle qui finissait son rang de tricot avant d'accorder au voyageur une attention toute relative; celle qui demandait de monter faire la monnaie sur un petit billet, ne voulant pas toucher au fond de roulement; celle qui en aurait remontré à une poissonnière par son langage haut en couleur et limite insultant... Je les avais surnommées les matrones. Elles m'enseignaient leurs propres vues sur le métier, se faisant maternelles et péremptoires.
Je n'aimais pas les relever. Elles restaient en poste et bavardaient sur les uns, les autres, et lorsqu'elles s'occupaient d'un client et que le ton montait de part et d'autre, je courais me planquer pour ne pas avoir à prendre parti, ou je faisais front par solidarité et essayais de calmer le jeu sans condamner ni les uns ni les autres.
Elles étaient infernales mais vivantes et sources de belles crises de fous rires. Leur attitude, leur langage imagé, leur gouaille, leur grand coeur ou leur méchanceté, selon qui était en face, me fascinaient et me répugnaient.
Sans vouloir revenir sur ces temps révolus, il m'arrive de les regretter, ces haranguières qui coloraient la journée de bien étranges pigments. Elles étaient agents de station. Elles sont devenues B1 et ont perdu tout leur éclat et éclats. Elles sont devenues uniformité et platitude...


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