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Une vie divine

Publié le 29 novembre 2009 par Sébastien Michel
Philippe Sollers,
éd. Gallimard, 525 p.,
A partir de 19 € sur Amazon.fr
Le narrateur, professeur de philosophie, a pour ambitieux projet de réfléchir à une philosophie mondiale. Pour aboutir à un semblable résultat, il mène notamment des discussions avec les deux femmes qui occupent sa vie, Ludivine, lumière divine, en fait une jeune fille frivole passionnée de mode et Nelly, l'esprit ou l'étudiante en philosophie. Ainsi va la dialectique au contact des âmes et des corps féminins... Le philosophe en herbe rencontre au centre de ses recherches le penseur dont le noyau de sa philosophie est assez dur pour faire germer toute une pensée mondiale : Monsieur Nietzsche. Le narrateur égrène ses recherches de citations nietzschéennes qu'il commente au gré de ses expériences. L'histoire ainsi contée pourrait être alléchante, mais on ressort de ce roman philosophique désarçonné. On a bien saisi la jouissance du narrateur, spectre des fantasmes sadiens de l'auteur, plus que son idée de bonheur, mais pas effectivement l'essence propre de la philosophie nietzschéenne.
Une vie divine
Hors-sujet, Sollers ? Non point, il faudrait plutôt l'estimer trop ambitieux. Car l'érudition peut porter préjudice, et c'est bien le cas ici, malheureusement. On a en effet l'impression forte que l'auteur se presse de tout dire et de tout mélanger, fondant un bouillon (de culture ?) avec tout ce qui lui passe par la plume : philosophie, érotisme, art, littérature, et cetera (un peu de latin aussi). Ce texte hybride et débridé offre peu de liant et de cohérence : on a pour ainsi dire du mal à accrocher. Et pourtant le style, qui cultive avec abondance la parataxe, glisse... Il est nourri d'énumérations, parfois amusantes, souvent vaines comme si l'auteur qui grappillait l'espace blanche de la page prenait un malin plaisir à nous faire grincer des dents. Mais d'où vient cet étrange sentiment d'énervement ? D'un sens de la poésie déréglé, d'un mouvement chaotique et désordonné de l'écriture ? Ou encore de cette impression de lire Nietzsche, déjà aride dans le texte, enrobé d'un second voile, plus ou moins indéchiffrable ? On l'aura compris Une vie divine est loin d'être un roman divin, une expérience purement inflammatoire pour certains, pour d'autres plus conciliants une rencontre puissante et ténébreuse avec un maudit de la philosophie, M. N.

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