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“Les exilés Afghans feraient mieux d’aller faire la guerre chez eux”.

Publié le 17 décembre 2009 par Hmoreigne

 La paternité de l’affirmation revient à Frédéric Lefébvre, porte-parole de l’UMP. Un dérapage très contrôlé qui s’inscrit dans la stratégie du gros rouge qui tache décrétée par Nicolas Sarkozy. Ce choix délibéré de se rouler dans la fange devient plus problématique lorsqu’il est relayé par le représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan, Thierry Mariani.

Le député du Vaucluse n’y va pas par quatre chemins, il confiait hier à l’AFP que, son estime “va davantage aux jeunes afghans qui ont fait le choix de rester dans leur pays pour le reconstruire et lutter contre les talibans aux côtés des soldats français qu’à ceux qui le fuient“.

Une reformulation pure et simple de la pensée de l’UMP exprimée par Frédéric Lefebvre dans un communiqué mardi qui venait en soutien à la politique d’expulsion d’Eric Besson : “Alors que de nombreux pays du monde, dont la France, sont engagés en Afghanistan, qui pourrait comprendre que des afghans dans la force de l’âge n’assument pas leur devoir, et échappent à la formation que, notamment les forces françaises, leur proposent pour défendre leur propre liberté dans leur pays?

Dans le populisme ambiant savamment entretenu par le gouvernement , l’amalgame est évident : réfugié = déserteur. La reprise de ces arguments par le parti de la majorité présidentielle atteste de l’effondrement des valeurs dans la patrie des droits de l’Homme. Elle confirme un flirt assumé et prolongé avec les théories de la droite extrême. Elle relaie et exploite des propos jusque là confinés à internet.

Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialisé dans les affaires militaires à Libération avait donné l’alerte sur son blog en révélant les propos du général Claude Le Borgne, de l’Association de Soutien à l’Armée Française: “Alors que nos soldats risquent leur peau en Afghanistan, non pas, comme on le répète bêtement, pour notre propre défense, mais pour aider les Afghans à mettre leurs trublions à la raison et à construire un État qui se tienne, nous devrions ouvrir nos portes à ceux d’entre eux qui refusent les risques d’une guerre autochtone.” “Nous voilà complices de désertion“.

Pierre Henry , président de l’association France Terre d’asile, a beau renvoyer dans Libération les donneurs de leçon à l’histoire: “Il faudrait rappeler à Monsieur Lefebvre que même dans notre beau pays, en 1940, toute la population française ne s’est pas transformée en résistants“, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.

Un élu de la République ne peut jouer avec les malheurs de tout un peuple pour justifier les misérables actions de son gouvernement. Les expulsions d’Afghans sont pour les socialistes, et pour beaucoup de Français, une honte“, a réagi le PS mercredi. Le secrétaire national des Droits de l’homme, Pourri Amirshahi, souligne que Thierry Mariani devrait avoir de “l’estime” pour les exilés afghans. “La lâcheté et le cynisme sont désormais la marque de fabrique d’un pouvoir qui n’hésite plus à faire des thèses les plus dures d’une partie de l’extrême droite son bréviaire gouvernemental. Expulsions des Afghans, clichés sur les jeunes musulmans, débat sur la burqa, confusion volontaire entre identité nationale et questions d’immigration sont autant de signes d’une inquiétante dérive“.

Interrogé sur le trouble suscité par ces expulsions y compris dans le gouvernement et l’UMP, Nicolas Sarkozy a répondu: “il y a tous ceux qui ont des émotions, et que je respecte, et puis il y a moi qui ait un travail à faire“. “Un travail à faire”, une réponse qui fait froid dans le dos.

Les faits donnent hélas raison à tout ceux qui, à l’image de Yazib Sabeg le commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, avouaient avoir peur que le débat sur l’identité nationale échappe “à tout contrôle”. Ne nous y trompons pas. Après les jeunes afghans viendra le tour des immigrés clandestins de se faire accuser de déserter leur pays dans le besoin pour venir se nicher dans le confort douillet des pays riches. On n’a pas encore touché le fond.

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