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Comprendre et soigner l'hyperactivité chez l'adulte - François Bange

Publié le 14 décembre 2009 par La_liseuse

Pourquoi parler de ce livre quand je parle le plus souvent de romans sur ce blog ? Parce que j’ai été diagnostiquée cette année TDAH (Troubles Déficitaires de l'attention avec ou sans Hyperactivité) par un neurologue. J’ai pu enfin mettre un mot sur ce qui me poursuit depuis l’enfance, que je ne comprenais pas jusque là et qui était synonyme de souffrance et de culpabilité. C’est aussi l’occasion de faire découvrir ce trouble neurologique mal connu en France. Si je vous dis hyperactivité, cela vous parle-t-il ? mais ce n’est qu’un des symptômes parmi lesquels : difficulté d’attention et de concentration, impulsivité, instabilité. A l’âge adulte et bien que l’agitation disparaisse le plus souvent à l’adolescence, le syndrome évolue, les différents symptômes persistent à des degrés variables si bien que les domaines académiques, professionnels, relationnels et personnels en sont plus ou moins affectés. Pour + d'infos : http://www.tdah-france.fr/


Comprendre et soigner l'hyperactivité chez l'adulte - François Bange
Editions Dunod - 2ème édition - 304 pages - 2009
Comprendre et soigner l'hyperactivité chez l'adulte - François Bange


Présentation de l'éditeur : L'hyperactivité chez les adultes ne se réduit pas à une agitation et une impulsivité excessives. Elle est tout autant une attention irrégulière, une organisation quotidienne défaillante, et une humeur mobile. Ces attributs universellement répandus se regroupent en un syndrome contraigant chez certains et envahissant leur vie. Les distraits et les estourdis en constituaient une incarnation au XVIIe siècle, de même que les instables au siècle dernier. Les difficultés et la souffrance auxquelles les hyperactifs sont confrontés dans l'enfance peuvent se prolonger à l'âge adulte, et s'accompagner d'autres pathologies comme l'abus de psychotropes, l'anxiété, la dépression et les troubles de la personnalité. Mais certains surmontent leurs problèmes, s'accommodent de leurs symptômes, et savent tirer avantage de leur curiosité, de leur inventivité, et de leur crainte de l'ennui.
François Bange et Marie-Christine Mouren ont été parmi les premiers en France à attirer l'attention sur le devenir de l'hyperactivité à l'âge adulte. Ils proposent ici un état complet des connaissances actuelles sur cette pathologie (au plan clinique, diagnostique et étiologique) et font la revue des traitements proposés. Cet ouvrage, enrichi de nombreux exemples extraits de la littérature, de l'histoire et de la clinique, s'adresse aux médecins, aux psychologues, aux professionnels de la santé mentale, mais aussi à tous ceux en contact avec les hyperactifs de tous âges, afin d'aider ces derniers à mener une vie d'adulte épanouie, et chacun à mieux les comprendre.


Sommaire : Introduction. Définition de l'hyperactivité chez l'adulte. Retentissement de l'hyperactivité chez l'adulte. Diagnostic différentiel et co-morbidité. Ethiopathogénie de l'hyperactivité. Evaluation psychologique et neuropsychologique. Traitement de l'hyperactivité chez l'adulte. Bibliographie. Index.

Cet ouvrage contient une partie qui intéressera le LCA qui sommeille en vous avec un 1er chapitre consacré aux étourdis et distraits dans la littérature du Grand Siècle. Au temps de Molière : Selon le dictionnaire universel de Furetière (1690), un « estourdi » est un homme « imprudent, inconsidéré qui fait les choses avec précipitation, et sans en considérer les suites ». Trois œuvres de la littérature française de cette époque mettent en scène ce personnage qui préfigure l’hyperactif moderne, du moins celui chez qui dominent les difficultés attentionnelles : "L’Étourdi" de Molière, "Le Distrait" de Regnard et un ouvrage de moraliste, "Les Caractères" de La Bruyère.

Ce chapitre est assez drôle car il est agrémenté d’extraits de gaffes et autres saynettes bouffones dont une que voici qui illustre bien les difficultés attentionnelles lors d’une conversation (celle de Ménalque dans Les Caractères de La Bruyère) : « Enfin il n’est ni présent ni attentif dans une compagnie à ce qui fait le sujet de la conversation. Il pense et il parle tout à la fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense : aussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite : où il dit non, souvent il faut dire oui et où il dit oui, croyez qu’il veut dire non ; il a, en vous répondant si juste, les yeux ouverts, mais il ne s’en sert point : il ne regarde ni vous ni personne, ni rien au monde. Tout ce que vous pouvez tirer de lui, et encore dans le temps qu’il est le plus appliqué, ce sont ces mots : Oui vraiment ; C’est vrai ; Bon ! Tout de bon ? Oui-da ! Je pense que oui ; Ah ! ciel ! et quelques autres monosyllabes qui ne sont pas même placées à propos. »

Alors d’où vient ce syndrome si perturbant pour la personne touchée et son entourage ? Plusieurs théories existent. Les déficits cognitifs observés dans l’hyperactivité (inattention, contrôle de l’inhibition) résulteraient d’une insuffisance dopaminergique dans le cortex préfrontal, alors que l’agitation et l’impulsivité découleraient d’un excès dopaminergique dans le striatum. Le second pourrait d’ailleurs être favorisé par la première, le striatum n’étant pas assez inhibé par le cortex préfrontal. Toutes les observations accumulées suggèrent un dysfonctionnement des voies dopaminergiques fronto-striatales, dans l’hyperactivité.

Voici des exemples parmi tant d’autres qui révèlent les hyperactifs : « - L’impulsivité et la distractibilité favorisent chez eux la multiplication des initiatives. Ce n’est en rien une attitude délibérée. Ils ont conscience de leur versatilité qu’ils se reprochent, ainsi que de leur incapacité à aller au bout des choses - Terminer est un autre défi pour les hyperactifs. Ils entament beaucoup, dans la vie domestique, professionnelle, sentimentale, familiale, les loisirs… Mais ils changent d’activité sur un coup de tête, sans avoir terminé celle en cours. Ils se dispersent, commencent une tâche puis passent à une autre moins importante, renoncent à un projet pour un autre qui a l’attrait du neuf - La vie sociale est source de soucis pour ces adultes. Pour les affronter, certaines stratégies s’avèrent efficaces ; par exemple, répondre aux banalités de la conversation par des formules convenues qui ne demandent aucune présence d’esprit ; se taire et sourire en toutes circonstances, ce qui vaut l’aimable réputation d’une bonne sociabilité malgré le manque de conversation, ou celle moins flatteuse d’être un peu cruche.

Et pour finir sur une note plus joyeuse, Kraepelin remarque dans sa description des adultes instables à la fin du XIXe siècle, qu’ils présentent souvent « vivacité de l’imagination et talent artistique ». Un dernier point qui a de quoi mieux faire passer la pilule et accepter cette différence qui disons-le honnêtement et souvent synonyme de mépris dans le regard de l’autre. J’en ai souvent fait l’expérience et quand on dit de vous que vous êtes bizarre, à l’ouest… On apprend vite à se forger une jolie carapace. D’où l’intérêt de dépister très tôt ce trouble chez l’enfant ne serait-ce que pour lui faciliter sa scolarité. Bien que cet ouvrage s’adresse avant tout aux professionnels de la santé, il n’en demeure pas moins un excellent support pour mieux comprendre et définir le TDAH.


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