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Ultimatum climatique : le GIEC nous manipule-t-il ?

Publié le 07 décembre 2009 par Penserdurable

graphique-en-forme-de-hockeyA l’heure du sommet de Copenhague, le hacking des emails du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) semble révéler un complot qui a même trouvé son nom : le Climategate. Comment cela, on nous aurait menti en corrigeant les courbes alarmantes par des astuces statistiques ? Des politiques et des journalistes nous révèleraient une réalité que les méchants scientifiques nous cachent depuis si longtemps ? Regardons cela de plus près…

Quel est tout d’abord le véritable objet du scandale ? Dans le millier de correspondances divulgué par les hackers, un email témoigne que Phil Jones, directeur du Hadley Centre, a eu recours à une « astuce » – changer un paramètre dans son modèle – pour cacher une pause dans le réchauffement entre 1998 et 2008. Les « climato-sceptiques » de tout poil – parmi eux des élus républicains au Congrès Américain, des conservateurs britanniques et le négociateur de l’Arabie Saoudite – se sont rués sur l’occasion pour hurler à la manipulation. La nouvelle tombe à pic pour discréditer la communauté scientifique à quelques jours du sommet de Copenhague, où les politiques devraient s’engager fermement sur la réduction des émissions des GES (gaz à effet de serre).

Alors, le GIEC nous ment-il ? Certains scientifiques ont parfois joué la surenchère médiatique pour se faire entendre : ils ont sorti les gros chiffres en annonçant un réchauffement global de 6,4°C d’ici 2100 (fourchette haute de l’hypothèse pessimiste dans le rapport de 2007). D’autres ont opéré quelques manipulations statistiques : un graphique exponentiel en crosse de hockey était présent dans le rapport de 2001, alors qu’il faisait l’objet d’une controverse parmi la communauté scientifique. En effet, celui-ci occultait des cycles naturels, tels un réchauffement vers l’an mil et un « petit âge glaciaire » au XVIIème siècle. Ce graphe n’est plus présent dans le rapport de 2007, mais il a été largement repris par les médias. En voici une version corrigée :

Températures historiques reconstituées

Graphique des températures des mille dernières années dans l'hémisphère nord selon d'anciens articles (lignes bleues), de nouveaux (lignes rouges) et des archives d'instruments de mesure (lignes noires) - Source Wikipedia

Malgré tout, on ne devrait pas jeter le GIEC aux oubliettes pour ces quelques excès. Certes, il plus simple de présenter au public une courbe exponentielle sur les émissions de dioxyde de carbone que de rendre compte de la subtilité des travaux sur le climat. Mais estimer le risque climatique et donner des solutions pour le résoudre, c’est tout l’enjeu du GIEC ! En effet, cette institution de pays mandatée par l’ONU synthétise les publications scientifiques, après un long débat qui aboutit à un accord. Le rapport est finalement signé unanimement par tous les scientifiques et tous les gouvernements faisant partie du GIEC (c’est-à-dire la quasi totalité des pays du monde, y compris les Etats-Unis).

Doit-on pour autant lui faire aveuglément confiance? Eh bien, ça n’est pas si facile que cela. D’une part, les rapports du GIEC sont le fruit d’un consensus ; certaines théories marginales, qui n’entrent pas dans le courant dominant, sont mises de côté. D’autre part, les climatologues ne prédisent pas l’avenir : ils le modélisent. Le climat est simulé par un logiciel très complexe, auquel on ajoute divers paramètres. Puis on fait tourner le programme par des super-ordinateurs pendant quelques temps et on analyse les données (le site manicore décrit très bien le processus). Malgré tout, si les différents modèles ne donnent pas les exactement les mêmes résultats, si on a des incertitudes sur le rôle des océans ou celui de l’homme, tous aboutissent à la conclusion suivante : l’homme contribue à élever la température globale sur la planète.

Le GIEC estime ainsi que la probabilité pour que les changements climatiques soient dus aux activités humaines est supérieure à 90%. La température globale va-t-elle augmenter de 3°C ? 4°C ? Faut-il refuser d’agir parce que le risque n’est pas certain et qu’on ne maîtrise pas tous les paramètres ? Doit-on se boucher les oreilles devant les faits que sont l’augmentation de la température, l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaces depuis un siècle? C’est tout le problème : l’humanité doit répondre aujourd’hui à un risque lointain, mais bien réel. C’est à nous désormais d’exercer ce choix pour éviter de faire souffrir les prochaines générations : soit nous révolutionnons notre mode de vie, soit nous refusons d’écouter les scientifiques.

N’hésitez pas à jeter un coup d’œil rapide sur la synthèse du rapport 2007 du GIEC par le gouvernement. Pour aller plus loin, Manicore vous explique les graphes dans le détail. Et pour les plus courageux, voici la version hardcore du rapport du GIEC 2007 en français.


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