Magazine Journal intime

Quelque jours à Londres

Par Corboland78

                 Déçu par les vitrines de Noël de Paris, lassé des Marchés de Noël visités ces dernières années de Strasbourg à Cologne mais avide de retrouver ce parfum de la fête de mon enfance, il me restait une alternative, filer à Londres où l'on sait encore ce que tradition veut dire. J'y suis allé, j'ai vu et j'en reviens comblé, les yeux brillants comme un sapin de Noël. Londres est l'endroit parfait pour passer les fêtes de fin d'année.

Début de matinée, le RER est bondé. Gare du Nord pour prendre l'Eurostar. Les accès et procédures sont calqués sur les aéroports. Inspection des bagages par caméra et des personnes par un portique détecteur de métal, douane rapide, contrôle des cartes d'identité, accès à la salle d'embarquement. C'est mon premier voyage par l'Eurostar et le tunnel sous la Manche, d'habitude je prends l'avion, j'écris d'habitude, car c'est la cinquième fois que je viens à Londres mais ma dernière escapade date d'une bonne dizaine d'années. A peine installé dans le train, c'est la grosse déception, l'espace vital est réduit a minima, dans notre wagon la majorité des places sont avec vis-à-vis, par carré de quatre places et la tablette centrale est très étroite. Pour allonger ses jambes il faut instaurer une règle avec son voisin de face. J'ai moins de place que dans un RER, ce qui n'est pas peu dire ! Moi qui supporte mal la promiscuité imposée, je trouve que ce voyage commence bien mal. Au retour nous serons dans un wagon de TGV plus classique, deux par deux.

Après deux heures et quart de trajet et un passage sous-marin expédié en vingt minutes sans qu'aucun poisson n'ait éclaboussé les vitres du train, nous arrivons sains et saufs à Saint-Pancras au cœur de la capitale anglaise. L'hôtel n'est pas très loin à pied mais nous avons du mal à en trouver le chemin malgré mon plan de la ville. Je sors mon anglais rouillé par l'inactivité pour accoster les passants. Une jeune femme se dévoue pour nous guider car elle va dans notre direction, nous devisons et je m'aperçois que les mots me viennent relativement facilement, même si l'accent est épouvantable, ce qu'il a toujours été au demeurant, mon accent parigot s'accordant mal avec le phrasé « tongue in cheek » britannique. L'essentiel étant de me faire comprendre, je serais assez content de moi sur ce plan à l'issue de mon séjour. Les bagages déposés dans la chambre, nous ressortons immédiatement.

Par Tottenham Court Road nous arrivons sur Oxford Street, la rue est toujours autant animée car très commerçante. Ce qui frappe assez rapidement, c'est le nombre très élevé de boutiques vendant de la nourriture à emporter ou consommer sur place, les Starbucks Café, Prêt A Manger, Cafe Nero, Spaghetti House, sushi bars et autres dont j'ai oublié les noms. La circulation automobile dans la ville a été restreinte par un péage urbain, on a du mal à imaginer ce que cela donnerait si ce n'était le cas. Les bus rouge à étage sont légion mais les taxis encore plus nombreux, autrefois noirs, ils sont désormais aux couleurs des publicités qui ornent leurs flancs. Dernière remarque sur la circulation, les carrefours sont très souvent mal foutus à mon avis, les rues se coupent rarement à angle droit, les véhicules roulant à gauche et des couloirs pour les vélos venant s'imbriquer dans ce méli-mélo et des feux tricolores alternés rendent la traversée piétonne assez complexe.

Nous quittons Oxford Street pour Regent Street qui descend en une longue courbe vers Piccadilly Circus ; les boutiques de luxe se succèdent, horlogers bijoutiers, vêtements de grandes marques, Ferrari, étalent leurs richesses. Toutes les rues sont décorées pour Noël et les commerces rivalisent de sapins illuminés, de boules multicolores et éclairages appropriés. Au coin d'une petite rue, le magasin Liberty's à la façade Tudor en bois, il date de 1924. La visite s'impose ; à l'intérieur tout est en bois ou matières nobles et ce ne sont que produits et articles de qualité. Des canapés en cuir permettent de faire une petite halte reposante. Les étages tournent autour d'un axe central évidé, du rez-de-chaussée on peut apercevoir le plafond du dernier étage du magasin. Le rayon des décorations de Christmas offre tout ce que veut la tradition tandis que la sonorisation diffuse des chants de Noël. Le magasin est superbe et très british, mais je sais aussi qu'il y aura encore mieux à voir ailleurs. Il n'est pas loin de 16h, nous en profitons pour prendre un thé avec quelques macarons. Une pause délicieuse vous en conviendrez.

