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Où j’explique pourquoi l’emprunt-Sarko est une très mauvaise affaire pour la France

Publié le 15 décembre 2009 par Kamizole

sarkozy-grand-emprunt-14-dec-2009.1260844996.jpgSi j’ai bien retenu quelque chose de mes cours de droit budgétaire et d’économie politique c’est que nos profs disaient que tant les déficits que les emprunts, s’ils soulageaient temporairement les finances publiques ne sont qu’un expédient à la petite semaine, lourd de conséquences pour l’avenir : ils obèrent durablement les finances publiques et transfèrent purement et simplement l’endettement de l’Etat sur les futures générations.

De surcroît, ils obèrent également le budget à très court terme car il faut bien rembourser les intérêts de la dette – les déficits sont financés également par les emprunts – chaque année. Or, bien que François Fillon eût annoncé – après l’adoption du calamiteux “bouclier fiscal” ! – que les caisses étaient vides, rarement l’on a assisté à une telle inflation de dépenses publiques. Pas pour tout le monde, bien évidemment.

J’en profiterais au passage pour river le clou à une sarkonnerie aussi habituelle que récurrente : ce seraient les socialistes qui aggraveraient le déficit budgétaire. Or, il a été démontré par Eric Le Boucher quand il chroniquait au Monde que le gouvernement de Lionel Jospin avait réussi la performance d’avoir obtenu le plus bas déficit entre 1997 et 2002 depuis les 25 dernières années… Et toc !

Depuis deux ans et demi, Nicolas Sarkozy a réussi au contraire une sorte de petit “miracle” : la multiplication des déficits. Je ne sais plus si c’est avant ou après l’emprunt mais les spécialistes avancent l’hypothèse d’un endettement de l’Etat qui devrait atteindre 80 % du PIB de la France… Exorbitant et insensé.

Cela voudra dire que la quasi totalité de l’activité économique de la France aura pour unique but de rembourser la dette de l’Etat. Ou comment ruiner un pays – la France est en quasi faillite – en 30 mois. Sacrément fortiche le mec !

Pire : la dette des Etats est aujourd’hui sous l’emprise des seuls marchés financiers. Ceux par qui la catastrophe est advenue et qui n’entendent nullement changer de pratiques. Nicolas Sarkozy, en faisant appel une fois de plus au marché financier ne fait rien d’autre que refaire le plein de “coco” dans le moteur de la spéculation… Et hue cocotte !

Sans doute l’emprunt, s’il avait été placé auprès des particuliers, aurait-il entraîné de même manière le versement d’intérêts. Mais pas du tout au même prix pour la bonne raison que le taux en eût été fixé à l’avance. Sauf à réitérer la même ânerie que Valéry Giscard d’Estaing qui indexa son emprunt sur le cours de l’or, ce qui coûta la peau des fesses à l’Etat et enrichit considérablement les possédants qui y avaient souscrit.

Les spécialistes que j’ai entendus aujourd’hui mettent l’accent sur un phénomène prévisible autant que dangereux : la reprise de l’économie même si elle est encore balbutiante fera repartir les taux d’intérêt à la hausse ce qui alourdira d’autant le montant des intérêts qui devront être versés chaque année.

Encore heureux si l’indexation n’est pas fixée sur des paniers de devises ou autres éléments tout aussi incontrôlables. Ce qui fut le cas pour les emprunts dits “toxiques” que certains établissements financiers n’ont pas hésité à faire souscrire à nombre de collectivités publiques. Pas chers au début mais ensuite, ça douille !

Sarkozy et consorts nous disent sans rire que l’emprunt sera indolore pour les finances publiques… Tu parles ! Il suffit de connaître la manière : réduire les dépenses publiques, une fois de plus au détriment des fonctionnaires et sans nul doute des services publics en général. Toujours le credo ultralibéral : on ne remplacera pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Avec plusieurs conséquences gravissimes dont la mauvaise qualité sans cesse croissante des services publics et l’aggravation du chômage chez les jeunes qui sortent du système éducatif et qui tout au plus iront de petits boulots en petits boulots.

Il faudrait sans doute dire à ses abrutis – ainsi qu’aux patrons du privé – que l’emploi n’est pas ennemi de la croissance, bien au contraire, car ce qu’ils nomment des “charges” – forcément insupportables ! – c’est aussi du pouvoir d’achat qui stimule l’économie, des cotisations sociales supplémentaires qui permettent de financer les retraites, les dépenses de santé voire le chômage s’il y a lieu. Plus des rentrées fiscales par le jeu de l’impôt sur le revenu et la TVA. Les patrons du privé ont-ils seulement conscience que délocaliser et jeter au chômage des millions de personnes les prive eux-mêmes de débouchés pour leur production ?

Nous n’avons aucune garantie quant à l’utilisation des fonds ainsi collectés… Il a été question un temps d’un contrôle par un Haut-commissaire. Passé à la trappe. Il m’eût surtout paru très sage que ces fonds soient budgétisés sur un “compte d’affectation spéciale” qui seul permettrait qu’ils ne soient pas engloutis dans le puits sans fond du budget général et ne servent à des dépenses courantes.

De surcroît, avec l’avantage du contrôle des parlementaires. Au lieu de quoi, René Dosière – grand pourfendeur des dérives élyséennes et maintenant, gouvernementales – devra reprendre son boulier pour une nouvelle tâche : suivre comme un limier les masses de flouze du grand emprunt. A moins que les Commissions des finances de l’Assemblée et du Sénat, souvent frondeuses en ces temps de crise, ne dérangent les plans de Sarko sur ce chapitre.

Nicolas Sarkozy reste arquebouté sur son credo : pas d’augmentation des impôts. Pas question, évidemment de revenir sur le bouclier fiscal qui ne profite qu’aux milliardaires du COUAC-40 – j’entendais aujourd’hui qu’une étude sérieuse parue dans La Tribune démontrait que par le jeu des placements financiers dans les paradis fiscaux celles-ci payaient proportionnellement moins d’impôts sur les sociétés que les PME : quand elles déboursent 100 euros sur leurs résultats, les entreprises du COUAC-40 ne versent que 40 euros ! La France est décidément un pays de rêve pour l’évasion fiscale…

Mais il existe tellement de moyens de faire casquer le vulgum pecus sans que l’on nommât cela impôts. Les exemples ne manquent pas depuis 2 ans et demi et nous devrions en connaître bien davantage… Après les élections régionales, of course. Je ne saurais dire si aujourd’hui la taxe carbone a commencé à être prélevée mais une chose est certaine, Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde et Eric Woerth entendent bien la rembourser en février 2010 : la pêche aux voix est ouverte !

Mais certains mécontents malgré toutes ces largesses risquent de l’entendre d’une toute autre oreille et à défaut de choisir entre la gauche et la droite, préféreront aller tout simplement taquiner le goujon.

Enfin, je n’ai plus les chiffres en tête mais la disproportion est flagrante. Plusieurs milliards pour les universités et grandes écoles et quelque chose comme 500 millions de francs pour l’enseignement technique. Mépris du travail manuel associé à la volonté de poursuivre la désindustrialisation de la France. Nicolas Sarkozy aura beau se dire le champion de l’industrie française, cela ne se vérifie pas en pratique. Il en est au contraire un des fossoyeurs.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par ffff
posté le 10 novembre à 21:27
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Le plaisir de la critique nous ôte celui d'être vivement touchés de très belles choses. Jean de La Bruyère (Les Caractères, Des ouvrages de l'esprit)