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La galante, le galant et la galanterie

Par Richard Le Menn

cavalierenescharpe300.jpg « […] je ne goûte point trop que d'une idée galante, on me rappelle à une autre qui est basse, et sans agrément. » écrit Bernard Le Bouyer de Fontenelle (1657-1757).

Photographie : " Cavalier en écharpe. Il est galant déterminé. Jetant ses cheveux en arrière. Et prêt à fournir la Carrière dans un bal après le dîner. Chez I Bonnart, au Coq. Avec privilège du Roi. " Gravure du XVIIe siècle déjà exposée dans ce blog.

La définition qu'en donne la première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie française est la suivante : «  GALANT, [gal]ante. adj. Honnête, civil, sociable, de bonne compagnie, de conversation agréable. Galant homme. galante femme. Il signifie aussi, Un homme habile en sa profession, & qui entend bien les choses dont il se mêle, qui a du jugement, de la conduite, de l'agrément. Vous lui pouvez donner votre affaire à conduire, il s'en acquittera bien, car c'est un galant homme. c'est un homme de mérite, un galant homme. Il se dit aussi par flatterie ou par familiarité, pour Louer une personne de quelque chose que ce soit. Vous êtes un galant homme d'être venu exprès pour nous voir. vous seriez un galant homme si vous me faisiez ce plaisir là. Il signifie aussi, Un homme qui cherche à plaire aux Dames, & dans ce sens on met Galant après de substantif. C'est un homme fort galant. On dit, d'Une femme coquette, qu'Elle est galante. Il se dit aussi, Des choses. Il a l'air galant, la façon galante, l'esprit galant, les manières galantes, pour dire, Agréables, polies, &c. Un habit galant. une lettre galante. un style galant. un discours galant. tout ce qu'il fait est galant. Il est aussi substantif, & signifie Amant, amoureux. C'est mon galant. je suis son galant. elle a bien des galants. Mais il se dit plus ordinairement de celui qui fait l'amour à une femme mariée, ou à une fille qu'il n'a pas dessein d'épouser. Le mari & le galant ne s'accordent pas. il en fait le galant, pour dire, Il en fait l'amoureux. Il signifie aussi, Un ruban qu'on met sur les habits, sur le chapeau ou en quelque autre endroit par ornement. Il a toujours plein de galants sur lui. elle m'a donné un galant. […] On dit, d'Un jeune homme, vif, alerte, & vigoureux, que C'est un vert galant. Galamment. adv. D'une façon galante, de bonne grâce. Il fait cela galamment. il a dit cela galamment. il écrit, il s'habille galamment. Il sign. aussi, Habilement, adroitement, finement. Il s'est tiré galamment d'intrigue. il a mené galamment cette affaire-là. Galanterie. sub. f. Qualité de celui qui est galant, gentillesse. Cet homme-là a de la galanterie dans l'esprit. il a de la galanterie dans tout ce qu'il fait. Il se prend plus particulièrement pour les devoirs, les respects, les services que l'on rend aux Dames. Il fait profession de galanterie. il s'adonne à la galanterie. il faut avoir de la galanterie pour les Dames. Il signifie aussi, Commerce amoureux. Cette femme a une galanterie avec un tel. Il se prend aussi Pour les choses que l'on fait pour les Dames, ou qu'on leur donne par galanterie. Cet homme-la fait tous les jours cent galanteries. il lui a envoyé une galanterie aux étrennes. On dit par exténuation, Ce n'est qu'une galanterie, pour dire, que C'est une chose de peu d'importance. Galantiser. v. a. Faire le galant auprès des Dames. Il ne fait que galantiser toutes les Dames. Ce mot commence à vieillir. »

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Dans son Dictionnaire critique de la langue française de 1787-1788 Jean-François Féraud écrit : « Un Petit-maître, avec ses grimaces, est aussi loin du caractère d'un galant homme, qu'un faux dévot, avec son air sanctifié, est éloigné du caractère d'un homme véritablement religieux … "

Il semble qu’au XVIIe siècle (à cette époque on écrit surtout ‘galand’) la galanterie soit surtout l’apanage des hommes et la coquetterie celle des femmes. La galanterie occupe une place très importante en France. Pierre Ortigue de Vaumorière offre une Histoire de la galanterie des anciens datant de 1671. En 1644 est publié un petit opuscule intitulé Les Lois de la galanterie. Le début est entièrement retranscrit dans l'article du 24 août 2009 intitulé Le Parisien. En voici un autre passage : « Il faut que chacun sache que le parfait Courtisan, qu'un Italien a voulu décrire, et l'Honnête Homme, que l'on nous a dépeint en français, ne sont autre chose qu'un vrai Galant, tellement que toutes les bonnes qualités que l'on a souhaitées à d'autres séparément doivent être toutes réunies en lui ; mais outre cela il doit avoir la somptuosité, la magnificence et la libéralité en un degré souverain, et pour y fournir il doit avoir un grand revenu. »

Photographie : Mercure galant, Juillet 1686, Lyon, Thomas Amaulry. Il s'agit d'un périodique dont la première parution date de 1672. Il est une des principales publications des 'modernes' (Charles Perrault, Fontenelle ...) de cette époque.

Dans la Suite d'estampes pour servir à l'histoire des moeurs et du costume des français dans le dix-huitième siècle (1775) on apprend qu’« Un Homme galant & un galant Homme sont deux personnages bien différents ». Le premier se sent obligé de mentir, de parjurer, de séduire en amour ; il y met un point d’honneur ; alors que le second ne passe pas sa vie à mentir.

Certaines précieuses appellent Paris : « le centre de la galanterie ».

La galanterie, c'est aussi un attachement profond à une terre et des valeurs courtoises très anciennes qui sont universelles.


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