Nous continuons notre périple, Piccadilly Circus aux éclairages clinquants, la statue d'Eros mise sous cloche transparente, comme ces boules qu'on secoue pour faire tomber la neige. Trafalgar Square où se dresse le sapin géant qu'offre tous les ans la Norvège pour remercier la Grande-Bretagne d'avoir protégé leur famille royale pendant la seconde Guerre Mondiale. A son pied une chorale féminine. Je commence à fatiguer, retour à l'hôtel par Charing Cross, libraires d'un côté de la rue et bordure de Chinatown de l'autre. Tottenham Court Road puis Euston Road et notre hôtel non loin.

Mercredi

Petit-déjeuner, je ne sais où donner de la fourchette, bacon, saucisses, haricots blancs, œufs brouillés, jambon, fromage et viennoiseries. Copieux et idéal pour attaquer la journée d'un bon pied. Dans la salle des commerciaux discutent déjà de commandes et de factures certainement pour me gâcher mon repas.

Je suis venu pour voir le quartier des Docks, car il est relativement nouveau et c'est la seule chose que je ne connais pas ici. Nous prenons le métro. Je constate qu'il y a beaucoup de personnel dans les stations, aux abords des bornes de pointage des billets, pour vous renseigner ou vous aider toujours aimablement. Par contre les infrastructures ont encore besoin d'être modernisées. Les rames sont épouvantables, toutes les lignes ne sont pas à la même enseigne mais toutes peuvent être revues. Les wagons sont étroits, les fenêtres toutes petites ce qui accroît le sentiment de claustrophobie et c'est toujours bondé. Premier voyage, première panne ! Nous restons bloqués entre deux gares, écrasés les uns contre les autres. Epouvanté, je préfère que nous descendions dès la première station. Nous empruntons alors un bus jusqu'à une station de métro, en fait la ligne du DLR, une sorte de métro automatique moderne confortable qui nous amène à Canary Wharf dans les Docks. Les architectes ont marié avec talent, les anciens bâtiments en brique rouge avec les tours en verre et métal comme à la Défense à Paris. Au pied de ces tours, dans les bassins dorment de vieux navires à voile ou à vapeur. Le contraste entre l'ancien et le moderne est saisissant.

La visite de la ville se continue avec Tower Bridge et la foule qui se presse sur les trottoirs du pont qui enjambe la Tamise et la dense circulation automobile qui l'emprunte aussi. Tout près de la Tour de Londres, St Katharine's Docks, une marina au pied des tours de bureaux, bordée de boutiques et restaurants où l'été il fait bon déjeuner en terrasse en regardant les vieux voiliers qui y mouillent.

Nous repassons par Trafalgar Square - de jour cette fois - la colonne Nelson et les bâtiments de la National Gallery. Piccadilly Circus, Eros, et le magasin Fortnum & Mason. Autre institution à ne pas manquer, ce magasin datant de 1707 est fournisseur de la Reine. Toujours ce luxe anglais empreint de tradition comme je l'aime. Ici aussi beaucoup de personnel, un homme en queue de pie organise la queue devant un pool de caisses. Achats de biscuits pour offrir à Noël à notre retour et pause au salon de thé. Le breuvage est servi dans des théières en argent, le filtre et le porte filtre sont dans le même métal et les serviettes en tissu. Classe !

Retour à l'hôtel par Chinatown, sur Gerrard Street. Portiques chinois à l'entrée des rues limitent le quartier. La zone est réduite, beaucoup plus petite qu'à Paris par exemple. Magasins d'alimentation asiatique, restaurants et canards laqués pendus en vitrines.

Jeudi

Il fait très beau et doux, nous n'avons eu que quelques gouttes de pluie hier soir en rentrant. Ce matin direction Covent Garden. Ses petites boutiques, sous les halles couvertes, restaurants et vente à emporter. Charmant.

