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Gilles Jobin, Black Swan : neuf chevaux et huit lapins

Publié le 09 décembre 2009 par Jérôme Delatour
Rien à voir avec le Lac des Cygnes. Ce cygne noir renvoie à une théorie de l'improbable qui menace toute certitude inductive. On a pu affirmer longtemps que les cygnes étaient blancs ; jusqu'au jour où, en 1790, John Latham découvrit et décrivit pour la première fois des cygnes noirs.


En l'espèce, Black Swan est-il le cygne noir de l'oeuvre de Gilles Jobin, ou une pièce à cygne noir ? Certes, Black Swan surprend par son ouverture très dansée, qui tranche avec la précédente création de Jobin, Text to Speech ; mais au fond, on reconnaît aisément sa patte esthétique et conceptuelle. En revanche, la pièce en elle-même est un condensé d'incongruités, d'imprévisibilité qui forcent le spectateur à l'abandon. Le cygne est à l'intérieur.

Black Swan immerge dans un bocal de sonorités électro-acoustiques, orientales, de liquidités métalliques. Une femme exécute une danse presque rituelle, brassant l'air de la scène comme pour s'en approprier tout l'espace. Bras en cercle. Une autre femme la rejoint pour un très beau duo féminin, souple et perpétuel, contrebalancé de l'une à l'autre magnifiquement. Puis appropriation de la terre, sensuelle. Vient un homme, appui.

Avec les lapins en peluche je perds pied. Un deuxième homme, Jobin en collant de Frère Jacques. Le cygne noir c'est lui, sculpté comme un athlète un peu court. Il sautille et mouline des lapins, une Snoopy dance of joy. Le duo des hommes est plus violent ; courses, sauts, vifs et grands mouvements des bras, lapins brandis comme des gants de boxe ; musique aussi plus martiale. Arrêts sur images. Passés sur un corps debout les lapins citent Braindance, ces fragments de miroir patiemment collés sur corps nu. Un roulé-boulé avec chevaux en peluche, ah ? Une transhumance d'éléphants, superbe et raffinée, frôle une danseuse cyan. Puis tout leur jeu, un peu long, de longues baguettes, nautoniers du noir, jusqu'à pousser les chevaux sur le devant de la scène. Cette fin m'échappe. Vaincu par le rhume, je m'endors. Je crois que c'était beau.

Black Swan, de Gilles Jobin, a été donné aux Abbesses du 1er au 5 décembre 2009.

Retrouvez en vidéo toutes les créations de Gilles Jobin sur l'excellent Vimeo.

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