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L'oublié du mois : M. Ward

Publié le 02 novembre 2007 par Sami Battikh
Mon cher petit M. Ward,

si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te dire que je ne t'ai pas oublié.
Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te dire que ta chanson, Right In The Head, parue sur ton dernier album "Post-war" l'an dernier, me fait un effet de fou.
Un mélange de décharges sonores euphorisante, un spleen électrique et dansant, des accords étourdissants ... "I hope he's right in the head, I hope he's right in the head " ...

M. Ward - Post War - Right In The Head


M. Ward, quand je t'écoute, je ferme les yeux et j'attérris subitement dans un saloon à Deadwood. Les gens me regardent drôle et je me demande bien ce que je fais là. Au fond, tout au fond, avec ta casquette et ta vieille guitare, tu chantes une chanson sur ton ton pote O'Brien. Lui qui revient si souvent dans tes albums. On apprend qu'il arrive à tirer des notes époustouflantes de sa vieille guitare, ce genre de notes qui te font attérir 20 ans en arrière, qui te rapellent ta vieille voiture et ton première copine.

Tout le monde danse la dedans, ça swingue et ça boit du whisky. On t'entends pas trop, mais ça n'a pas l'air
de trop te déranger, tellement concentré et hypnotisé sur ton instrument en bois.

M. Ward - Post War - Requiem


Et puis tu prends ta guitare sèche, te pose tranquillement et entame une petite comptine aux allures blues, et avec un petit sifflement que même Andrew Bird il aurait pas trouvé mieux, tu nous racontes une autre histoire. On comprends pas grand chose mais on est content. On a les yeux qui partent en vrille. Chacun dans ses songes. Les cordes grincent un peu, le bois du manche craque, le rythme est nonchalant. Au piano, un type qu'on n'avait même pas vu bredouille trois ou quatres notes.

M. Ward - Transistor Radio - Lullaby + Exile


Et ça s'arrète. Alors, on ouvre les yeux, on cherche la touche "repeat", et on referme les yeux.

Alors, on me parle de Beirut, d'Elvis Perkins, de Patrick Watson, d'Iron & Wine... M Ward, dans tout ça, n'est qu'un songwriter comme tant d'autres. Mais on oublie que t'es là, avec ton pote Bright Eyes, depuis bien longtemps, à siffloter tes chansons, à travailler ton jeu de guitare, sans rien demander à personne.

Alors que Beirut sort son premier album, dans ton coin, tu nous sort Post-War, ton cinquième, limite incognito.

Même un 8.2 sur pitchfork n'attire pas l'attention plus que ça.

Pourtant on connait M. Ward, on sait le talent de ce jeune américain, on sait la valeur de ses morceaux, la puissance et la maîtrise de son songwriting, mais on préfère s'attarder sur telle ou telle nouvelle trouvaille venue d'outre manche ou d'outre atlantique. On t'oublie presque.

Pourtant, on parle de toi souvent : quand les nouveaux nés de la scène néo-folk nous citent leurs influences, alors que tu es à peine plus agé qu'eux. Et quand on tente de discerner les artistes qui ont la classe, de ceux qui ne l'ont pas, tu fais bizarrement partie du premier groupe.

Alors pourquoi diable tes albums restent-ils dans la pile des très bons albums qu'on se vante d'avoir acheté auprès de ses amis, et dont on ne se mord même pas les doigts de ne pas les avoir assez bien écoutés ?

Mon cher petit M. Ward, si je t'écris aujourd'hui, c'est aussi pour te dire que je n'ai toujours pas compris pourquoi cette chanson faite d'un unique accord (mi bémol mineur si vous voulez tout savoir) sonne si bien et me donne envie de sauter partout et de crier au génie.

M. Ward - Transfiguration Of Vincent - Sad, Sad Song


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