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“Listen, honey” : Madame Irma au téléphone

Publié le 22 décembre 2009 par Magda

“Listen, honey” : Madame Irma au téléphone

Si l’oracle marche pour Égée, ça doit marcher pour moi aussi, non?

Dans l’épisode précédent, “Rendez-vous téléphonique avec les astres”, votre pauvre Magda, tiraillée entre deux choix cruciaux pour sa carrière, avait décidé de s’en remettre à Dieu, comme le lui conseilla Mohammed, et aussi à une astrologue célèbre, comme le lui conseilla sa môman. Ce qui n’est pas si contradictoire, tout ce monde (Dieu, les étoiles) étant bien tranquilles là-haut à nous regarder nous dépêtrer de problèmes souvent minuscules.

Dans cet épisode, vous allez voir comment Magda est devenue une femme d’affaire grâce à Dieu et aux étoiles, donc.

A 15h55, mon portable sonne : c’est l’heure d’appeler D., l’astrologue célèbre qui a promis de me dépanner gentiment pour l’amour de ma mère, sa bonne copine. Mon cœur bat à cent à l’heure, comme si elle allait me dire que j’allais passer l’arme à gauche dans un an.

Je me jette sur le téléphone et compose le numéro texan de la lady D.

“Hello, honey”, entends-je à l’autre bout du fil. “Je me réveille sur ma terrasse et je suis devant un soleil radieux ce matin”, me dit lady D. Puis elle entre en matière sans plus de préliminaires. “Je vais te lire ton thème astral”.

Vous savez comment ça marche, un thème astral? Prenez vos lieu, date et heure de naissance, et faites-le faire par quelqu’un de compétent, si le cœur vous en dit. Quelles que soient vos croyances, cela risque de vous surprendre : rien à voir avec l’horoscope de Biba ou autres cochonneries.

Lady D. est d’une précision intense et presque désagréable (à croire qu’elle se planque sous ma couette, pour épier mes pensées les plus profondes). La voilà qui recommande : “Honey – tu es une poisson. Poisson dans presque tous les aspects de ton existence. Ton imagination est sans bornes. Maintenant, apprends ce que tous les poissons doivent apprendre à tout prix pour ne pas flotter éternellement dans la vie : ne te victimise pas!” J’ai ressenti un petit malaise. On me voit souvent comme une wonderwoman capable d’assumer des projets délirants, mais cette petite voix qui me souffle souvent que tout le monde veut me prendre ma liberté, ce ne serait pas un peu… de l’ego-trip?

La discussion dure bien une heure, Lady D. ne cesse de m’étonner. Sa douce voix résonne comme le miroir de mon inconscient. On n’a sans doute pas tort de dire que les astrologues ne sont peut-être que de fins psychologues. Mais n’oublions pas que je n’ai toujours pas dit à Lady D. en quoi consistait mon dilemme, ni qu’elle ne m’a jamais rencontrée. Au téléphone, je lui parle peu, je l’écoute. Lady D. et ses planètes m’ébahissent.

“Retour de Saturne dans ton thème”, appuie-t-elle maintenant. “Tu vas être déprimée, si tu ne l’es pas déjà. C’est un nouveau cycle de maturation qui commence.” Ah, c’est ça, ce vieux truc qui traîne depuis quelques temps et me fait pleurer devant les adaptations de Jane Austen pour la BBC ? Merci Saturne… “Mais attention, il faut que tu bosses comme une dingue. Jupiter est de retour aussi dans ta 12e maison, tu vas avoir énormément de chance dans ta carrière, en mai et à l’automne 2010, deux contrats décisifs. Et en juin, la déprime s’en ira avec Saturne”.

Pour résumer : l’an prochain, au printemps, je vais rencontrer un type super brillant, un certain Jupiter, qui va me gâter comme un oncle d’Amérique ; mais moi, je vais lui faire la gueule, parce que je suis obligée d’accueillir un lointain cousin dépressif, Saturne, pendant 6 mois dans mon appart. Heureusement, j’irai boire des coups avec Vénus et Mars, toujours là pour me dire que je suis la meilleure et que tout ce que je fais est génial, de vrais potes. Et enfin, Mercure, mon nouveau manager, se trouvant chez moi en Verseau (ce qui veut dire que je suis une intello, apparemment), je vais pouvoir le solliciter pour défendre mes contrats avec les requins véreux du monde de l’art dramatique.

Après avoir remercié la charmante Lady D. moult fois, et l’avoir rendue à son soleil texan, je raccroche et décide de me reposer sur ce dernier – Mercure. Et d’écrire à mon producteur pour lui dire : le choix est trop risqué pour moi. Maintenant, mon vieux, si tu me veux, il va falloir aligner un peu plus que prévu*.

Il ne s’y attendait pas, l’animal. Et il me boude, ne sachant que répondre. “Mais alors, tu ne travailles plus que pour l’argent, Magda?” me disent mes collègues effarées. “Non. Je travaille pour ce que je vaux. Et vous n’avez qu’à en faire autant”. Elles n’ont pas hésité longtemps avant de décider qu’après tout… elles valaient bien autant que moi!

L’astrologue américaine et son woman-power auraient-ils déteints sur moi? Peut-être bien. Mais je vais quand même acheter son bouquin…

:-)

* Ok, je me suis peut-être exprimée un peu plus délicatement, mais ça fait bien sur le blog.


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