Je pensais éviter les monuments institutionnels déjà vus par le passé mais emportés par notre élan, nous alignons le Parlement, Big Ben, Westminster Abbey et en nous éloignant de la Tamise, St James Park. Une foultitude d'oiseaux sur les pelouses autour du plan d'eau, canards, poules d'eau, pélicans, oies, cygnes. Et plus fort encore, des quantités incroyables d'écureuils pas farouches qui viennent sous vos pas quémander quelques nourritures. Magnifique endroit. Enfin nous arrivons devant Buckingham Palace alors que deux carrosses rouge et or occupés par je ne sais qui, font leur entrée dans le palais. Notre programme est trop chargé pour que nous nous arrêtions afin de saluer la Queen alors nous poursuivons notre longue marche jusqu'à Hyde Park Corner, où le dimanche n'importe qui peut venir faire le discours de sa vie, sous l'œil goguenard des passants. Nous enfilons Knightsbridge et Brompton Road - quartiers rupins - pour aboutir au terme de ce que j'appellerais une apothéose, le magasin Harrods. Venir à Londres sans faire une escale chez Harrods serait un crime de lèse-majesté. Si vous connaissez, la description suivante vous rappellera les lieux, si vous ne connaissez pas, je vous prie d'excuser mes pauvres mots qui sont bien en dessous de la réalité de ce qu'est ce magasin. Moi qui ne suis pas un fan des grands magasins, je suis contraint d'admettre qu'à Londres j'ai du plaisir à entrer chez Liberty's et Fortnum & Mason dont j'ai déjà parlé mais surtout chez Harrods tant, tout ici est incroyable. Sept niveaux en comptant le sous-sol, une démesure de richesse, colonnades de marbres, toutes les grandes marques du grand luxe y sont représentées, inutile de regarder les étiquettes de prix, nous ne sommes pas venus ici pour souffrir. Escalators Egyptiens, si on peut dire, car la décoration ressemble à une production Hollywoodienne au temps des pharaons. Le rayon dédié à Noël est un rêve de guirlandes, de boules, de jouets, de chocolats et biscuits en boites métalliques. Nous achetons un ours en peluche et le fameux pudding de Noël britannique. Des chants de fête renforcent l'impression de béatitude dans laquelle je flotte. Mais nous n'avons encore rien vu, car il faut en passer par l'étage consacré à l'alimentation. Je dessers mon manteau et retire ma casquette, trop d'émotions ! Les serveurs en tabliers et chapeaux de paille, de grandes pièces dédiées aux charcuteries du monde entier, fromages, viandes et poissons, desserts, etc. des brumisateurs tiennent les fruits et légumes dans un état de présentation parfait. De nombreuses zones de restauration, des bars circulaires spécialisés où l'on vous sert ici des pizzas, là des viandes grillées, là-bas du caviar ( !), ou bien des sushis, pour notre part nous optons pour le bar de Morelli's Gelato et une monstrueuse coupe glacée choisie à grand peine dans la carte trop alléchante. Disons le tout net, c'est délicieusement scandaleux d'être attablé ici à déguster notre glace alors que certains crèvent la dalle.

Retour à l'hôtel par un métro toujours bondé. Nous descendons à la station Russel Square, pour en sortir soit l'ascenseur soit un escalier de 175 marches. Je n'ose envisager un incendie dans la station.

Vendredi

Notre dernier jour, le train part dans l'après-midi. Nous en profitons pour retourner sur Oxford Street et visiter le magasin Selfridges, moins pittoresque que Harrods. Regent Street, nouvel arrêt chez Liberty's, boutiques de luxe comme Rolex ainsi que Hamsley's qui vend des jouets et peluches. Carnaby Street et ses boutiques de créateurs de mode. Londres est une ville très bruyante en son centre et sans arrêt la stridence des sirènes multi-tons des camions de pompiers, des ambulances ou des voitures de police qui foncent on ne sait jamais où, mais toute la journée. Ca fatigue vite.

L'Eurostar du retour connaîtra une panne qui l'immobilisera trente minutes en plein champ pour un problème de caténaire. Mais un Eurostar sans incident, serait-ce un Eurostar ? Arrivés à Paris c'est le RER A qui est en grève et à la Gare Saint-Lazare après avoir attendu dix minutes que le train parte on nous informe qu'un problème « technique » oblige à le supprimer, le prochain est à 21h10 soit dans vingt minutes, il partira archibondé et nous rentrons chez nous avec une heure de retard. Avec ma femme, nous nous sommes promis de revenir l'année prochaine, enfin d'ici là on verra bien.                        


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