Le faux procès fait à la future Commissaire bulgare, Rumiana Jeleva

La Bulgarie est fière d’avoir à nommer pour la deuxième fois sa Commissaire au sein du Collège à la Commission. Pour la deuxième fois ce sera une femme, et il s’agit de l’actuelle Ministre des affaires étrangères, Roumiana Jeleva. La précédente, Meglena Kuneva, a réussi à se faire un nom à Bruxelles et à gagner un titre, notamment celui de “Commissaire de l’année 2008″. (Vous m’excuserez le parallèle stupide qui me vient à l’esprit avec le concours de la Voiture de l’année, dont les modèles gagnants au passage font rarement rêver les foules). Ceci étant ce titre honorifique de la part du journal “European voice” est une reconnaissance pour les efforts de Mme Kuneva, mise à mal avec un portfolio (Protection des consommateurs) qui ne lui offrait pas un énorme champ d’action.

Ajourd’hui Roumiana Jeleva, qui a été proposée par le Premier Ministre bulgare Boyko Borissov, (la même famille politique du centre-droit) comme il est d’usage pour cette fonction non élective, est en train d’être plombée, par ses propres compatriotes, représentants du camp adverse au Parlement européen, à savoir le Parti Socialiste bulgare à un mois d’échéance avant l’audition des futurs commissaires devant les parlementaires de Bruxelles.

Après avoir entamé une campagne de dénigrement dans la presse bulgare avec notamment des accusations infondées de conflits d’intérêts, les ex-communistes du PSB ont introduit un nouveau procédé pour renforcer leur campagne anti-Jeleva: le bruit. En l’occurrence le bruit à l’échelle européenne. Eh oui, la Bulgarie est un pays, où les bruits se créent et se propagent facilement y compris par la presse nationale et voici que cette pratique vient d’être exportée au sein des institutions européennes. L’idée sousjacente est de provoquer des doutes qui seraient à l’origine de l’éviction de la candidature de Jeleva, à l’image de Rocco Butiglione dont la candidature controversée en 2004, risquait de faire basculer toute la Commission, votée en bloc au Parlement européen.

Avant cela les socialistes bulgares avaient diminué la portée du portfolio proposé à Mme Jeleva, à savoir: Coopération internationale, aide humanitaire et gestion des crises en allant même à affirmer que Barroso avait puni Jeleva en lui confiant ces domaines d’activités au sein du collège. Cependant, tout le monde le sait, c’est la personne qui donnera une dimension au portfolio à la Commission et non pas l’inverse.

Globalement, les arguments et les critiques des socialistes bulgares sont pauvres et fondés principalement sur des attaques personnelles et..des bruits. Effectivement, aucun conflit d’intérêt n’a été publiquement décelé ni par la justice, ni par les journaux du pays.

Le PSB devrait d’abord avaler la dure pilule d’avoir perdu les élections en Bulgarie en juillet dernier, et comprendre qu’en ce moment la Bulgarie a surtout besoin de consensus national. Car le consensus national crée au final un consensus au niveau européen. Celui dont on a tant besoin..