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Rendez-moi ma Télé…Episode 6

Publié le 27 décembre 2009 par Notil

Rendez-moi ma Télé…Episode 6Un épisode supplémentaire en réponse au livre de Patrick Sébastien, bateleur et amuseur public. « Putain d’audience », son livre, m’a inspiré une réponse que je livre ici…

…Tu continueras à maugréer contre ton chef de service qui n’a pas compris que ce que tu veux lui dire est de l’intérêt de la boîte et tu continueras d’honorer Maman si elle ne te fait pas le coup de la migraine. Tout çà, tu le feras, oui, mais après le nouveau programme de télé-réalité « parce que tu comprends, l’autre, là, à force de croire qu’il joue avec une nana bien, il est en train de se faire avoir grave parce que tu sais, elle a des vues sur le petit blond qui est plus riche même s’il est plus con ». Et tu voteras en tapant 1 ou 2 sur le clavier de ton portable. A la limite en envoyant un SMS dont le coût exorbitant ne te freinera même pas. En gros, tu paieras ce que tu regardes. Mais tu seras content.

C’est beau le progrès. Surtout lorsqu’il ne sert que ceux qui en connaissent et maîtrisent les dérives…

C’est marrant, mais au moment où j’écris ces lignes, je me dis que si je devais faire la promo de ce livre, c’est à la télé qu’il me faudrait aller. Cette contradiction, il y a forcément quelqu’un qui la soulignera. Oui je mets le verbe au futur parce qu’il ne fait aucun doute que le livre sera publié et que vous serez des milliers, que dis-je, des millions à le lire. Et alors! Je peux bien rêver comme je veux puisque la télé ne m’en donne plus l’occasion!

J’ai écouté comme toi, sans doute, les propos des uns et des autres et je me suis dit que les questions posées par les journalistes n’étaient pas celles que j’aurais posées si j’avais eu l’heur de faire partie d’un pseudo panel. Ce panel de Français que l’on appelle « moyens ». Tu n’as jamais été choqué, toi, que l’on puisse parler de « Français moyens »? Moi si! Tout seul, tu veux que je fasse quoi? Don Quichotte et ses moulins ne m’ont jamais vraiment emballé même si l’histoire est sympa. Alors, je me suis dit que les journalistes tenaient à garder leur emploi, qu’ils étaient plutôt intéressés à se faire bien voir avec une bonne interview plutôt que parler des vrais problèmes de la France aux candidats. je te l’accorde, de temps en temps ils posent de bonnes questions mais si la réponse ne leur convient pas, ou n’est pas complète, tant pis, on préfère passer à autre chose. On ne fâche pas les Grands de ce Monde. C’est ce qui manque en France, des gens qui fâchent. Eric Cantonna a raison lorsqu’il répond à la question qu’on lui pose sur l’identité nationale « Il n’y a plus de France parce qu’il n’y a plus d’esprit révolutionnaire » ou quelque chose d’approchant. Pour ma part, dans ce type de débat, je me fiche royalement de savoir qu’untel ne peut embaucher parce que les charges sont trop lourdes dans ce pays, je me fiche éperdument d’apprendre que madame qui a divorcé ne peut subvenir à ses besoins parce que monsieur ne paye pas sa pension alimentaire. Elle n’a qu’à aller chez Courbet, enfin chez son remplaçant aujourd’hui. Souviens-toi, c’est le genre de problèmes soulevés lors de la dernière Présidentielle.

Ce que les gens veulent, et je crois ce que je vais te dire là, ce qu’ils veulent c’est être bien. BIEN, c’est tout. La télé est là pour y participer et non pour nous rappeler à longueur de temps et d’émissions que la France d’aujourd’hui, c’est la chienlit et que tel ou tel candidat doit porter des talonnettes pour serrer la main du nouveau messie américain. Que telle autre pourrait être la fille cachée de Miterrand parce qu’elle mène la même Politique que lui. Qu’untel encore est plus doué que les autres parce que justement il n’est pas les autres ou pour finir que Chasse Pêche et Nature redonnera à la France ses lettres de noblesse. Il y a les Infos pour çà et c’est leur boulot aux journalistes de l’information. Encore que je devrais aussi leur dire de se mêler de ce qui va. Soyons sérieux, j’en ai assez d’être pris pour un imbécile. Et la télé me prend pour un imbécile. Même les émissions, souvent symphatiques à la Pernaut me prenne pour un imbécile. Je cite celui-là parce que c’est le premier qui me vient là, mais…

La télé me prend pour un imbécile même lorsqu’il s’agit de voter et désigner celui qui devra -parce qu’en la matière c’est un devoir- une fois Président redorer la France à l’Etranger. Je pense depuis des années que la crédibilité de la France tient en fait à son classement au concours Eurovision de la chanson. On n’est plus sur le podium depuis des lustres. Et je me dis que tous les petits nouveaux qui participent à ce concours règlent leur compte avec les vieux, tu vois, l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre et nous bien évidemment. Un peu comme si c’était leur façon de nous dire « Vous avez faits les beaux pendant des décennies, maintenant c’est notre tour, et toc! » Mais bon…

D’un autre côté, je ne peux m’empêcher de penser que c’est une façon de leur permettre, lorsqu’ils gagnent ce concours, l’organisation d’un évènement international l’année suivante pour qu’on se souvienne d’eux une fois l’An. Nous, on a Rolland Garros, qui est content qu’on ne l’ait pas oublié; on a le Tour de france avec les rois de la pédale et son dopage qui n’existe pas, on a notre élection de Miss Foirinette d’une intelligence à faire pâlir Marguerite Yourcenar; on a le festival de Cannes où les dorures et les décolletés font rêver Madame et bander Monsieur. Merci la Télé. Pour la Paix dans le ménage, là aussi ils font fort. Allez j’y viens.

