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MANHATTAN, d'Anne REVAH

Par Geybuss

MANHATTAN, d'Anne REVAH Roman - Editions Arléa - 90 pages - 13 €
Le mot de l'éditeur : Elle part. Elle fuit après avoir appris l'inacceptable.
Elle n'a pas peur, non, mais elle veut mettre de l'ordre dans sa vie.
C'est une lettre qu'elle choisit d'écrire, une seule lettre. Les mots coulent comme un torrent, emportant sur leur passage la vie d'avant, les secrets, les mensonges, les blessures non refermées.
Elle écrit et se délivre, fait place nette, se retrouve enfin et peut, apaisée, aller vers son destin.
Anne Révah a quarante et un ans. Elle vit à Paris. Manhattan est son premier roman.
   MANHATTAN, d'Anne REVAH
Mon humble avis :  Une tâche à priori insignifiante, en forme de l'île de Manhattan, sur l'avant bras... Quelques examens médicaux et le couperet tombe : des tâches dans le cerveau, une très grave maladie. Dès lors, une seule issue s'impose à la narratrice. Fuir. Partir de chez elle, direction un hôtel parisien. Elle ne laisse même pas un mot qui rassurerait son mari et ses enfants. Puis,  le lendemain, au hasard des horaires de vols, elle décide de s'embarquer pour Madras. Sauf qu'au dernier moment, elle se ravise. Il lui reste à mettre de l'ordre dans sa vie, à avouer la mascarade que fut sa vie suite à une enfance bafouée. Elle écrit alors une lettre à sa mère qu'elle tient pour responsable de sa détresse, une lettre pour tourner la page. Elle s'enferme alors dans un appartement loué pour écrire cette lettre, cette lèvre qui doit la délivrer, lui permettre d'en finir.

Voici un magnifique premier roman. Bouleversant,  il m'a touchée en plein coeur et a trouvé une forte résonance en moi qui ai été récemment bousculée par une lourde maladie.  Ce livre est intimiste, il nous emmène très vite dans un tête à tête avec la narratrice. Au premier abord, sa réaction paraît égoïste et puis... Oui la maladie bouleverse les choses, l'idée de mort nécessite sûrement un ménage urgent de la vie. Même si celui ci est douloureux et déterre des secrets enfouis à jamais. Comme un tremblement de terre, le traumatisme de la maladie en réveille un plus ancien. Alors tout s'effondre : une vie bâti sur une ruine reste fragile. La narratrice s'est  construite sur l'horreur, sur une énorme dissimulation. Elle s'est inventé un personnage, elle s'est mariée, a eu des enfants, a réussi professionnellement. Aux yeux de tous, elle a mené une vie brillante. Mais elle portait un masque, le masque que la société attendait d'elle. Même envers sa famille, qu'elle aime sans plus. Maintenant que ce masque tombe, elle se sent vide et elle le dit.
Anne Revah nous écrit avec une sensibilité exacerbée les sentiments qui traversent la narratrice. Les réflexions sur le mensonge, la sensation de vacuité intérieure, la souffrance, les dégâts d'un traumatisme enfoui, le bouleversement de la maladie sont intelligemment introduites et menées. La double personnalité du personnage, celle qu'elle montre, celle qu'elle est réellement et le pourquoi de cela sont décrits et expliqués avec beaucoup de justesse. L'écriture est, limpide et fluide, presque distante. Elle ne s'immisce pas entre le lecteur et l'émotion. De très belles phrases m'ont fait mettre de nombreuses croix dans la marge. Manhattan est un livre poignant et subtil, émouvant sans être larmoyant. Et son auteur, Anne Révah, est à suivre assurément.
"Ce que j'ai construit était impeccable, un empaquetage pour me cacher. Il a fallu convaincre, me convaincre, j'y suis parvenue. J'ai pris la pose.... Je me suis déguisée. Les autres n'ont que peu compté dans l'affaire.... je me suis imposée à eux pour ne pas tomber dans le vide offensif en mon creux... Je me suis attachée à aménager une sorte de paroi. On en verrait pas derrière cette paroi. La façade était enviable, assurément efficace. Je m'installais sous le regard des autres. Mon aisance n'était pas feinte, elle était magistralement accomplie.....Le théâtre était impeccable, convaincant, vous y avez tous cru.... J'ai seulement réussi à arborer un mirage de moi même."
Les avis de
Leiloona , de Karine ; d'Antigone, d'Hélène et de Sylire

Merci à Anne Révah


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