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UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI

Par Abarguillet

UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI       VIDEO    
Un américain à Paris se situe dans la lignée des comédies musicales qui ont fait le succès d'Hollywood et que les américains ont su élever au rang d'art complet, qui unit la danse, le chant, le music-hall, le tout enrobé dans des mises en scène sans faille et servi par des chorégraphes et danseurs au talent exceptionnel. Ainsi  en a-t-il été d'artistes comme Fred Astaire, Ginger Rogers, Cyd Charisse et Gene Kelly, que nous avions déjà remarqué dans l'euphorisant Chantons sous la pluie. 

Lors de ce tournage, le danseur choisit de prendre pour partenaire  la délicieuse Leslie Caron, qu'il imposa à Vincente Minelli, non seulement pour son minois mutin, mais pour ses qualités de danseuse qui ne lui avaient pas échappé, lors d'un voyage à Londres, où elle se produisait dans les ballets de Roland Petit. Quant au rôle du chanteur de music-hall, fiancé de Lise ( Leslie Caron ), Maurice Chevalier avait été pressenti dans un premier temps, mais, l'homme au canotier étant sous contrat, ce fut Georges Guétary, peu connu du public américain, que l'on engagea à sa place.

                                       

Corbis Sygma
 
Corbis Sygma
 
Si ce film mérite notre intérêt et notre admiration à plus d'un titre, il a en outre un charme particulier, celui de nous promener dans le Paris des années folles et de nous le faire découvrir sous ses aspects les plus ludiques, avec ses voitures d'époque, ses rues encore villageoises, ses marchands des quatre-saisons, ses étals, ses quais, où l'on croisait les pêcheurs et les amoureux, un Paris d'une élégante désinvolture, où les femmes étaient toutes ravissantes et paraissaient sortir de la toile d'un peintre ou du sonnet d'un poète. Réalisation d'autant plus surprenante que le film fut tourné aux Etats-Unis. La reconstitution est proprement fabuleuse.

UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI

Un américain à Paris est à part égale gai et nostalgique, enchanteur et romantique, teinté parfois d'une gravité à peine voilée, qui unit, en un mélange savoureux, l'imaginaire de son auteur Vincente Minelli et la fantaisie débridée de son héros principal  Gene Kelly. Cela semble plus marqué encore dans le ballet final qui dure plus de quinze minutes, prouesse technique et vision d'un monde qui ne se peut atteindre que de manière allégorique.

Ayant obtenu de la soeur de George Gershwin les droits des chansons de son frère, Arthur Freed construisit le scénario du film à partir de cet élément majeur : la musique. Minnelli écrivit à ce propos dans sa biographie : " Le film représentait à mes yeux la synthèse de toutes les influences que j'avais essayé d'exprimer dans les années 40. Tout ce que je connaissais de Paris ou avait entendu dire de cette ville devait se matérialiser ici. Après avoir étudié des milliers de photos avec le décorateur de plateau Preston Ames, nous avons restitué ensemble un Paris si authentique que les Français furent très étonnés d'apprendre que le film fut tourné aux USA".
Arthur Freed et Vincente Minnelli avaient espéré travailler dans la capitale française, mais l'autorisation leur fut refusée par les producteurs, considérant que cela entraînerait des frais de déplacement considérables. Ce qui leur donna l'idée d'envisager les extérieurs selon une optique de peintre, en une symphonie de couleurs, et de créer les décors stylisés de Paris en s'inspirant des toiles impressionnistes. C'est ainsi que Un américain à Paris rend hommage à Dufy ( la place de la Concorde ), à Renoir ( le marché aux fleurs ), à Utrillo ( les rues de Montmartre ) et au douanier Rousseau ( le jardin des Plantes ), à Van Gogh ( l'Opéra ) ou à Toulouse-Lautrec ( le Moulin-Rouge ). Ce souci de mise en scène incita George Gibson, du département artistique, à organiser un concours de dessins et à sélectionner les tableaux qui évoquaient le mieux la facture de chacun de ces artistes, recréant en studio une capitale typique et pittoresque. Montmarture, les quais de la Seine, Notre-Dame apparaîssent dès lors dans un mirage hollywoodien.
Mais il restait à tourner le final que Minnelli, cédant à son imagination féconde, souhaitait à la fois audacieux sur le plan visuel et chorégraphique. Jamais, en effet, un ballet n'est apparu aussi artistique et intelligent, tourné en seulement quatre semaines pour un peu plus d'un million de dollars. Alors que le reste du film a parfois souffert d'influences contradictoires, le ballet final, éblouissant, parvient à réaliser une osmose parfaite entre le rêve de Minnelli et la volonté de Gene Kelly d'imposer sa marque personnelle.

Si bien que cette comédie musicale est probablement celle qui recueillit le plus grand succès d'audience auprès d'un public enthousiaste et conquis et mérita, ô combien, d'être primée par l'Oscar du meilleur film, puis de la meilleure direction musicale, scénario, décors, photographie et costumes. Tous les meilleurs réunis en apothéose.


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