La paix dans le ménage…

La paix dans le ménage, la Télé elle connaît! Tiens! Rien qu’avec Mireille Dumas. Je l’adore. Rien de tel qu’une de ses émissions pour te dire que chez toi c’est mieux que chez l’autre parce que ta bergère ne te fait pas chier si tu ne veux pas aller au cocktail de chez Ungaro. Sincèrement, savoir que tel ou tel artiste à mis des années à retrouver son vrai papa me permettra sans doute de retrouver le mien?!

« Ce n’est pas le but de l’émission? »

- Ah bon, je croyais. Alors c’est quoi le but? Nous montrer que les zigues de la télé ou du ciné sont comme tout le monde. Foutage de gueule!! Et si c’est le cas, tu voudrais sans doute que je compatisse? Tu sais quoi, je m’en cogne royal! -

Chacun a déjà assez de mal avec ses problèmes pour s’occuper et s’interesser en plus à ceux qui pétés de pognon viennet se la jouer sur un plateau sans omettre de me refiler leur dernier CD ou leur dernier long métrage en me disant:

  »Tu comprends, j’ai tout donné dans ce rôle, c’est sans conteste, celui de ma vie »

- Dis-moi, le comique, tu l’as pas déjà sifflé ce refrain lors de la sortie de l’autre film, l’année dernière?

Et je peux aller me coucher tranquille.

« Mon père se prostituait et ma Mère buvait » Si vous vous reconnaissez, appelez-nous! : Cà marche. Affligeant. Que l’on puisse répondre à ce genre d’appel m’a toujours gêné. On pourra me dire que ce type d’émission est une sorte de thérapie, je reste sur mes positions. Même en présence des toubibs de plateaux télé. Ce qui me gêne n’est pas tant que l’on puisse répondre mais que l’on paie pour répondre. Ne serait-ce que le prix de la communication. Andy Warhol a de beaux jours devant lui. La télévision exerce un tel pouvoir que les gens sont prêts à tout pour jouer eux aussi devant une caméra et avoir leur quart d’heure de gloire. Moi j’ai donné. Tu n’as qu’à relire plus haut. Une fois selectionnés les « comme toi et moi » écoutent docilement ce que leur sussurre l’animateur un peu comme s’il leur faisait l’amour. Qaunt aux visages grimés ou floutés, en ombre chinoise, je m’en fiche complètement parce que ces gens-là, je ne les connais pas. Je souris en me disant que je me fiche totalement de leur histoire parce que la mienne est autrement plus intéressante et que c’est mon histoire qu’il faudrait voir à la télé. Voilà le pouvoir de la télé. Pouvoir se dire que pour les autres, c’est vraiment pas de chance d’avoir des enfants qui ne gueulent pas lorsqu’il faut aller dormir. Oui la Télé endort.

Elle endort parce que quel que soit le bout de la lorgnette -merci Jacques Martin- par lequel tu la regardes, tu auras toujours quelque chose à redire, que çà t’occupera et que pendant ce temps, les vrais problèmes, les tiens, tu ne les résoudras pas de sitôt. Cà te fera de la conversation le lendemain au travail. Cà c’est la vraie vie!

Et tu pourras continuer de voter en tapant 1 ou 2 et dépenser ton argent.

Le dernier exemple, celui du rideau.

« Oui, tu en parles mais l’émission n’existe plus »

-Tu as raison, mais il y en a d’autres du tout comme pareil-

Alors, voilà. A deux sur un plateau pour faire pleurer la ménagère de moins de 50 ans. Le principe est simple comme Baptiste -encore que j’en connais un qui n’est pas simple, lui!- Le principe, te dis-je, est simple: Il s’agit de mettre face à face des gens qui ne se parlent plus, qui ne se voient plus ou encore mieux des gens qui ne voulaient surtout pas se revoir. Pour des raisons qu’eux seuls savent. Eux et la Prod bien sûr. Et çà donne, enfin çà donnait des moments de bonheur d’une intensité rare. La larme à l’oeil pour certains, le sourire amusé pour d’autres, personne ne restait indifférent. Le tout arrosé d’un humour à faire tomber le meilleur des chansonniers. N’est-ce pas Monseur Amadou? Lui, là, je le cite parce que c’est le meilleur. Pardon messieurs Douglas, Mailhot ou Mabille. Tiens à propos de Pierre Douglas, je vous ai bien aimé lorsque vous présentiez sur France 3 un jeu avec une roue et des signes du zodiaque pour gagner une voiture ou je ne sais plus quoi en finale. Pardon à toi qui me lis, j’avais dit que je ne reparlerai plus des jeux-télé et le démon m’a repris. Si, je l’ai dit. Relis les premiers épisodes.

Bon pour revenir à l’émission qui m’occupe, elle existait déjà sous une autre forme. C’est Jacques Pradel qui la présentait. Certes -j’aime bien cet adverbe-, elle était un peu différente mais elle jouait aussi sur ce que l’on dit être la corde sensible du télespectateur. Pendant ce temps, ce dernier pouvait se dire en regardant sa tendre moitié:

« La vache, qu’est-ce qu’on est bien tous les deux » Quand je dis la vache, je ne parle pas de Madame, c’est une expression comme une autre. Et si madame n’est pas d’accord, c’est l’engueulade et l’hôtel du cul tourné. Voilà.

La suite dès la semaine prochaine, c’est promis…


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