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Une nuit dans le train.

Publié le 11 décembre 2009 par Wilverge
Une nuit dans le train.Les paysages vus d'un train...

Entre Kolkata et Varanasi
Je me demande comment ça va être?
Est-ce que ce sera comme dans les films de déportation, où les personnes dorment entassées dans des vieux wagons pourris? Est-ce que ce sera comme dans « Slumdog Milionaire » avec des gens partout dans le train et des petits voleurs?
J'en ai aucune idée.
J'essaie comme tout le monde de lire la liste sur le babillard pour savoir dans quel wagon je suis. Ensuite, comme tout le monde, j'attends devant mon quai d'embarquement et ensuite, pas comme tout le monde, j'attends en ligne pour entrer dans le train.
C'est la pagaille. Un mec essaie de faire entrer un tapis énorme sur la banquette supérieure. Des familles installent leurs 5 enfants dans une seule couchette qui se trouve à avoir les dimensions d'un petit comptoir de salle de bain.
Le vendeur de chaï, quant à lui, a déjà commencé son quart de travail.
« CHAÏ, CHAÏ, CHAÏ » hurle-t-il en arpentant tous les wagons.
Il est minuit et nous nous apprêtons à quitter Kolkata.
« -Euh Will, c'est où nos lits?
-Les deux du troisième étage. »
Je grimpe sur le troisième comptoir, me cognant la tête sur le coin du grillage du cache néon, évitant de justesse de coincer une poignée de cheveux dans l’hélice du ventilateur poussiéreux qui tournoie à toute allure quelques centimètres au-dessus de ma tête.
Une nuit dans le train.
« CHAÏ, CHAÏ, CHAÏ »
« - Will, attention au tapis! »
Nous commençons à nous installer. Les bagages enchaînés à la tête du lit, on sort nos couvertures et je tente de me faire un semblant d'oreiller avec ma sacoche.
Une nuit dans le train.
Presque confortable. Non sans blague, ce n'est pas si mal! Je ne le recommande pas trop aux gens de six pieds mais pour moi, ça va très bien.
Vers une heure du matin, tout le monde semble installé. Nous sommes huit par compartiment et il y en a neuf par wagon pour un total de soixante-douze têtes. Tout ceci est sans compter les enfants qui sont souvent en extra, les tapis et les nombreux et volumineux sacs de tous et chacun.
Heureusement, nous avons pris les banquettes du haut, au-dessus de la masse. Un judicieux conseil que l’on trimbale depuis le Honduras.
Un dernier « CHAÏ, CHAÏ, CHAÏ » et on se couche.
À chaque entrée et sortie de gare, on entend le traditionnel « tchou, tchou ». Et à chaque intersection avec une route. Et à chaque village que l’on passe. Et parfois, ça le fait aussi au milieu d'un champ désert, va savoir pourquoi.
Quelques heures se sont écoulées, j'ai les pieds engourdis car je ne peux pas déplier mes jambes au complet, mon comptoir n'étant pas assez long.
Au milieu de la nuit, évidemment, en tant que fille, je dois me rendre aux toilettes. Décadenasse le sac à main, mets les gougounes, descends de l'échelle sans accrocher le gars en dessous, entre dans la salle de bain, fais face à la toilette turque en essayant de ne toucher à rien malgré les tremblements du train.
Je vois les traverses par le trou du bol.
Remonte le bas des pantalons pour ne pas les mouiller de la substance X sur le sol, baisse lesdits pantalons et essaye avec tout ça de rester en équilibre au-dessus de ce truc, à trois heures du matin, dans un train en mouvement. Y'en a pas de facile. Puis, la mission accomplie, c'est l'opération inverse!
Je me suis à peine rendormie, que la nuit indienne est terminée. Tout le monde est debout. Les couchettes sont transformées en banquettes et les vendeurs en tout genre vendent leurs produits en criant pour les annoncer.
Je ne suis pas vraiment prête à ça encore, 5h45, pour moi, c'est trop tôt. Je me cache dans mon foulard remettant à plus tard le face à face avec mes voisins. En ce moment, j'apprécie encore plus d'être au troisième étage.
Ce n'est que deux heures plus tard que je sors de ma cachette. Will a déjà un « CHAÏ, CHAÏ, CHAÏ » de bu et surveille l’arrivée du vendeur de samosas.
La femme d'en bas et ses quatre enfants me scrutent attentivement. Depuis combien de temps ils font ça?
J'étire mes jambes endolories et accepte le fameux thé sucré au lait que Will me tend. Avec un peu de cannelle, c'est un délice.
Nous sommes encore les seuls touristes dans les parages donc le centre d'intérêt.
J'exécute de nouveau mon numéro d'adresse aux toilettes et passe le restant de la journée à regarder défiler le paysage. Des champs de culture, des bidonvilles, des travailleurs sur les rails.
Une nuit dans le train.
Encore un « CHAÏ, CHAÏ, CHAÏ », on y prend goût, et nous voici avec deux heures de retard à Varanasi, une des plus vieille ville du Monde et lieu de pèlerinage de nombreux Indiens.
- Nad qui a bien aimé le train.

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